Affaire Arnault : Hollande appelle au patriotisme
Le président français était l'invité du 20 heures de TF1 et est revenu sur plusieurs dossiers chauds comme la taxation à 75% des revenus à plus d'un million d'euros ou la demande de naturalisation de Bernard Arnault.
Publié le 09-09-2012 à 23h51
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Le président français François Hollande a déclaré dimanche que le patron de LVMH Bernard Arnault "aurait dû bien mesurer ce que signifie demander" la nationalité belge, appelant au "patriotisme" de tous au moment où des efforts sont réclamés face à la crise.
"Il aurait dû bien mesurer ce que signifie demander une autre nationalité parce que nous sommes fiers d'être Français", a déclaré François Hollande sur TF1. "Beaucoup de Français ont pensé qu'il abandonnait cette nationalité; il vient de faire la correction qui s'imposait", a-t-il poursuivi. "Il faut appeler au patriotisme dans cette période, quand on demande un effort, quand on demande un redressement, ce que je fais", a-t-il ajouté. "Je note que Bernard Arnault a dit lui-même qu'il prendrait sa part, qu'il donnerait sa contribution: ce n'est pas la mesure des 75% qui est en cause et ceux qui ont voulu en faire une polémique en sont pour leur frais", a encore déclaré le chef de l'Etat.
Le nouveau président rejette les critiques sur son inaction, veut réduire le chômage
Le président français François Hollande, en chute dans les sondages en France, a rejeté dimanche avec vigueur les critiques sur son inaction, annonçant un futur "agenda du redressement" sur deux ans et promettant d'inverser la courbe du chômage d'ici un an.
"Je ne vais pas faire en quatre mois ce que mes prédécesseurs n'ont pas fait en cinq ans ou en dix ans !", a-t-il lancé lors d'une intervention sur la chaîne de télévision privée TF1, alors que ses détracteurs ne manquent pas de rappeler l'activisme déployé par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy.
"Le cap, c'est le redressement de la France", a-t-il poursuivi. Et d'ajouter: "Je vais fixer un agenda du redressement: deux ans". "Deux ans pour à la fois mettre en oeuvre une politique pour l'emploi, pour la compétitivité et le redressement des comptes publics".
"Le gouvernement a agi et rapidement"
Depuis son entrée en fonctions, "le gouvernement n'a pas perdu son temps. Il a agi et rapidement", a aussi assuré le chef de l'Etat. Il s'est justifié en évoquant "un chômage élevé, une compétitivité dégradée, des déficits considérables, un endettement historique".
François Hollande a également montré sa détermination à combattre le chômage. "Nous devons inverser la courbe du chômage d'ici un an", a-t-il dit, alors que la barre des trois millions de chômeurs en France a été récemment franchie. L'enjeu était de convaincre qu'il est bien l'homme du "changement maintenant" - son slogan de campagne - et non celui de "l'immobilisme", comme l'en accusent la droite et la presse y compris de gauche.
Car inquiets d'un taux de chômage qui ne cesse d'augmenter (près de 10%) sur fonds de plans sociaux dans l'industrie, et angoissés par une croissance atone dans une Europe gagnée par le marasme (de la récession en Italie et en Espagne au ralentissement en Allemagne), l'opinion s'impatiente.
Lors de ses premiers mois à l'Elysée, François Hollande a augmenté le salaire minimum et certaines prestations sociales, pris à rebours les mesures les plus impopulaires de Nicolas Sarkozy en augmentant l'impôt sur la fortune ou en revenant partiellement à la retraite à 60 ans.
Mais sa chute dans les sondages, inédite si peu de temps après une élection, se confirme. Selon le dernier sondage de BVA publié dimanche par le quotidien Le Parisien, près de six Français sur dix se disent "plutôt mécontents" des débuts du quinquennat, estimant que le chef de l'Etat ne va "pas assez loin" dans les réformes.
"Les Français doutent désormais sérieusement de sa capacité à changer les choses", analyse le directeur général adjoint de BVA Gaël Sliman. François Hollande a-t-il entendu le message ? Dimanche soir, il a souligné: "Vous me dites: il faut accélérer. J'accélère".
Pas "un euro de plus en 2013 qu'en 2012"
Le gros morceau réside dans le bouclage du budget 2013, avec objectif de réduction des déficits publics à 3% du PIB pour respecter les engagements européens, pour lequel il faut trouver au minimum 30 milliards d'euros en économies ou hausses d'impôt.
Il a promis à cet égard que l'Etat ne dépenserait pas "un euro de plus en 2013 qu'en 2012".
Il a expliqué que sur les 30 milliards d'euros nécessaires pour boucler le budget "10 milliards d'euros" proviendront "des ménages", 10 autres des grandes entreprises et encore 10 autres du budget de l'Etat.
Le projet de loi de finances 2013 sera fait en fonction d'une prévision de croissance "réaliste", à savoir "sans doute 0,8%", a-t-il ajouté.
Pas d'exception pour les super-riches
A propos de la taxe exceptionnelle de 75% sur les revenus dépassant 1 million d'euros qu'il veut mettre en place, une mesure "irresponsable" pour ses opposants qui arguent qu'elle est susceptible de faire fuir les capitaux, il a assuré qu'il n'y aurait "pas d'exceptions".
Les couacs dans le gouvernement "il faut les réduire"
"Des couacs, il y a en toujours dans tous les gouvernements", a dit le chef de l'Etat, interrogé sur les récents "cafouillages" dans l'équipe Ayrault sur le nucléaire ("filière d'avenir", selon Arnaud Montebourg), ou le choix controversé de la banque d'affaires Lazard pour conseiller le gouvernement sur la création de la future banque publique d'investissement.
Et d'enchaîner à propos de ces "couacs": "je pense qu'il faut les réduire et, pour les réduire, c'est très simple, il faut se référer à mes propres engagements, ce que j'ai dit devant les Français, ça doit être la règle pour l'action gouvernementale!"