Edito : Un jour de honte en Amérique
Barack Obama traverse sans aucun doute la pire semaine de sa carrière politique. Le vote du Sénat sur le port d’armes, mercredi, risque de laisser les traces les plus sombres dans les annales de cette présidence.
Publié le 19-04-2013 à 04h30 - Mis à jour le 19-04-2013 à 08h16
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Barack Obama traverse sans aucun doute la pire semaine de sa carrière politique. Si les événements de lundi et jeudi, à Boston et au Texas, sont des tragédies qui marqueront les esprits, c’est pourtant le vote du Sénat sur le port d’armes, mercredi, qui risque de laisser les traces les plus sombres dans les annales de cette présidence.
Trois propositions de loi visant à mieux contrôler le profil des acheteurs d’armes à feu, à interdire la vente d’armes de guerre et celle des chargeurs de plus de dix cartouches (pour empêcher les carnages) ont été rejetées - à quelques voix près (il en fallait 60 sur 100 afin d’éviter ensuite le blocage dit du "filibustering").
Les Démocrates disposent d’une majorité de 55 sièges au Sénat, mais quatre d’entre eux (des conservateurs élus dans des Etats où Obama a été battu à plate couture) ont fait défection et annulé le bénéfice du ralliement de quatre Républicains dont John McCain. Il aurait de toute façon manqué une voix cruciale.
La logique de la vie politique américaine a de nouveau prévalu. D’une part, les sénateurs ont d’abord songé à leur réélection et les Démocrates devaient se rappeler ce qu’il leur en avait coûté, aux législatives de 1994, d’avoir voté l’interdiction temporaire des fusils d’assaut introduite par Bill Clinton. D’autre part, les lobbies des armes ont dépensé des sommes folles pour harceler les parlementaires au nom du sacro-saint 2e Amendement.
Face à ces petits calculs, l’émotion suscitée par la tuerie de Newtown, le 14 décembre dernier (27 morts dont 20 enfants), a vite été oubliée. Ne reste que la honte, qui flétrit l’Amérique et désole son Président.