Israël redoute surtout l’Iran
Israël fera-t-il les frais de la probable intervention occidentale en Syrie ? C’est la grande question que se posent aujourd’hui les Israéliens.
- Publié le 28-08-2013 à 07h49
- Mis à jour le 12-03-2014 à 17h22
Israël fera-t-il les frais de la probable intervention occidentale en Syrie ? C’est la grande question que se posent aujourd’hui les Israéliens.
Les porte-parole du régime Assad en ont proféré la menace, ces derniers jours. Et tous ici – tant le gouvernement Netanyahou que Tsahal et les médias – pronostiquent que le président syrien pourra difficilement se permettre d’encaisser l’intervention étrangère sans réagir. Or, le plus facile serait de viser Israël, à sa portée, directement ou par alliés interposés.
Certes, l’on doute que Bachar al Assad veuille aller jusqu’à déclencher une guerre généralisée avec Israël qui risquerait de lui coûter cher. Sa riposte pourrait néanmoins prendre la forme de roquettes et de missiles tirés sur le territoire israélien par l’armée syrienne et/ou le Hezbollah. Ou d’attentats terroristes perpétrés en Israël ou contre des cibles israéliennes à l’étranger par le Hezbollah et/ou d’autres agents iraniens.
En tout cas, Israël se déclare prêt à toute éventualité et résolu à riposter. Comme l’a formulé Benjamin Netanyahou, Israël “a le doigt sur le pouls ” des événements en Syrie, et si nécessaire “il aura aussi le doigt sur la gâchette”. D’autant plus que le Premier ministre israélien encourage ouvertement les Etats-Unis à frapper en Syrie. Pas pour débouter Bachar al Assad et sceller l’issue du conflit, mais bien pour envoyer un message de dissuasion à l’adresse de l’Iran. En effet, selon les experts ici, Israël a intérêt à ce qu’Assad et l’opposition syrienne restent tous deux en place, mais affaiblis, et que les deux camps continuent à se battre entre eux, sans qu’aucun ne reprenne l’avantage. Car la victoire du régime de Damas renforcerait l’axe pro-iranien, et la victoire des opposants risquerait de transformer le voisin septentrional d’Israël en un territoire chaotique, terreau de prédilection d’al Qaeda.
Une question de crédibilité
Par contre, il est vital aux yeux de M. Netanyahou que l’administration Obama envoie un message fort à l’Iran. Question de crédibilité. Car si les Etats-Unis restent inactifs devant l’armement non conventionnel syrien, Téhéran en déduira qu’ils resteront tout aussi inactifs devant l’armement non conventionnel iranien. Nucléaire, en l’occurrence.
Israël suit donc l’évolution des événements de très près, espérant que le Pentagone l’informera de ses plans suffisamment à l’avance et se préparant à en gérer les conséquences. D’une part, les responsables militaires soulignent que Tsahal aura de quoi détecter et intercepter les tirs approchant du territoire israélien. D’autre part, Tsahal ne se privera pas d’y riposter. Contrairement à la première guerre des Etats-Unis en Irak en 1991 (la Guerre du Golfe) durant laquelle Israël, à la demande de Washington, s’imposa une totale retenue et encaissa sans coup férir les Scuds que Saddam Hussein faisait pleuvoir sur Tel-Aviv.
L’armée israélienne l’a déjà fait comprendre aux voisins du Nord, ces dernières semaines, en ripostant à divers tirs qui ont émané du Golan syrien et du territoire libanais. Dans le cas du Golan, il s’agissait d’obus “perdus” de l’opposition syrienne contre des positions de l’armée syrienne, qui ont atterri du côté israélien de la frontière. Dans le cas du Liban, il s’est agi de tirs délibérés contre Israël. Les ripostes israéliennes ont été ponctuelles et limitées, mais le message était clair : aucune attaque ne restera impunie.