Chasse à l'homme à Boston: Tsarnaev hors du périmètre de sécurité ?

L'un des suspects des attentats de Boston est toujours en fuite. Il aurait déjà quitté le périmètre de sécurité installé par la police. La chasse à l'homme se poursuit dans Boston.

J. Lgg. (avec agences)
Chasse à l'homme à Boston: Tsarnaev hors du périmètre de sécurité ?
©AFP Internet

Une vaste chasse à l'homme est en cours à Boston, ville entièrement bouclée, pour retrouver un des suspects des attentats du marathon, dont le complice et frère a été tué dans la nuit après plusieurs heures de traque par la police.

Toute la population de Boston et de sa banlieue (Allston, Belmont, Brighton, Brookline, Cambridge, Newton, Waltham et Watertown), soit environ un million de personnes au total, a reçu ce vendredi matin l'ordre de rester chez elle. Tous les transports en commun ont été mis à l'arrêt, les écoles publiques fermées.

Plus de 9.000 policiers casqués, en tenue de combat, ont pris position dans les rues et sur les toits de certaines maisons de Watertown, dans la banlieue ouest où s'est déroulée avant l'aube la traque des deux hommes. Ils passent la ville au peigne fin. Une maison résidentielle est actuellement cernée par les forces de l'ordre.

Après la mort de l'aîné des frères, le chef de la police de Boston Ed Davis a mis en garde la population contre le plus jeune. "Nous pensons que c'est un terroriste. Nous pensons que c'est un homme qui est venu ici pour tuer des gens" a-t-il déclaré, après plusieurs heures d'une traque marquée par des échanges de coups de feu nourris et la mort d'un policier, tué par les deux hommes dans leur fuite.

"Restez chez vous, et n'ouvrez la porte à personne d'autre qu'un policier proprement identifié", a déclaré le gouverneur aux Bostoniens.

Les deux frères vivaient apparemment légalement aux Etats-Unis depuis plusieurs années. Les informations sont contradictoires sur leur pays d'origine, certains médias évoquant la Tchétchénie.

Et si le suspect était déjà loin ?

Selon certains médias, Dzhokhar Tsarnaev aurait déjà quitté le périmètre de sécurité installé par la police américaine. Celle-ci est actuellement à la recherche d'un véhicule qui pourrait être conduit par le principal suspect des attentats. Des milliers de policiers sont toujours en train de sillonner ledit périmètre à la recherche du jeune homme.

Les forces de l'ordre recherchent désormais activement une Honda verte modèle Sedan 1999.

Mort écrasé par la voiture que conduisait son frère?

La traque des deux frères avait commencé dans la nuit à Cambridge, sur le campus du Massachusetts Institute of Technology (MIT) à l'ouest de Boston. Les frères qui habitent Cambridge braquent d'abord une supérette 7-11, selon la police, qui est alertée en raison de coups de feu, vers 22H20 (04H20 en Belgique).

Le policier Sean Collier (en photo ci-dessus), 26 ans, est ensuite trouvé tué par balles dans sa voiture à 22h30, et la police apprend que les deux fuyards ont détourné une voiture en menaçant d'une arme son conducteur. Celui-ci sera libéré sain et sauf 30 minutes plus tard.

La chasse à l'homme commence, alors que les deux frères roulent à pleine vitesse en direction de Watertown, située encore plus à l'ouest de Boston. S'ensuivent des échanges de coups de feu nourri, durant lequel un policier est grièvement blessé.

C'est durant cette poursuite que l'aîné, ex-étudiant ingénieur devenu boxeur, et qui portait des explosifs sur lui, est mortellement blessé, apparemment écrasé par la voiture que conduisait son frère. Il sera déclaré mort à l'hôpital à 1h25 (7h25).

Casquette noire et casquette blanche

Ces développements spectaculaires sont intervenus moins de 12 heures après le FBI eut lancé un appel au public, pour qu'il l'aide à retrouver les deux hommes, présentés comme les auteurs présumés du double attentat qui avait endeuillé le marathon de Boston lundi.

Le FBI avait publié des images, photos et vidéos des deux hommes, affirmant qu'ils étaient soupçonnés de l'attentat qui a fait trois morts et quelque 180 blessés lundi.

