Un sommet "sans tabou" mercredi à Bruxelles
Si les 27 s'accordent sur l'importance de renouer avec la croissance pour atténuer les effets de la crise de la dette et enrayer la hausse du chômage, les dirigeants ne s'entendent pas sur les moyens d'atteindre l'objectif.
Publié le 22-05-2012 à 18h15 - Mis à jour le 22-05-2012 à 18h22
:focal(116x94:126x84)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/NRXLWTTYJJD65BPTEYOBLYVT3U.jpg)
Si les 27 s'accordent sur l'importance de renouer avec la croissance pour atténuer les effets de la crise de la dette et enrayer la hausse du chômage, les dirigeants ne s'entendent pas sur les moyens d'atteindre l'objectif. Les divergences ne portent pas tant sur les engagements de retour à l'équilibre budgétaire, globalement acceptés, que sur les instruments d'une solidarité européenne accrue. François Hollande veut remettre sur la table la mutualisation des dettes à travers un mécanisme d'euro-obligations, mais l'Allemagne d'Angela Merkel s'oppose farouchement à une mesure qui renchérirait ses propres coûts de financement.
Un responsable du gouvernement allemand a répété mercredi à Berlin l'opposition à toute mise en commun des dettes. "C'est notre position ferme et cela le sera aussi en juin", quand les chefs d'Etat et de gouvernement formaliseront un certain nombre de décisions, a-t-il dit. A défaut, les 27 se rabattront mercredi sur un ersatz d'euro-obligations, des "project bonds" adossés au budget communautaire, qui doivent permettre de financer un certain nombre de projets trans-européens de transports, d'énergie et d'innovation. La Commission européenne a proposé de dégager 230 millions d'euros à cet effet pendant une période d'essai en 2012 et 2013. Un accord sur le sujet vient d'être conclu avec le Parlement européen.
Ils débattront aussi d'une recapitalisation de la Banque européenne d'investissement (BEI) à hauteur de 10 milliards d'euros. L'injection d'argent frais envisagée, qui permettrait de multiplier les prêts octroyés par la banque par effet de levier, aurait toutefois pour contrepartie de pousser à la hausse l'endettement des Etats, alors que certains d'entre eux peinent à se financer sur les marchés.
La Belgique, qui participe au capital de la BEI pour une quote-part de 4,48%, pourrait devoir verser près de 450 millions d'euros. Le dîner informel sera également l'occasion pour certains dirigeants de mettre sur la table quelques idées moins consensuelles pour relancer la croissance. Le Premier ministre italien, Mario Monti, voudrait par exemple que les dépenses d'investissement des Etats ne soient pas prises en compte dans le calcul des déficits interdits, au contraire des dépenses de fonctionnement.
La recapitalisation des banques pourrait également s'inviter dans les débats. L'idée que le fonds de secours de la zone euro, initialement créé pour venir en aide aux Etats, puisse servir pour recapitaliser des établissements en détresse, par exemple en Irlande ou en Espagne, est évoquée. Mais le sujet européen le plus chaud reste la Grèce et son éventuelle sortie de la zone euro, désormais ouvertement envisagée. "La tentation sera très grande de passer très vite au sujet de la crise grecque", note un diplomate, qui précise qu'Herman Van Rompuy voudrait l'évoquer "au pousse-café".
Les chefs d'Etat et de gouvernement pourraient décider d'adresser un message aux électeurs du pays, appelés aux urnes le 17 juin pour un scrutin dont certains voudraient faire un référendum sur l'euro, tandis que d'autres y voient plutôt un test pour l'ausérité. Mais sur ce sujet hautement politique, aucun diplomate ne se risquait mardi à prédire l'issue des discussions.