Chavez face à son plus grand défi électoral
Les 19 millions d’électeurs vénézuéliens sont appelés dimanche à élire leur Président. Le bouillant Hugo Chávez, 58 ans, remportera-t-il un troisième mandat? Pour la première fois depuis longtemps, son adversaire de droite a ses chances...
Publié le 07-10-2012 à 19h07
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Le président vénézuélien Hugo Chavez jouait dimanche son avenir politique lors d'un scrutin présidentiel présenté comme son plus grand défi électoral depuis son arrivée au pouvoir en 1999, face à un jeune candidat qui est parvenu à fédérer l'opposition, Henrique Capriles Radonski.
Alors qu'un peu partout dans Caracas des partisans du "Comandante Chavez" faisaient sonner le clairon pour inviter les quelque 19 millions d'électeurs à aller voter le plus tôt possible, des files d'attente s'étaient déjà formées avant l'aube devant certains bureaux de la capitale, ouverts à 06H00 heure locale (10H30 GMT).
"Je suis ici depuis 02H00 ce matin afin d'exercer mon droit de vote et de consolider ce que nous avons obtenu", a déclaré à l'AFP Richard Lozano, un électeur partisan d'Hugo Chavez qui patientait devant un bureau de vote du quartier populaire de Petaré, à Caracas.
Miguel de Vares, 29 ans, rencontré dans le quartier aisé de Chacao, assure quant à lui que "les gens sont en quête de quelque chose de différent" dans ce scrutin.
"Allons le peuple, mobilisation de bonne heure ! Toutes et tous, allons voter !", a appelé tôt dimanche matin sur son compte Twitter le président Chavez, qui cherche à obtenir un nouveau mandat de six ans.
A la mi-journée, la présidente du Conseil national électoral a fait état d'une "participation massive" dans les quelque 13.800 bureaux de vote, où aucun incident n'avait été relevé dans ce scrutin placé sous la protection de 139.000 militaires.
A une semaine de l'élection, la majorité des enquêtes d'opinion plaçaient le chef de l'Etat sortant en tête des intentions de vote. Toutefois, l'écart le séparant de son principal concurrent s'est progressivement réduit à une dizaine de points, contre plus de 20 au début de la campagne.
Toujours charismatique, l'ancien lieutenant-colonel, aujourd'hui âgé de 58 ans, affaibli par un cancer qui lui a valu deux opérations et de lourds traitements médicaux depuis juin 2011, a terminé sa campagne sur les chapeaux de roue, multipliant déplacements et bains de foule alors qu'il avait été inhabituellement discret les mois précédents.
Son adversaire, M. Capriles, un célibataire de 40 ans à la riche carrière politique - il a été élu député à 26 ans, puis président de la Chambre des députés, avant de devenir maire d'un des arrondissements de Caracas et enfin gouverneur de l'Etat de Miranda (nord), le plus peuplé du Venezuela - a, quant à lui, fait une campagne de terrain remarquée et efficace.
Investi en février à l'issue de primaires inédites organisées par une trentaine de partis de droite comme de gauche, il a insisté sur la nécessité de réconcilier le pays, après 13 années de "chavisme" marquées par un clivage politique croissant entre partisans et détracteurs d'Hugo Chavez.
Ce nouveau défi électoral pour Hugo Chavez, déjà réélu deux fois depuis sa première victoire en décembre 1998 et cible en 2002 d'une tentative de coup d'Etat, est observé de près à l'étranger, où le personnage et sa politique sont souvent controversés.
Ses alliés dans la région, en particulier les pays bénéficiant des largesses du Venezuela -qui dispose des premières réserves de pétrole brut du monde- à travers l'alliance Petrocaribe regroupant 18 nations des Caraïbes, surveillent également les résultats de ce scrutin.
M. Chavez, leader autoproclamé de la gauche radicale latino-américaine, "anti-impérialiste", bénéficie toujours d'un fort soutien populaire parmi les 28,9 millions de Vénézuéliens, en raison notamment des nombreux programmes sociaux qu'il a mis en place.
Financés par la rente pétrolière, ces programmes ont permis d'améliorer la vie de beaucoup de ses concitoyens dans les domaines de la santé, du logement ou de l'éducation, mais le Venezuela reste en proie à un niveau élevé de violence, à une inflation galopante (26,7% en 2011, selon la Banque centrale) et à une corruption endémique (172e sur 182 dans le classement 2011 des pays les plus corrompus établi par Transparency International).
Dans une dernière déclaration avant le scrutin faite du palais présidentiel, samedi en fin de journée, Hugo Chavez a appelé "tous les acteurs politiques (...) à accepter les résultats" de l'élection qui s'effectue via des machines de vote électroniques.
Les bureaux de vote devaient fermer à 18H00 (22H30 GMT).