Le consul, Juste et résistant
C’est sans doute un des vrais héros les moins connus de la Seconde Guerre mondiale, dont la reconnaissance fut d’autant plus tardive qu’il fut définitivement ostracisé par le dictateur Salazar auquel il avait estimé devoir désobéir dès 1939. Aristides de Sousa Mendes, qui avait été consul du Portugal à Anvers de 1929 à 1938, fut nommé à Bordeaux à la veille de la Seconde Guerre et joua un rôle extraordinaire face à la montée des périls, n’hésitant pas à désobéir à Salazar qui mena un double jeu scandaleux. Bien que favorable à Hitler et à Mussolini, ce dernier tint à ce que le Portugal reste neutre mais, en même temps, dès novembre 1939, il mit tout en œuvre pour que son pays reste "interdit aux gens indésirables", en l’occurrence ici les réfugiés apatrides, les Juifs chassés d’Europe centrale et du Reich et finalement toutes les personnes suspectées d’activités politiques contre le nazisme. Pour Aristides de Sousa Mendes, mû par ses convictions chrétiennes et par son éducation humaniste, il ne pouvait être question de refuser des visas. Face à l’afflux de réfugiés, le consul du Portugal ignora les ordres venus de Lisbonne, faisant même fi d’une circulaire qui soumettait l’octroi de visas à l’accord du ministère et de la police de vigilance et de défense de l’Etat. Jusque juin 1940, il permit ainsi à quelque 34 000 personnes de quitter la France depuis Bordeaux, Bayonne ou Hendaye vers des contrées plus libres. Une rencontre avec un rabbin polonais venu de Bruxelles, Haïm Kruger, marqua tellement Sousa Mendes qu’il décida aussi de sauver le plus possible de citoyens d’origine juive, ce qui fit de lui après la guerre un authentique Juste.
Publié le 25-01-2012 à 04h17
C’est sans doute un des vrais héros les moins connus de la Seconde Guerre mondiale, dont la reconnaissance fut d’autant plus tardive qu’il fut définitivement ostracisé par le dictateur Salazar auquel il avait estimé devoir désobéir dès 1939. Aristides de Sousa Mendes, qui avait été consul du Portugal à Anvers de 1929 à 1938, fut nommé à Bordeaux à la veille de la Seconde Guerre et joua un rôle extraordinaire face à la montée des périls, n’hésitant pas à désobéir à Salazar qui mena un double jeu scandaleux. Bien que favorable à Hitler et à Mussolini, ce dernier tint à ce que le Portugal reste neutre mais, en même temps, dès novembre 1939, il mit tout en œuvre pour que son pays reste "interdit aux gens indésirables", en l’occurrence ici les réfugiés apatrides, les Juifs chassés d’Europe centrale et du Reich et finalement toutes les personnes suspectées d’activités politiques contre le nazisme. Pour Aristides de Sousa Mendes, mû par ses convictions chrétiennes et par son éducation humaniste, il ne pouvait être question de refuser des visas. Face à l’afflux de réfugiés, le consul du Portugal ignora les ordres venus de Lisbonne, faisant même fi d’une circulaire qui soumettait l’octroi de visas à l’accord du ministère et de la police de vigilance et de défense de l’Etat. Jusque juin 1940, il permit ainsi à quelque 34 000 personnes de quitter la France depuis Bordeaux, Bayonne ou Hendaye vers des contrées plus libres. Une rencontre avec un rabbin polonais venu de Bruxelles, Haïm Kruger, marqua tellement Sousa Mendes qu’il décida aussi de sauver le plus possible de citoyens d’origine juive, ce qui fit de lui après la guerre un authentique Juste.
Dans son pays, le consul héroïque devint un paria, rayé de la carrière diplomatique et finalement abandonné socialement à tous égards. Ce n’est qu’à partir de 1988, soit quand même 14 ans après la révolution des Œillets, que le Portugal démocratique reconnut ce héros. Depuis lors, il avait fait l’objet de téléfilms mais pas encore d’un film. C’est chose faite notamment grâce à un cinéaste belgo-portugais, Joao Correa, qui avec son cousin Francisco Manso vient de réaliser "Le consul de Bordeaux", qui retrace la vie peu commune de Aristides de Sousa Mendes. L’ancrage belge n’a rien de surprenant : Isabel, fille du consul, avait épousé un diplomate belge mais surtout, parmi les milliers de personnes aidées figuraient nombre de nos compatriotes qui, à partir du sésame délivré par le consul, ont échappé aux griffes nazies, leur permettant aussi de repartir au combat contre l’occupant.
Ce jeudi 26 janvier à 20 h aura lieu l’avant-première belge du film au Cinéscope à Louvain-la-Neuve avec une distribution luso-hispanique de qualité mais aussi avec une musique originale, notamment symphonique d’Henri Seroka, compositeur belge d’origine polonaise. Ce film historique placera aussi toute la soirée sous le signe du devoir de mémoire : c’est le Cercle culturel d’Ottignies, section locale du PAC qui organise le gala auquel participeront deux petits-enfants du consul, des descendants de réfugiés et le président de la Chambre André Flahaut.
Le public est invité au gala (entrée : 6 €). Rens. : www.cinescope.be; 0473/56.07.34