Pour la Syrie, les "preuves" américaines ne sont que "des mensonges"
Les "preuves" avancées par les Etats-Unis sur une prétendue implication du pouvoir syrien dans une attaque chimique le 21 août ne sont que "des mensonges", a déclaré vendredi le ministère syrien des Affaires étrangères.
Publié le 30-08-2013 à 19h15 - Mis à jour le 31-08-2013 à 20h02
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Les "preuves" avancées par les Etats-Unis sur une prétendue implication du pouvoir syrien dans une attaque chimique le 21 août ne sont que "des mensonges", a déclaré vendredi le ministère syrien des Affaires étrangères. "Ce que l'administration américaine a qualifié de preuves irréfutables (...) n'est rien de plus que d'anciennes histoires diffusées par les terroristes (ndlr: les rebelles) depuis plus d'une semaine, avec tout ce qu'elles comportent de mensonges, de fabrications et d'histoires montées de toutes pièces", a déclaré le ministère dans un communiqué lu à la télévision officielle syrienne.
Le ministère des Affaires étrangères s'est dit "étonné" par le fait "qu'une superpuissance trompe son opinion publique de cette manière naïve en s'appuyant sur des preuves inexistantes".
Le ministère "s'étonne de même que les États-Unis fondent leurs positions de guerre et de paix sur ce qui est diffusé sur des réseaux sociaux et des sites internet", poursuit le communiqué.
Les chiffres cités vendredi par le secrétaire d'Etat américain John Kerry concernant le nombre des victimes de l'attaque chimique attribuée à Damas ne sont que "des chiffres fictifs fournis par les groupes armés en Syrie et l'opposition à l'étranger", a ajouté le ministère syrien des Affaire étrangères.
Obama n'a pas encore pris de "décision finale"
Le président Barack Obama a affirmé vendredi qu'il n'avait pas encore pris de "décision finale" dans le dossier syrien, mais a évoqué une action "limitée" des Etats-Unis pour punir le régime Assad d'avoir utilisé ses armes chimiques.
Le recours à de telles armes représente "un défi au monde entier. Nous ne pouvons pas accepter un monde dans lequel des femmes, des enfants et des civils innocents sont gazés", a assuré le dirigeant américain, peu après la publication d'un rapport du renseignement américain avançant le nombre de 1.429 morts dont 426 enfants dans une telle attaque due au régime syrien près de Damas le 21 août. (Découvrez ici les preuves accablantes établies par les USA)
"Cette attaque menace nos intérêts de sécurité nationale", a encore dit M. Obama, en mentionnant aussi le danger que les armes chimiques représentent selon lui "pour nos alliés dans la région, comme Israël, la Turquie et la Jordanie".
"Je l'ai dit auparavant, et j'étais sérieux à ce sujet, qu'il fallait que le monde fasse respecter les règles interdisant le recours à des armes chimiques", a remarqué le président, qui s'exprimait à la Maison Blanche face aux journalistes avant de participer à un mini-sommet avec ses homologues des pays baltes.
Mais il a aussi expliqué qu'il n'avait pas "pris de décision finale sur les actions qui pourraient être entreprises pour aider à faire respecter ces règles", même si "l'armée et mon équipe examinent un ensemble de possibilités".
"Quoi qu'il arrive, nous n'envisageons pas une action militaire comprenant des soldats au sol et une longue campagne. (...) Nous examinons la possibilité d'une action limitée, étroite", a-t-il promis.
M. Obama a également condamné l'"impuissance" dans le dossier syrien du Conseil de sécurité de l'ONU, où la Russie, alliée indéfectible de Damas, a bloqué toute initiative.
Le président a appelé le monde à ne pas être "paralysé" face à la situation en Syrie, au lendemain du rejet par le Parlement britannique d'une participation de Londres à une éventuelle intervention armée contre le régime de Bachar al-Assad.
