Un Battlegroup sans mission
L’Europe dispose d’un bataillon prêt à intervenir. Il s’entraîne à Elsenborn.
- Publié le 23-01-2014 à 08h48
- Mis à jour le 23-01-2014 à 08h51
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Un soldat, c’est bien connu, se prépare à tout. Voilà pourquoi un “Battlegroup” (EUBG) de l’Union européenne, emmené par la Belgique, est en train de s’exercer dans les Fagnes, à Elsenborn, pour être opérationnel et en stand-by au second semestre de 2014.
Un “Battlegroup”, c’est plus de 2 500 soldats, lourdement équipés, capables de se projeter à au moins 6 000 km de distance dans un temps record de 15 jours.
La Belgique aura cette responsabilité durant le second semestre. Près de 1 800 soldats seront détachés, assistés d’un fort contingent de Néerlandais, mais aussi d’Allemands, d’Espagnols, de Macédoniens et de Luxembourgeois.
Le problème est que cette force d’interposition aura très peu de chances d’être déployée. Malgré leurs engagements au sommet d’Helsinki en 1999, où ils avaient promis de lancer des opérations militaires “ là où l’OTAN en tant que telle n’est pas engagée”, les Européens continuent de préférer des formules bilatérales comme en Libye ou au Mali, ou sous le couvert de l’Otan, comme en Afghanistan. Le “Battlegroup” existe cependant depuis 2007, pris en charge tous les six mois par un nouveau groupe de pays.
Les grands pays hésitent
“ Le temps n’est pas encore venu”, a dit hier Pieter De Crem, en visite à Elsenborn. “ Un déploiement de l’EUBG, dont nous serons à la tête au second semestre, sera peu probable.”
Français et Britanniques, notamment, se sont opposés à son déploiement en Centrafrique, lui préférant une force de 5 à 600 soldats sous la tutelle de l’armée française, ainsi plus libre de ses mouvements dans son ancienne colonie. Jusqu’ici, l’UE n’a mené qu’une seule opération militaire propre, “Atalanta”, qui a lutté avec succès contre la piraterie au large de la Somalie.
Mercredi, l’EUBG s’entraînait cependant comme si de rien n’était. Et les officiers simulaient une opération de secours vers une colonne de 500 réfugiés pris dans un conflit au “Blueland”, un pays hypothétique entre le “Redland” (France) et le “Oranjeland” (Pays-Bas).
“ Avec l’échange d’informations qu’on a ici, on fait vraiment un pas en avant”, s’enthousiasme le lieutenant-colonel Patrick Gélise, qui a déjà effectué deux missions à Kaboul, en Afghanistan. Le militaire belge ne note pas de différence majeure entre une opération de l’Otan ou de l’UE, sinon l’accent que mettent les Européens sur les conséquences de leurs interventions.
La préparation d’un “Battlegroup”, qui prend plusieurs mois, “ ne coûte pas un euro de plus” à la Défense nationale, a précisé M. De Crem, “ puisqu’il s’inscrit dans le budget des opérations et entraînements”. Les soldats enrôlés doivent être capables de parler correctement l’anglais et se revoient à intervalles réguliers aux différentes étapes menant à l’activation de l’EUBG. Les moyens mis en œuvre sont lourds. Ils incluent des blindés Dingo et Pandur, des véhicules de combat Piranha et CV 90, qu’il faudra transporter par Antonov ou via le pooling de transport des Etats membres (EATC) sur le terrain des opérations.
“ Nous devons être capables d’agir dans n’importe quel conflit”, souligne le général Hubert De Vos, chef de la composante Terre. Ce dernier a mis en garde l’Europe sur le fait qu’elle n’est pas “ hors de la zone rouge” avec les conflits et les tensions à proximité, au Moyen-Orient et en Afrique.