L’amour de l’Italie du Cavaliere a bon dos

Dupont Valérie
L’amour de l’Italie du Cavaliere a bon dos
©AP

"Pour tenter de justifier son geste fou et irresponsable, dont le seul but est de résoudre ses problèmes personnels, Silvio Berlusconi tente de nous faire porter le chapeau" , affirmait le Premier ministre Enrico Letta sur les réseaux sociaux, quelques minutes après l’annonce de la démission des ministres de Silvio Berlusconi.

Ce n’est pourtant pas la première fois que l’Italie tangue politiquement à cause des affaires judiciaires de celui qui se plaint d’être l’homme le plus persécuté du pays. "Lorsque je suis entré en politique, les projectiles des magistrats ont commencé à siffler pour tenter de renverser mon gouvernement" , affirmait Silvio Berlusconi en 1998, omettant de rappeler que, déjà en 1990, il fut condamné puis amnistié pour faux témoignage et qu’en 1992 et 1993, son groupe financier faisait l’objet d’enquêtes approfondies. De là à dire qu’il a finalement décidé de se lancer en politique, en janvier 1994, pour se protéger de la Justice, il n’y a qu’un pas que certains dans le passé ont franchi. Enzo Biagi, célèbre journaliste décédé en 2007, affirmait que Silvio Berlusconi avouait souvent : "Si je ne me jette pas en politique, ils me mettront en prison et pousseront mes entreprises à la faillite."

Dans son livre, "Ad Personam", le journaliste Marco Travaglio reprend méthodiquement les nombreux textes de loi promulgués par Silvio Berlusconi à usage personnel. Loi d’amnistie, loi pour dépénaliser le faux en écriture des bilans comptables, loi pour autoriser le groupe Mediaset (propriété de la famille Berlusconi) à posséder plusieurs chaînes de télévision, loi pour augmenter la TVA des chaînes par satellite concurrentes de Mediaset, loi pour éliminer les droits de succession des grosses fortunes, loi pour permettre au président du conseil de ne pas se présenter devant les tribunaux…

Selon Marco Travaglio, le pouvoir politique serait donc une sorte d’assurance judiciaire pour Silvio Berlusconi. Voilà pourquoi, il serait prêt à tout pour retrouver le pouvoir, allant jusqu’à corrompre des sénateurs afin de saboter le gouvernement de Romano Prodi en 2008.

Silvio Berlusconi est aujourd’hui inculpé de corruption par le parquet de Naples, soupçonné d’avoir versé 3 millions d’euros au sénateur Sergio De Gregorio pour qu’il change de camp. "Je n’ai jamais placé ma propre personne avant les intérêts du pays" , affirme-t-il dans un message envoyé à ses partisans ce dimanche, bien que les faits montrent le contraire : l’instabilité politique de ces vingt dernières années a souvent été liée à ses problèmes personnels. Valérie Dupont, à Rome

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