Le nouveau président d'Iran pour une entente "constructive" avec le monde
Le président modéré élu iranien Hassan Rohani a déclaré samedi que son élection ouvrait la voie à une entente "constructive" avec la communauté internationale mais il a continué de défendre les droits de son pays en matière nucléaire.
Publié le 29-06-2013 à 18h17 - Mis à jour le 12-07-2013 à 06h19
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Le président modéré élu iranien Hassan Rohani a déclaré samedi que son élection ouvrait la voie à une entente "constructive" avec la communauté internationale mais il a continué de défendre les droits de son pays en matière nucléaire.
Dans
son premier discours télévisé qui tranche avec les déclarations intempestives
du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, M. Rohani a en outre prôné une plus
grande liberté sur le plan intérieur.
"La
modération ne signifie pas en politique étrangère ni reddition ni querelle.
Elle signifie une entente constructive avec le monde", a-t-il dit.
Ce
dialogue doit être cependant "mené sur la base de l'égalité et du respect
mutuels", et tenir compte "de tous les droits de la nation (notamment
en matière nucléaire) (...) en suivant les directives du guide suprême"
l'ayatollah Ali Khamenei, le numéro un du régime islamique, selon lui.
La
question nucléaire est le principal dossier du prochain gouvernement alors que
les négociations entre l'Iran et les grandes puissances pour une suspension de
l'enrichissement d'uranium sont dans l'impasse.
L'Iran,
accusé malgré ses démentis par l'Occident et Israël de chercher à fabriquer
l'arme atomique, est frappé de lourdes sanctions internationales qui ont
provoqué une grave crise économique -inflation officielle de plus de 32% et
chute de la valeur de la monnaie nationale.
M.
Rohani, qui doit prendre ses fonctions le 3 août, avait lors de sa première
conférence de presse le 17 juin, choisi d'adopter le ton de la conciliation avec
l'Occident mais avait, comme son prédécesseur, exclu tout arrêt de
l'enrichissement d'uranium.
Soutenu
par le camp réformateur, ce religieux modéré a été élu le 14 juin avec 50,7%
des voix à la surprise générale, porté par la mobilisation des jeunes mais
aussi des classes populaires touchées particulièrement par la crise économique.
"Le
message des électeurs est un message de paix et de réconciliation, un message
de cohésion nationale et de refus de la violence et de l'extrémisme", a
dit M. Rohani. "Les Iraniens ont voulu dire qu'ils voulaient le changement
(...) Le prochain gouvernement est engagé par le chemin choisi qui est celui de
la modération".
Saluant
la forte participation des électeurs (plus de 72%), il a affirmé que "la
mobilisation de la population enthousiaste et des jeunes avait changé le visage
du pays dans le monde. (L'élection) a mis un terme à toutes les ambiguïtés et
toutes les questions sur la légitimité du régime" islamique.
M.
Rohani a assuré que "le prochain gouvernement ne sera pas partisan, il
n'est redevable à aucun parti et tendance politique. Il utilisera les
personnalités les plus compétentes de toute tendance politique à condition
qu'elles soient modérées".
Il
a aussi défendu plus de liberté sur le plan intérieur, surtout chez les jeunes.
"Il
ne faut pas imposer trop de restrictions.Notre peuple est de lui-même
respectueux de la morale et des règles politiques et islamiques," et en
cas de manquement "il suffit de donner un conseil amical", a-t-il
dit, en évoquant les manifestations de joie qui ont suivi l'annonce de sa
victoire.
Des
dizaines de milliers d'Iraniens étaient descendus dans la rue pour fêter son
élection dès le premier tour dans une ambiance bon enfant, sans que la police
n'intervienne.
Enfin,
s'adressant aux responsables de la télévision d'Etat - la loi interdit les
télévisions privées en Iran-, il a affirmé que l'époque des "monologues
était terminée".
"Un
régime qui a ses racines dans le soutien populaire et trouve sa légitimité dans
le vote des électeurs n'a pas peur des médias libres et responsables",
a-t-il dit.
"Vous
ne pouvez pas dénoncer une injustice lorsqu'elle est commise chez l'ennemi et
la minimiser lorsqu'elle se produit dans un pays ami. Les droits de l'Homme
sont identiques partout qu'on les qualifie d'islamiques ou par d'autres
adjectifs", a-t-il lancé.