Intervention militaire en Syrie: compte à rebours lancé

Le projet de résolution, envoyé aux parlementaires quelques heures après une déclaration du président Obama sur la Syrie, indique que le soutien du Congrès "enverrait un signal clair de l'attitude résolue de l'Amérique" sur cette question. Le Sénat américain débattra de la chose dès la semaine prochaine. David Cameron soutient les USA.

AFP
Intervention militaire en Syrie: compte à rebours lancé
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La Maison Blanche a formellement demandé samedi au Congrès américain son autorisation pour mener des frappes militaires en Syrie, afin de permettre au président Barack Obama de "faire cesser" et "prévenir" les attaques avec des armes chimiques. Le projet de résolution, envoyé aux parlementaires quelques heures après une déclaration du président sur la Syrie, indique que le soutien du Congrès "enverrait un signal clair de l'attitude résolue de l'Amérique" sur cette question.

"Le président est autorisé à utiliser les forces armées des Etats-Unis comme il l'estime nécessaire et approprié en relation avec l'utilisation d'armes chimiques ou d'autres armes de destruction massive dans le conflit en Syrie", prévoit le texte, en précisant deux buts:

- "empêcher ou dissuader l'usage ou la prolifération (y compris le transfert à des groupes terroristes ou d'autres acteurs étatiques ou non-étatiques), à l'intérieur, vers ou depuis la Syrie de toute arme de destruction massive, y compris chimiques ou biologiques";

- "protéger les Etats-Unis et ses alliés et partenaires contre la menace que constituent ces armes".

L'objectif est de "dissuader, faire cesser, empêcher et dégrader la possibilité de futurs usages d'armes chimiques ou d'autres armes de destruction massive", est-il indiqué.

Le texte doit désormais être examiné par chacune des deux chambres du Congrès, dont le retour en séance plénière est prévu le lundi 9 septembre.

Le Sénat américain débattra dès la semaine prochaine de la Syrie

Les auditions parlementaires au Sénat américain sur le projet d'autorisation de l'usage de la force en Syrie débuteront la semaine prochaine, a annoncé samedi le chef de la majorité démocrate, qui a promis un vote la semaine du 9 septembre. "Le Sénat va s'engager immédiatement dans ce débat crucial, avec des auditions publiques et des réunions d'information pour les sénateurs la semaine prochaine", a déclaré dans un communiqué Harry Reid, chef des démocrates du Sénat.

Les auditions seront organisées par la commission des Affaires étrangères de la chambre haute du Congrès, et de hauts responsables de l'administration y participeront.

"Le Sénat votera sur la résolution durant la semaine du 9 septembre, au plus tard, comme l'a demandé l'administration Obama", s'est engagé M. Reid.

Un projet de résolution visant à autoriser l'usage de la force pour empêcher et dissuader de futures utilisations d'armes chimiques a été rendu public samedi par la Maison Blanche.

La Chambre des représentants, dominée par les républicains, débutera quant à elle les débats le 9 septembre, a annoncé son président, John Boehner.

Cameron dit "comprendre et soutenir" la décision d'Obama

Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré samedi soir sur son compte Twitter "comprendre et soutenir la position" du président américain Barack Obama qui a décidé de solliciter le feu vert du Congrès pour une action militaire en Syrie.

Le Parlement britannique s'est opposé jeudi à toute participation de Londres à des frappes contre le régime syrien, accusé d'avoir mené une attaque massive avec des armes chimiques contre la rébellion.

Au cours du débat parlementaire, qui s'est soldé par un camouflet pour le chef du gouvernement (285 voix contre une participation britannique à une action punitive, 272 voix pour), le Premier ministre n'a pas réussi à convaincre de l'opportunité d'une frappe, reconnaissant qu'il n'y avait "pas 100% de certitude" que le régime de Bachar al-Assad avait eu recours à des armes chimiques le 21 août.

Le président américain Barack Obama a écarté samedi l'idée d'une intervention imminente contre le régime syrien, tout en affichant sa détermination à agir avec le feu vert du Congrès.

Le débat au Congrès ne débutera pas avant le 9 septembre, ont annoncé samedi les responsables républicains de la Chambre des représentants

Ce vote interviendra ainsi après le sommet du G20, prévu les 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg (Russie).

L'opposition syrienne "déçue", pense que le Congrès US va approuver des frappes

L'opposition syrienne est "déçue" par la décision du président américain Barack Obama de solliciter un vote du Congrès avant des frappes contre l'armée syrienne, mais "pense que le Congrès va approuver" de telles frappes, a déclaré dimanche un responsable de l'opposition. Samir Nachar, membre de la direction de la Coalition nationale syrienne de l'opposition, joint au téléphone depuis Beyrouth, a dit à l'AFP: "on s'attendait à une frappe directe et imminente (...) mais nous pensons que le Congrès va approuver des frappes militaires".

Il s'est félicité du fait que le président "Obama se soit prononcé en faveur d'un recours à des frappes, mais il les a retardées de neuf jours".

"Nous avons ressenti une déception", a-t-il ajouté. "Mais, après le vote britannique, Barack Obama a voulu renforcer sa position et obtenir une couverture politique."

"Le rapport des services américains de renseignement contient des preuves irréfutables sur la responsabilité du régime dans cette attaque chimique", a-t-il ajouté. "Les membres du Congrès vont comprendre que le contexte est complètement différent de celui de l'Irak".

La Ligue arabe, qui se réunit dimanche, "va apporter un soutien très fort au recours à des frappes", a-t-il assuré. "La position turque est aussi très importante. Washington a besoin de ce soutien" a ajouté M. Nachar, basé à Istanbul.

Le Premier ministre turc s'est déclaré insatisfait vendredi d'une possible action militaire limitée contre la Syrie, estimant que toute intervention devait avoir pour objectif un changement de régime dans ce pays.

Le président américain Barack Obama a pris le monde par surprise samedi en annonçant sa décision de principe de frappes contre la Syrie, mais pas avant un feu vert du Congrès, écartant ainsi une action militaire à court terme.

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