L’Afrique peut (re)partir en mission
Mission accomplie pour le chef de l’Eglise catholique ! Au cours de son bref séjour de trois jours au Bénin, Benoît XVI a notamment invité l’ensemble des Eglises du continent à se relancer en les invitant à appliquer les conclusions du synode spécial sur l’Afrique qui s’était tenu à Rome en octobre 2009.
Publié le 21-11-2011 à 04h15 - Mis à jour le 21-11-2011 à 07h57
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Eclairage Mission accomplie pour le chef de l’Eglise catholique ! Au cours de son bref séjour de trois jours au Bénin, Benoît XVI a non seulement pu constater que l’on avait mis de l’ordre dans la succursale locale du Saint-Siège, mais il a également invité l’ensemble des Eglises du continent à se relancer en les invitant à appliquer les conclusions du synode spécial sur l’Afrique qui s’était tenu à Rome en octobre 2009.
Un peu trop séduite par "l’attrait de l’argent" et par certaines "réalités éphémères", l’Eglise du Bénin a, en effet, été remise au pas par le Saint-Siège et la venue de Benoît XVI était en quelque sorte une visite de contrôle. Comme les hommes d’Eglise y ont succombé à bien des tentations, le Pape a profité de sa rencontre avec les séminaristes et des prêtres au séminaire St-Gall de Ouidah pour souligner les bienfaits de la pauvreté et de la chasteté pour les hommes d’Eglise. "La pauvreté et la chasteté vous rendent vraiment libres. [ ] En vous laissant modeler par le Christ, vous ne substituerez jamais à la beauté de votre être sacerdotal des réalités éphémères parfois malsaines que la mentalité contemporaine essaie d’imposer à toutes les cultures." Il faut dire que le clergé local s’était fait remarquer par divers scandales : deux évêques, dont l’archevêque de Cotonou, ont dû déposer leur mitre suite à des affaires de mœurs et de détournement d’argent. Sans parler d’une série de cas de prêtres vivant en bonne et due forme maritalement et, plus grave encore, de scandales impliquant des filles mineures. Mgr Pascal N’koué, l’évêque de Natitingou, n’a pas caché devant le Pape que la situation n’est pas encore tout à fait clarifiée, car si "les ordinations sacerdotales augment de manière impressionnante, c’est une sécurité d’emploi pour certains de ces prêtres".
Benoît XVI ne s’est cependant pas laissé abattre par ce constat, réservant son enthousiasme aux conclusions du synode d’octobre 2009. Un document à usage interne mais pas exclusivement, puisque le Pape, qui l’a encore répété dimanche lors de la grand-messe de clôture au "Stade de l’Amitié" à Cotonou, a appelé les Africains à "œuvrer pour la réconciliation et pour l’espérance". Et aussi à s’engager pour aider "ceux qui sont mis de côté", à savoir plus particulièrement "toutes les personnes qui souffrent, les malades et tous les oubliés de la société".
Les observateurs attendaient aussi ce que Benoît XVI allait dire de la progression du sida, alors qu’il avait aussi rencontré des personnes touchées par la pandémie. On se rappellera que sa première visite en Afrique, il y a deux ans, avait soulevé une tempête médiatique, parce que dans l’avion le conduisant au Cameroun et en Angola, il avait estimé que l’usage du préservatif pouvait parfois aggraver le problème du sida. Ici, Benoît XVI a été moins péremptoire, mais il n’en a pas moins considéré qu’à ses yeux, le sida devait d’abord être guéri moralement ! On précisera qu’il n’est pas le seul à le penser : c’est après avoir consulté largement le corps épiscopal africain que l’exhortation apostolique précisait brièvement que "le problème du sida exige certes une réponse médicale et pharmaceutique", mais "celle-ci est insuffisante, car le problème est plus profond, étant avant tout éthique"
La réconciliation, la paix et la justice figurent en bonne place dans le texte de 135 pages remis dimanche à tous les présidents des Conférences épiscopales. Mais une des conclusions du synode vise aussi la vieille Europe et les pays sécularisés de l’hémisphère nord : les prêtres africains sont, en effet, appelés à devenir des "missionnaires de la Nouvelle Evangélisation" dans les pays déchristianisés d’Occident.
En quelque sorte, un prêté pour un rendu ou plutôt l’inverse, puisque depuis un siècle et demi, les missionnaires européens venaient annoncer la Bonne nouvelle en Afrique Mais il faut dire qu’il y a déjà beaucoup de prêtres africains en Europe et singulièrement dans certains diocèses belges.