Au bord de l'implosion l'UMP?
Sur fond de valeurs, la liste des candidats à la tête du parti s'allonge, alors que ce mardi le mouvement entame son rôle d'opposition au sein de l'Assemblée. L'UMP pourra-t-elle rassembler ses ténors? Rien n'est moins sûr...
Publié le 25-06-2012 à 22h11
:focal(116x94:126x84)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/K4I6YTOIQFEJVPE7SRW2BXG7QY.jpg)
C'est peut-être un peu caricatural, mais c'est bien ce à quoi on assiste à l'UMP : deux droites s'affrontent au sein de l'ancien parti majoritaire, grand perdant de la présidentielle et des législatives. Du coup, alors qu'il doit inaugurer ce mardi son rôle dans l'opposition à l'Assemblée nationale, et entamer une série de réflexions sur ses valeurs, le parti se retrouve bousculé et chahuté par des voix bien différentes.
Rappelons d'abord qu'une élection interne se tiendra en novembre pour désigner le nouveau secrétaire général. S'ils n'ont pas encore officialisé leur candidature, Jean-François Copé (qui tient actuellement ce poste) et François Fillon sont les principaux favoris. Les deux hommes ne s'entendent guère, c'est peu dire, et représentent ces deux courants qui divisent l'UMP.
À droite, Copé tient la barre. Il assume sans problème la droitisation de son parti lors de la présidentielle et des législatives. Cette posture n'a pas payé électoralement, mais c'est selon lui le seul moyen d'enrayer la machine FN.
Plus au centre, François Fillon entend quant à lui recadrer l'UMP et lui insuffler une ligne plus gaulliste.
Derrière eux, les tirs entre les deux clans se multiplient. L'ancienne ministre Roselyne Bachelot avait déclenché l'artillerie lourde la semaine dernière en sortant « A feu et à sang », un livre à charge contre la campagne de Sarkozy. Nathalie Kosciusko-Morizet, pourtant porte-parole du président sortant lors de la campagne, s'en donne elle aussi à cœur joie. Ce week-end, elle a accusé Patrick Buisson, le conseiller de Nicolas Sarkozy, d'avoir voulu faire gagner "Charles Maurras", théoricien de l'extrême-droite et soutien du régime de Vichy, plutôt que le président sortant. Ce lundi les deux dames réclament un débat sans tabou sur la "droitisation", une clarification nécessaire à leurs yeux pour espérer revenir au pouvoir en 2017.
Inutile de dire que cela agace au plus haut point Jean-François Copé. « Quand je vois un certain nombre de personnalités qui ont été ministres de Nicolas Sarkozy, ont eu une très grande proximité avec lui, les entendre dire des choses à l'opposé de ce qu'elles ont fait, ce qu'elles ont dit, ça me stupéfie un petit peu », a-t-il dit sur Europe 1. Comme il l'a souligné dans une lettre aux militants, il ne souhaite pas recevoir de « leçons de morale ».
Dans son sillage, Valérie Pécresse, Benoist Apparu et Brice Hortefeux le soutiennent à fond. « Si la droite républicaine est forte, le Front national deviendra faible. Il faut donc que la droite républicaine soit forte de ses valeurs, forte de ses convictions, forte de sa présence, forte de son message », a d'ailleurs souligné ce dernier.
Bref ce n'est pas la fête dans le parti de droite. En vue des élections internes, de nombreux noms se présentent d'ailleurs maintenant au portillon. On cite François Baroin, Bruno Le Maire ou, toujours, NKM. Même Rachida Dati, l'ennemie personnelle de François Fillon, se dit prête a présenter une candidature « à plusieurs », entourée de quelques femmes du parti.
Il reste à voir si l'ancien premier ministre Alain Juppé pourra rassembler tout le monde et tenir le rôle de sage auquel il prétend secrètement. En attendant, entre une ligne gaulliste à la croisée du « pompidolisme » et du gaullisme social, et une droite plus « autoritaire » comme la qualifie un cadre du parti, l'UMP doit choisir son camp.
Quant à savoir ce qu'en pense Sarkozy en personne...