Alors qu'un sondage publié par NBC vendredi matin montrait que 50% des Américains étaient opposés à une action militaire contre le régime syrien, M. Obama a reconnu que "ici aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et dans de nombreux endroits du monde, il existe une certaine lassitude" vis-à-vis des opérations armées. "Je comprends très bien cela", a-t-il dit après avoir mentionné nommément l'Afghanistan et l'Irak.
"Le monde en général en a assez de la guerre, les Etats-Unis viennent de traverser une décennie de guerre. Je peux vous assurer que personne n'est plus las de la guerre que moi", a affirmé le président.
Mais "il est important pour nous de reconnaître que lorsque plus d'un millier de personnes sont tuées, dont des centaines d'enfants innocents, au moyen d'armes dont 98 ou 99% de l'humanité pense qu'elles ne devraient pas être utilisées, même dans une guerre, et que nous n'agissons pas, alors nous faisons passer le message que les règles internationales ne veulent pas dire grand chose", a-t-il assuré.
Hollande et Obama par téléphone
Les présidents François Hollande et Barack Obama qui se sont entretenus au téléphone vendredi "partagent la même certitude sur la nature chimique de l'attaque (du 21 août près de Damas) et la responsabilité indubitable du régime" syrien, a déclaré à l'AFP un proche du chef de l'Etat français.
"François Hollande a rappelé la grande détermination de la France à réagir et à ne pas laisser ces crimes impunis et a senti la même détermination du côté d'Obama", a-t-on ajouté de même source.
Le régime syrien coupable
"Les Etats-Unis concluent avec une forte certitude que le gouvernement syrien a commis une attaque aux armes chimiques dans les faubourgs de Damas le 21 août 2013", indique ce document, qui avait été promis par la Maison Blanche depuis le milieu de la semaine.
"Nous concluons en outre que le régime (Assad) a eu recours à un agent neurotoxique lors de cette attaque", selon la même source.
Le renseignement américain a également donné une estimation du nombre de victimes, en soulignant que ce chiffre risquait encore d'augmenter.
"Une estimation préliminaire du gouvernement américain détermine que 1.429 personnes ont été tuées dans l'attaque chimique, dont au moins 426 enfants", selon le document.
Le texte, édulcoré pour ne pas compromettre les sources américaines, rejette également la théorie défendue par Damas et la Russie selon laquelle la rébellion serait responsable de cette attaque.
"Nous concluons que le scénario selon lequel l'opposition a commis l'attaque du 21 août est hautement improbable", affirme le renseignement.
Les mots durs de John Kerry
Le secrétaire d'État américain John Kerry n'a pas été doux, jugeant le régime syrien responsable de "crime contre l'humanité" et qualifiant notamment Bachar al-Assad de "voyou" et de "meurtrier".
M. Kerry a parlé d'une réponse militaire "ajustée" et qui ne serait pas "infinie" dans le temps. Il a ainsi évoqué une action militaire ciblée, sans troupes au sol.
Pour cette possible opération militaire, le chef de la diplomatie américaine a cité des alliés possibles comme la France, la Ligue arabe et l'Australie.
Il a également estimé que cette opération serait un message envoyé à l'Iran et au Hezbollah, soutiens militaires de Damas.
Pas un nouvel Irak
John Kerry a également insisté sur le fait que, malgré les preuves indéniables de l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien, Washington ne répéterait pas l'expérience de l'Irak, tout en appelant à faire preuve "d'audace" . "L'Amérique est fatiguée de la guerre mais la fatigue n'absout pas de la responsabilité" , a-t-il déclaré.
"Cela a été fait de manière plus attentive que lors de l'expérience de l'Irak. Nous ne répèterons pas ce moment", s'est engagé M. Kerry.
Les enquêteurs de l'ONU ont terminé leur travail
Les experts de l'ONU ont terminé leur travail en Syrie et vont désormais "rapidement" faire un rapport sur l'usage éventuel d'armes chimiques dans le conflit syrien, a déclaré vendredi le porte-parole des Nations unies. "L'équipe a terminé de récolter des échantillons et des indices", a déclaré Martin Nesirky à des journalistes. "Ses membres préparent maintenant leur départ et quitteront Damas, puis la Syrie demain" samedi.