L'opposition syrienne veut des armes
La commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat a fait savoir qu'elle ne souhaitait pas d'intervention étrangère en Syrie. Le communiqué insiste "sur la nécessité de recevoir des armes pour lutter de façon efficace".
- Publié le 29-01-2013 à 20h26
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La Coalition de l'opposition syrienne a déclaré mardi aux sénateurs français qu'elle voulait des armes, et non une intervention étrangère en Syrie, selon un communiqué de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat après une audition.
"La délégation s'est dite déçue du soutien insuffisant de la communauté internationale et a insisté sur la nécessité, pour elle, de recevoir des armes pour lutter de façon efficace, ce qui n'est pas actuellement possible", rapporte le communiqué de la commission.
"Elle a précisé qu'elle ne souhaitait pas d'intervention étrangère en Syrie et que ce que demandaient les Syriens, c'était le droit de s'armer pour se défendre et mettre fin rapidement à cette situation atroce", ajoute le texte.
Une délégation de la Coalition menée par deux de ses vice-présidents, George Sabra, dirigeant du Conseil national syrien (CNS), la principale composante, et Riad Seif, a été reçue mardi par la commission sénatoriale. Ils étaient accompagnés de Monzer Makhous, ambassadeur de la Coalition en France.
La délégation a rappelé que "l'ouverture de négociations pour mettre en place un processus de transition devant déboucher sur des élections libres est subordonnée au départ de Bachar al-Assad dont elle ne reconnaît pas la légitimité".
Les opposants ont déclaré que la Coalition "représentait aujourd'hui 85% des forces de l'opposition syrienne". Les opposants se sont réunis à Paris lundi avec les représentants d'une cinquantaine de pays pour une réunion de travail.
Nouvelle tuerie en Syrie: découverte de près de 80 corps de jeunes exécutés
Près de 80 corps de jeunes gens exécutés ont été découverts mardi dans la cité syrienne d'Alep, dernier carnage en date dans le pays en guerre, à quelques heures d'une intervention du médiateur international Lakhdar Brahimi à l'ONU.
L'émissaire des Nations-Unies et de la Ligue arabe en Syrie devait rendre compte vers 20H00 GMT au Conseil de sécurité de ses efforts, en vain jusque-là, à mettre fin à une révolte devenue guerre civile qui a fait plus de 60.000 morts en près de deux ans selon l'ONU.
Sur le terrain, les violences n'ont connu aucun répit, avec la découverte notamment de dizaines de corps à Alep, la métropole du Nord en proie aux combats entre soldats et insurgés.
A l'école Yarmouk, où s'entassent les cadavres, un rebelle de l'Armée syrienne libre (ASL) Abou Seif a affirmé que 78 corps avaient été récupérés dans la rivière Qouweiq et qu'il en restait encore une trentaine que l'ASL ne peut pas récupérer en raison des tireurs embusqués du régime.
"Nous ne savons pas qui ils sont car ils n'ont pas de pièces d'identité", a déclaré un volontaire en aidant à mettre un corps dans un camion. Dans le véhicule, un correspondant de l'AFP a pu compter quinze cadavres.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur des militants et des médecins, a fait état de "65 cadavres non identifiés retrouvés à Boustane al-Kasr", quartier tenu par les rebelles.
"Agés d'une vingtaine d'années, ils ont été exécutés d'une balle dans la tête. Vêtus en civil, la majorité ont les mains liées derrière le dos", a-t-il ajouté. Ils ont été sortis de la rivière qui sépare Boustane al-Kasr et Ansari, quartier également aux mains des rebelles.
Le régime les a "jetés dans la rivière pour qu'ils arrivent dans la zone sous notre contrôle et que les gens croient que nous les avons tués", a affirmé de son côté Abou Seif.
Mais un responsable au sein des services de sécurité a affirmé à l'AFP qu'il s'agissait de "citoyens de Boustane al-Kasr qui ont été enlevés par des groupes terroristes après avoir été accusés d'être en faveur du régime". Le régime assimile les rebelles à des "terroristes".
"Leurs familles ont essayé de négocier (leur libération) sans succès à plusieurs reprises avec les groupes terroristes", a-t-il dit, ajoutant: "ils ont été exécutés dans la nuit de lundi à mardi et leurs corps ont été jetés dans la rivière".
Rebelles et régime s'accusent mutuellement de massacres, mais il n'est pas possible de confirmer les informations de source indépendante.
Ailleurs dans le pays, les insurgés ont réussi une percée majeure à Deir Ezzor (est) en prenant un poste des renseignements politiques et deux ponts enjambant l'Euphrate, sur la route utilisée par l'armée pour approvisionner la cité de Hassaké, plus au nord, a précisé l'OSDH.
"Si les rebelles continuent leur avancée, ils remporteront une victoire stratégique car la ville est la clé de toute la province (éponyme) qui recèle les principaux champs pétroliers et gaziers du pays", a affirmé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Les rebelles contrôlaient par ailleurs quasi-totalement la prison centrale d'Idleb (nord-ouest), selon l'ONG. Une source au sein des services de sécurité a confirmé que les soldats avaient évacué lundi soir la prison et les détenus ont été transférés dans des sièges des services de sécurité dans la ville.
A Damas, un député a été grièvement blessé par l'explosion d'une bombe fixée à sa voiture, selon l'OSDH.
Selon un bilan provisoire de l'OSDH, les violences ont fait mardi 91 morts: 38 civils, dont six enfants, 30 soldats et 23 rebelles.
Alors qu'une conférence de donateurs est prévue mercredi au Koweït pour débloquer des fonds en faveur des civils syriens, des organismes de charité ont promis 182 millions de dollars d'aide et les Etats-Unis ont annoncé une aide supplémentaire de 155 millions de dollars.