Syrie: l'ex-chef de l'opposition réclame une initiative politique internationale

L'ex-chef de l'opposition syrienne, Moaz al-Khatib, a estimé mardi à Bruxelles que la communauté internationale devait lancer une initiative politique si une action militaire était engagée par les Etats-Unis et la France.

Belga

L'ex-chef de l'opposition syrienne, Moaz al-Khatib, a estimé mardi à Bruxelles que la communauté internationale devait lancer une initiative politique si une action militaire était engagée par les Etats-Unis et la France. "Nous devons avoir une initiative politique en cas d'action militaire", a déclaré M. al-Khatib devant des journalistes, à l'occasion d'une visite à Bruxelles où il a notamment rencontré la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.

"Une solution politique est possible car, pour la première fois, le régime est préoccupé" par la perspective de frappes, a ajouté M. al-Khatib, qui avait démissionné au printemps de la présidence de la Coalition de l'opposition. "Des membres du régime ont peur d'une action militaire. Ils sont donc prêts à un changement", selon lui.

Pour M. al-Khatib, Bachar al-Assad "reste la clé" d'une solution, qui passe "par son départ". En mai, il avait été le premier responsable de l'opposition à proposer d'accorder un sauf-conduit au président syrien pour qu'il quitte le pays.

Il s'est déclaré "sûr à 100%" que l'attaque du 21 août avait été perpétrée par le régime, même si la décision d'utiliser les armes chimiques a pu être prise par un responsable militaire.

Vivant actuellement au Caire, M. al-Khatib, qui a été imam d'une grande mosquée sunnite de Damas, se présente comme "un simple citoyen syrien (...) prêt à être un acteur du dialogue lorsque sera décidé l'avenir du pays".

Il a estimé que le conflit syrien n'était "pas une guerre civile". "Une très grande majorité de la population est prête à vivre ensemble", selon lui.

Obama engrange des soutiens

Barack Obama a reçu mardi le soutien clé au Congrès pour autoriser des frappes contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, au moment où le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon soulignait les risques d'une "action punitive".

Si l'issue des votes la semaine prochaine dans les deux chambres du Congrès des Etats-Unis restait incertaine, le président républicain de la Chambre des représentants a apporté son soutien au projet de frappes contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, en représailles de l'utilisation d'armes chimiques.

Le président américain, qui devait s'envoler mardi soir pour la Suède, s'est dit confiant sur l'issue de ces votes, et a une nouvelle fois mis l'accent sur le fait que toute intervention en Syrie serait "limitée" et "proportionnelle". "Cela n'implique pas de troupes au sol, ce n'est pas l'Irak, ce n'est pas l'Afghanistan", a-t-il souligné.

Ban Ki-Moon met en garde

Ban Ki-moon a de son côté mis en garde mardi contre les risques d'une "action punitive", mettant en avant l'impact qu'elle pourrait avoir "sur les efforts pour empêcher d'autres effusions de sang et faciliter un règlement politique du conflit".

Il a aussi estimé que toute action militaire devait passer par le Conseil de sécurité de l'ONU, qu'il a exhorté à "surmonter le blocage" actuel entre Occidentaux et Russes.

"Je demande aux membres (du Conseil) de s'unir et de définir une réponse appropriée au cas où les accusations (à propos des armes chimiques) se révèleraient vraies", a-t-il déclaré. "Ce problème dépasse le conflit en Syrie: il s'agit de notre responsabilité collective envers l'humanité".

Sur le terrain, les combats se poursuivaient. L'armée syrienne a repris mardi le contrôle de la ville stratégique d'Ariha dans la province d'Idleb (nord-ouest) à l'issue de dix jours de bombardement et de combats, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Depuis Istanbul, la coalition de l'opposition syrienne a dit redouter une nouvelle attaque au gaz toxique des forces fidèles à Damas, faisant état du mouvement de trois convois militaires chargés d'armes chimiques au cours des dernières 48 heures.

Plus de deux millions de réfugiés

Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a estimé mardi que le nombre de réfugiés syriens dépassait désormais les deux millions, soit huit fois plus qu'il y a un an, et que 4,25 millions de Syriens étaient déplacés à l'intérieur des frontières.

Au total, ce sont donc plus de six millions de personnes qui sont déracinées, soit plus du quart des 22 millions d'habitants de la Syrie.

Le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés Antonio Gutteres a estimé mardi matin que la Syrie était "devenue la grande tragédie de ce siècle, une calamité humanitaire indigne avec des souffrances et des déplacements de population sans équivalent dans l'Histoire récente".

A la fin août, le Liban (716.000 réfugiés syriens) et la Jordanie (515.000 réfugiés) étaient les plus affectés par la crise, selon le HCR.

L'Union européenne s'est alarmée mardi de ce "cap épouvantable" tout en prévenant que ce nombre allait augmenter, "la violence devenant plus brutale et inhumaine".

La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a dit craindre également que "la région entière" n'atteigne "bientôt un point de rupture", tandis qu'Amnesty International a parlé d'une "crise humanitaire désespérée".

A Damas, les déplacés ont remplacé les touristes. Dans des hôtels décrépits du secteur populaire de Marjé à Damas, plusieurs dizaines d'entre eux vivent ainsi, certains depuis plus d'un an, entassés dans des chambres de 15m2 où ils cuisinent dans les salles de bain.

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