Folle poursuite dans une ville bouclée

Un réalisateur de cinéma n’aurait sans doute pas osé l’imaginer : la ville de Boston et sa proche banlieue bouclées par des milliers de policiers en tenue de combat, les transports en commun à l’arrêt et les écoles publiques fermées, les avions interdits de survol et un million d’habitants sommés de rester cloîtrés chez eux, le temps d’une chasse à l’homme dramatique

Philippe Paquet

THRILLER

U

n réalisateur de cinéma n’aurait sans doute pas osé l’imaginer : la ville de Boston et sa proche banlieue bouclées par des milliers de policiers en tenue de combat, les transports en commun à l’arrêt et les écoles publiques fermées, les avions interdits de survol et un million d’habitants sommés de rester cloîtrés chez eux, le temps d’une chasse à l’homme dramatique

La brusque accélération de l’enquête menée après les attentats de lundi, lors du marathon de Boston, a pour le moins surpris les habitants de la grande ville universitaire de la côte Est, et cela à plus forte raison que les deux suspects traqués par la police résidaient à Cambridge, une petite localité au nord de Boston qui abrite Harvard et le MIT. Il s’agit, selon les médias américains, de deux ressortissants du Kirghizistan (une ancienne république soviétique d’Asie centrale à la frontière de la Chine), mais d’origine tchétchène, deux frères de 26 et 19 ans : Tamerlan et Djokhar Tsarnaev. Installés aux Etats-Unis depuis huit ans à en croire le témoignage d’un oncle, l’aîné avait entamé des études d’ingénieur avant de devenir boxeur, tandis que le cadet étudiait la médecine à Boston.

La diffusion de portraits des deux jeunes gens, captés sur les enregistrements des caméras de surveillance et des télés locales, a visiblement très vite porté ses fruits puisque la police s’est lancée, dans la nuit de jeudi à vendredi, à la recherche des frères Tsarnaev, d’abord sur le campus du MIT à Cambridge, puis du côté d’une supérette de la chaîne 7-11 qui venait d’être braquée.

Après avoir découvert un policier tué par balles dans sa voiture, les forces de l’ordre apprenaient que les fuyards se trouvaient à bord d’un véhicule dont ils tenaient le conducteur en otage (ils le libéreraient sain et sauf une demi-heure plus tard), et se dirigeaient à toute allure vers Watertown, une petite bourgade à l’ouest de Boston. Une course-poursuite s’engageait alors, lors de laquelle un policier était grièvement blessé. Tamerlan Tsarnaev était, quant à lui, mortellement touché dans l’aventure, tandis que son frère parvenait à s’échapper. C’est pour le retrouver que les autorités avaient déployé les tout grands moyens vendredi.

Présenté par le gouverneur du Massachusetts, Deval Laurdine Patrick, comme un homme extrêmement dangereux, un "terroriste" qui "est venu ici pour tuer des gens", Djokhar Tsarnaev est perçu comme un islamiste, militant à la fois pour la cause tchétchène et le soutien à l’insurrection syrienne.

Présent sur le réseau social russe VK, le jeune homme s’y réclame résolument de l’islam, mais déclare néanmoins que "carrière et argent" constituent ses priorités personnelles. Il y a posté des blagues "caucasiennes" qui révèlent un sens certain de l’humour et de la dérision, mais, vendredi soir, les habitants de Boston, qui craignaient de croiser la route du tueur, n’avaient pas vraiment le cœur à rire.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...