DSK un peu plus libre
Si l’ancien directeur du FMI est sorti libre de ses mouvements du tribunal et que sa caution lui a été restituée, la justice américaine lui a interdit de traverser les frontières et retient son passeport.
Publié le 02-07-2011 à 09h19
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Correspondante aux Etats-Unis Si l’ancien directeur du FMI est sorti libre de ses mouvements du tribunal et que sa caution lui a été restituée, la justice américaine lui a interdit de traverser les frontières et retient son passeport.
"L’affaire n’est pas terminée", a déclaré, magnanime, le juge Michael Obus, lors d’une audience organisée dans l’urgence vendredi matin, en présence des avocats de la défense et de l’accusation, ainsi que de Dominique Strauss-Kahn et d’Anne Sinclair.
Certes, l’enquête continue et le Français est toujours inculpé, mais "l’affaire DSK" s’est sérieusement dégonflée, au point de filer entre les doigts du procureur du district de Manhattan, Cyrus Vance.
Le "New York Times" a été le premier à donner l’information jeudi soir : le bureau du procureur a constaté des failles dans le témoignage de la victime présumée, l’obligeant à revoir au plus vite son jugement et les conditions de détention de l’accusé.
L’équipe du procureur qui avait demandé l’inculpation de Dominique Strauss-Kahn et affirmait détenir des preuves accablantes contre lui est aujourd’hui dans une situation difficile. Après une enquête menée par ses services, la crédibilité de la plaignante, Nafissatou Diallo, une Guinéenne de 32 ans, est mise en doute. Celle-ci aurait menti à plusieurs reprises, sur son emploi du temps directement après l’agression présumée, ainsi que pour obtenir l’asile politique aux Etats-Unis.
D’autres accusations parues dans la presse mais non confirmées par le bureau du procureur lient Nafissatou Diallo à des activités de blanchiment d’argent de la drogue. Plusieurs individus auraient déposé, au cours des deux dernières années, de l’argent liquide, pour un total de 100000 dollars, sur son compte en banque. Elle aurait aussi consulté un ami en prison pour discuter de l’intérêt de poursuivre les accusations, une conversation enregistrée par la police.
L’avocat de Dominique Strauss-Kahn, Benjamin Brafman, s’est félicité de ce développement. "J’ai toujours pensé que ce cas n’était pas ce qu’il semble être. Nous sommes convaincus qu’aujourd’hui marque un premier pas de géant dans la bonne direction, mais la prochaine étape est la levée totale des chefs d’inculpation."
Il semble de plus en plus difficile pour le bureau du procureur de convaincre les vingt-deux membres du Grand Jury "au-delà du doute raisonnable" que l’accusatrice dit la vérité étant donné qu’elle a menti par ailleurs sur son témoignage. "C’est une information très dommageable pour la crédibilité de l’accusatrice, explique Matthew Galluzzo, avocat au barreau de New York. Le procureur pensait avoir un cas fort à l’origine car il avait toutes les raisons de penser que la victime disait la vérité. Mais son équipe a appris des choses qu’elle n’aurait pas pu savoir au moment où il a pris la décision d’accuser M. Strauss-Khan. Aujourd’hui, le procureur est obligé de revoir sa décision. C’est tout en son honneur d’admettre qu’il s’est trompé."
"L’engagement de notre bureau est un engagement pour la vérité et les faits, sans peur et sans favoritisme", a lancé Cyrus Vance à la sortie du tribunal. Restent les preuves médicales et d’ADN, qui ont confirmé un rapport sexuel entre Dominique Strauss-Kahn et la femme de chambre de l’hôtel Sofitel, rapport que l’accusé n’a d’ailleurs jamais démenti.
Pour l’avocat de la victime présumée, Kenneth Thompson, les petits arrangements de sa cliente avec la vérité ne remettent pas en cause l’agression sexuelle. "Ce n’est pas parce qu’elle a commis des erreurs dans sa vie qu’elle ne peut pas avoir été violée", a-t-il fait savoir de manière véhémente à la sortie du tribunal. L’avocat a parlé en termes crus et détaillés du rapport médical de la plaignante et du sperme retrouvé sur le sol et les murs de la chambre d’hôtel. Il continue de défendre sa cliente : "Toutes les déclarations faites par le bureau du procureur sur son implication dans des affaires de drogue, c’est un mensonge." Il va plus loin, accusant le procureur de ne pas être à la hauteur de cette affaire. "Mon inquiétude est que le procureur ait peur d’aller au procès."
La prochaine audience aura lieu comme prévu le 18 juillet. Libéré sur parole, Dominique Strauss-Kahn pourrait retourner vivre à son domicile de Washington.
"Récit erroné" de l'accusatrice de DSK sur les faits présumés La victime présumée de Dominique Strauss-Kahn a produit sous serment un "récit erroné" de l'agression sexuelle dont elle affirme avoir été l'objet, omettant de préciser qu'elle avait nettoyé une autre chambre avant de dénoncer les faits incriminés, a révélé vendredi le procureur. "La plaignante a reconnu depuis que son récit était erroné et qu'après l'incident dans la suite 2806, elle avait nettoyé une chambre voisine puis était retournée dans la suite (de DSK) avant de rapporter l'incident à son supérieur", a expliqué le bureau du procureur dans un communiqué. Le procureur se dirige vers un non-lieu Le procureur de Manhattan se dirige vers un non-lieu dans l'affaire Strauss-Kahn, a reconnu vendredi l'un des avocats de son accusatrice, tout en assurant disposer de "preuves matérielles" incriminant l'ancien directeur général du FMI pour tentative de viol. "Nous pensons que le procureur du district pose les fondements d'un non-lieu", a déclaré Me Kenneth Thompson devant la presse après l'audience qui a abouti à la libération sur parole de l'ancien ministre français. Il a cependant maintenu les accusations de sa cliente, qualifiant de "mensonges" les informations selon lesquelles elle serait mêlée à des trafiquants de drogue, un des motifs ayant conduit l'accusation à douter de son témoignage. "Elle n'a pas changé un seul mot" à sa version des faits, a ajouté l'avocat, contredisant les propos du procureur de Manhattan qui a indiqué que la femme de chambre guinéenne avait fait "un récit erroné" des faits qui se seraient produits dans la chambre du patron du FMI le 14 mai à l'hôtel Sofitel de Manhattan. Me Thompson a rapporté que sa cliente lui avait dit: "Je vais me montrer devant les caméras pour dire au monde entier ce qu'a fait Dominique Strauss-Kahn". Il a toutefois reconnu que la femme de chambre avait "commis des erreurs".