Les images montraient deux hommes jeunes, marchant l'un derrière l'autre, l'un avec une casquette claire, visière à l'arrière, portant un sac à dos sur l'épaule droite, et l'autre portant veste et casquette sombres, et un sac à dos.

Des réfugiés de guerre originaires de Tchétchénie

Le suspect "numéro 1", tué ce vendredi matin, s'appelait Tamerlan Tsarnaev et était âgé de 26 ans. Son frère, toujours en cavale, s'appelle Dzhokhar Tsarnaev et est âgé de 19 ans.

Les deux jeunes hommes sont d'origine tchéchène, mais ont fui leur pays avec leur famille pendant le conflit des années 1990. Ils ont grandi au Kirghizstan et sont arrivés aux Etats-Unis il y a huit ans, a affirmé sur CNN leur oncle, Ruslan Tsarni. "Je suis là depuis 10 ans, ils sont arrivés après. Deux ans après", a affirmé l'homme, qui dit avoir parlé jeudi à l'aîné.

"Je suis désolé qu'il ait fait cela. C'est fou, c'est pas possible, je ne peux pas le croire. Quand j'ai entendu la nouvelle à la télévision, je me suis demandé comment c'était possible. C'est fou", a-t-il lâché.

Dans un entretien de dix minutes retransmis sur les télévisions américaines devant sa maison du Maryland, près de Washington, Ruslan Tsarni a estimé que ses neveux "portaient le discrédit sur tous les Tchétchènes", exprimant son désir de présenter lui-même ses excuses en leur nom.

"Je suis prêt à m'agenouiller devant (les victimes) pour leur demander pardon", a déclaré M. Tsarni, visiblement ému, soulignant que sa propre famille n'avait "rien à voir" avec celle de son frère depuis plusieurs années.

M. Tsarni a également expliqué que ses neveux sont "au service de l'islam". Il a finalement précisé que le suspect en fuite "est un bon élève".

"Djokhar, rends toi !"

"Djokhar, si tu es en vie, rends-toi et demande pardon", a lancé son oncle, expliquant avoir été "choqué" en découvrant le visage de ses neveux à la télévision et sur internet vendredi matin.

M. Tsarni, qui a précisé vivre légalement aux Etats-Unis, a indiqué que les deux frères n'avaient jamais été en Tchétchénie, une république russe à majorité musulmane du nord du Caucase, où la rébellion contre le pouvoir central de Moscou s'est progressivement islamisée et a de plus en plus débordé hors des frontières pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord.

Selon M. Tsarni, les deux frères n'ont rien à voir avec ce soulèvement. "Si c'est le cas, c'est que quelqu'un les a radicalisés", a-t-il assuré.

Interrogé sur ce qui avait pu les pousser vers le terrorisme, il a répondu: "La haine envers ceux qui ont été capables de s'intégrer". "C'est tout ce que je peux imaginer. Rien d'autre. Que cela ait à voir avec la religion, avec l'islam, c'est une imposture, c'est du toc".

"Bien sûr que nous avons honte. Ce sont les fils de mon frère, qui avait peu d'influence sur eux, pour être honnête, à ce que j'en sais", a-t-il ajouté.

"Nous attendions Dzokhar pour les vacances"

Un homme se présentant comme le père des frères Tsarnaev a défendu ses fils, estimant qu'ils avaient été "piégés". "A mon avis, les services spéciaux ont piégé mes enfants car ce sont des musulmans fervents", a déclaré cet homme, Anzor Tsarnaev, à l'agence Interfax, s'exprimant depuis la capitale du Daguestan.

"Pourquoi ont-ils tué Tamerlan? Ils auraient dû le prendre vivant." Et d'ajouter : "Le plus jeune se cache maintenant. Nous l'attendions pour les vacances", tout en précisant que Dzokhar étudiait la médecine aux Etats-Unis. "Maintenant, je ne sais pas ce qu'il va se passer", a-t-il renchéri.

L'agence Reuters annonce que "De sources proches du conseil de sécurité nationale et de la police, on déclare que les enquêteurs se penchent vers la piste de l'extrémisme islamiste".


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