Syrie : un obus est tombé sur le monastère de Mère Agnès à Qara
C’est la deuxième fois en un an. Avant l’offensive de l’armée, il a été protégé par l’ASL, nous dit-elle.
Publié le 24-11-2013 à 12h31 - Mis à jour le 02-12-2013 à 14h37
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Le monastère de Qara en Syrie n’a pas été inquiété par les jihadistes du Front Al-Nosra, grâce au soutien de l’Armée syrienne libre (ASL) mais a été légèrement endommagé cette semaine par des tirs d’obus lors de l’offensive de l’armée syrienne, a indiqué vendredi à "La Libre Belgique" la supérieure de ce monastère, Mère Agnès-Mariam de la Croix. La ville de Qara a été reprise mardi par l’armée syrienne après un bombardement intensif. Depuis des mois, elle était aux mains des rebelles, notamment du Front Al-Nosra, considéré comme proche d’al Qaeda. Mais l’ASL a interdit aux jihadistes d’importuner la petite communauté chrétienne qui y vit, avec une vingtaine de réfugiés sunnites de Qousseir. Deux religieux belges, le père Daniel Maes et le frère Alexandre de Keukelaere, y sont toujours.
"L’attaque de l’armée syrienne a duré trois jours", raconte par téléphone la religieuse, de passage à Londres. "Le monastère se trouvait entre l’armée qui opérait à hauteur du village de Hmeira et le front Al-Nosra, positionné au pied des montagnes vers le Liban. Avec la contre-attaque de l’armée, nous étions dans le champ de tir. La tour (du monastère, NdlR) a été atteinte par un obus de gros calibre qui a fait un trou d’un mètre dans la façade ouest, ce qui a provoqué l’écroulement d’une partie de la voûte."
Mère Agnès vit au Liban depuis juin 2012 en raison de menaces sur sa sécurité. Cette religieuse controversée a été accusée de soutenir le régime de Bachar Al-Assad et, dans un livre, d’avoir ourdi la mort du reporter de France 2, Gilles Jacquier, ce qu’elle dément fermement et devant la justice.
Sous abri lors des raids
Ce n’est pas la première fois que le monastère a été endommagé, selon Mère Agnès. En août 2013, des hélicoptères de l’armée syrienne ont tiré trois obus dans l’enceinte du monastère (voir photo) alors qu’ils tentaient de viser les caches d’armes que les rebelles d’Al-Nosra avaient installés dans des canaux souterrains d’eau alimentant le monastère. Néanmoins, les membres de la communauté religieuse n’ont pas été blessés, ni subi d’attaques des jihadistes.
La vie a continué, vaille que vaille. "La communauté ne sortait plus du monastère. C’est l’ASL qui achetait notre pain et nous défendait des rebelles qui venaient du village de Flitta", dit la religieuse. "La communauté a vécu dans la peur. Il y avait un abri pour les raids, la crypte, et dans le cas d’une invasion, on avait préparé un abri dans la tour avec des provisions."
Qara est une ville de 23000 habitants, à environ 100 km au nord de Damas. Sa capture par l’armée régulière a une valeur stratégique car elle bloque un accès direct des rebelles au Liban. Elle fait partie de la région de Qalamoun où l’armée syrienne mène actuellement une large offensive pour déloger les rebelles. Paniqués, près de 6 000 habitants de Qara se sont réfugiés à Aarsal, à l’est du Liban, selon le HCR.
En l’absence de tout reportage indépendant à Qara, il est difficile de savoir ce qui s’y passe réellement. Un "habitant" affirme sur Facebook que la ville a été en grande partie détruite par l’armée syrienne et que le Hezbollah se livrait vendredi à des pillages tandis que l’agence de presse officielle syrienne SANA publie des photos de quartiers largement épargnés.
Des réfugiés interrogés à Aarsal ont indiqué à NOW, un site web libanais, que les notables de la ville avaient dans un premier temps réussi à convaincre les commandants de l’armée syrienne de ne pas bombarder la ville. Ceux-ci auraient finalement décidé d’attaquer la ville en raison du refus des habitants de livrer les activistes et de la prise, le 6 novembre, par les rebelles d’un important dépôt d’armes à Mouhin, qu’ils voulaient neutraliser.Christophe Lamfalussy