Le PS peut-il sauver le soldat Royal?
Visiblement secouée et consciente du danger, Ségolène Royal, qui vise la présidence de l'Assemblée nationale, a demandé à "tout le monde de se rassembler" derrière elle.
- Publié le 12-06-2012 à 09h22
Il y a quelques mois à peine ils s'imaginaient encore un destin présidentiel mais pour la socialiste Ségolène Royal et le centriste François Bayrou, même plus sûrs d'être élus députés à l'Assemblée nationale française, les législatives virent au cauchemar.
A la fois abattus et stupéfaits, les deux candidats qui ont pu croire un temps en leur chance de prendre la tête de l'Etat en 2012 après avoir fait sensation à la présidentielle de 2007 n'ont pas caché leur déception face au caméras dimanche au soir du premier tour des législatives.
Dans sa région du Poitou-Charente (ouest), l'ex-finaliste malheureuse de 2007, se retrouve dans un duel difficile au second tour face à un dissident de son parti Olivier Falorni, arrivé deuxième avec le score honorable de 28,91% contre 32,03%.
Visiblement secouée et consciente du danger, Ségolène Royal qui vise la présidence de l'Assemblée nationale, a demandé à "tout le monde de se rassembler" derrière elle.
Et au PS, la consigne était lundi de "sauver le soldat Royal": la patronne du parti Martine Aubry a demandé à Olivier Falorni de "retirer sa candidature". "Il y a une candidate à part qui a un statut particulier dans notre parti", a dit d'elle lundi la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine.
Mais dopé par son score, M. Falorni a prévenu que son maintien était "irrévocable", tandis que plusieurs élus de droite n'ont pas caché être prêts à le soutenir pour faire tomber Ségolène Royal. L'ex-ministre UMP (droite) Dominique Bussereau a ainsi implicitement appelé lundi à voter pour lui. Un échec scellerait une année particulièrement malheureuse pour Ségolène Royal.
Partie à l'assaut de la primaire socialiste à l'automne 2012 en pensant à nouveau arracher l'investiture du parti face aux ténors, elle s'est retrouvée à une quatrième place qui lui a publiquement fait verser des larmes.
Avant de voir stoïque au mois de mai, dans un épisode sans précédent de l'histoire politique française, son ancien compagnon et père de ses quatre enfants François Hollande prendre la place qu'elle briguait, après lui avoir donné un précieux coup de pouce.
Bayrou, le temps du naufrage
La désillusion a été grande aussi pour François Bayrou qui s'attend pour le second tour à un combat "particulièrement ardu".
L'ex-troisième homme de la présidentielle de 2007, qui a déjà dû digérer une très décevante cinquième place à celle de 2012, se retrouve dans sa région du Béarn (sud-ouest) où il est élu depuis un quart de siècle au centre d'une très difficile triangulaire.
Avec 23,63% des voix, il est devancé par la jeune socialiste inconnue Nathalie Chabanne (34,9%) et talonné par le candidat conservateur UMP Eric Saubatte (21,7%).
La pilule est particulièrement dure à avaler pour le centriste qui avait publiquement annoncé son soutien à François Hollande au second tour de la présidentielle et désavoué la campagne très à droite de Nicolas Sarkozy.
"Les raisons de ce résultat sont très claires", a-t-il expliqué dimanche soir, "une partie importante de mon électorat traditionnel n'a pas compris, pas accepté ma décision de voter François Hollande au deuxième tour de la présidentielle (...) et les électeurs socialistes ont eux considéré que ce choix ne changeait rien".
Plusieurs proches de François Hollande avaient souhaité avant l'élection le retrait de la candidate socialiste dans le Béarn. Mais la patronne du PS --qui s'entend par ailleurs notoirement mal avec le président-- a décidé de la maintenir en expliquant que dans la République "il n'y a pas de service rendu". Avoir présenté un socialiste face à lui "ça reste une faute", a jugé dans le quotidien Le Monde le député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit.
D'autant que l'UMP n'est pas prêt de pardonner à M. Bayrou ce qu'il considère comme une trahison. Le parti conservateur doit décider lundi de maintenir son candidat au 2e tour ce qui ne laisse quasiment aucune chance au centriste.