La Belgique prête à renouer avec l'Iran
La Belgique s'est montrée dimanche prête à renouer les liens importants qu'elle avait par le passé avec l'Iran, à condition toutefois que "la confiance" puisse être renouée par la conclusion d'un accord définitif sur le programme nucléaire iranien.
Publié le 23-02-2014 à 18h35 - Mis à jour le 05-03-2014 à 07h02
La Belgique s'est montrée dimanche prête à renouer les liens importants qu'elle avait par le passé avec l'Iran, à condition toutefois que "la confiance" puisse être renouée par la conclusion d'un accord définitif sur le programme nucléaire iranien, est-il ressorti dimanche d'entretiens à Téhéran entre le ministre belges des Affaires étrangères Didier Reynders et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, ainsi que le président iranien, Hassan Rohani.
Soumise à des sanctions économiques depuis plusieurs années, la république islamique s'est elle aussi montrée désireuse d'un rapprochement économique avec la Belgique.
"L'Iran est ouvert au business", a indiqué dimanche le chef de la diplomatie iranienne, mettant en avant le climat d'affaires "sûr et stable" dans son pays.
M. Zarif a ouvertement appelé les investisseurs belges à retrouver la route de l'Iran pour "se positionner stratégiquement maintenant que nous évoluons vers une levée des sanctions", a-t-il ajouté, en référence à la conclusion d'un accord intérimaire en janvier dernier entre la république islamique et l'Occident sur les activités nucléaires du pays.
Une mission économique belge devrait se rendre prochainement dans le pays, où nombre d'hommes d'affaires européens sont déjà venus en éclaireurs ces dernières semaines.
L'Iran offre en effet plusieurs opportunités aux sociétés belges, notamment dans le secteur de la construction, des médicaments ou de l'alimentation.
Le président américain Barack Obama a toutefois lancé récemment un avertissement clair aux entreprises occidentales tentées de conclure dès à présent des contrats avec l'Iran, officiellement toujours sous sanction.
Le ministre belge Didier Reynders a lui aussi insisté pour que le pays approuve un accord international "transparent et vérifiable" sur son programme nucléaire avant toute signature de contrats commerciaux.
"Il est trop tôt pour un rétablissement des relations économiques, mais il est de mon devoir de réagir à toute évolution positive. C'est le bon moment pour une visite politique", a commenté le chef de la diplomatie belge.
Depuis l'arrivée au pouvoir du président considéré modéré Hassan Rohani, et la conclusion de l'accord intérimaire, l'heure est à l'optimisme prudent.
Pour M. Reynders, il s'agit maintenant de reconstruire une "relation de confiance" après les années de confrontation avec l'ancien président Ahmadinejad. Les délégations européennes se succèdent en effet à Téhéran depuis lors.
Même si MM. Obama et Rohani ont récemment eu un entretien téléphonique qualifié d'historique, la méfiance envers les Américains reste toujours très importante en Iran. Le chef spirituel, l'ayatollah Ali Khamenei, jugeait encore en début de semaine que les négociations sur le programme iranien ne "mèneraient à rien".
"Il est sceptique envers les intentions des Etats-Unis, mais il a souligné également que l'Iran respecterait ses engagements", a toutefois tenu à clarifier le chef de la diplomatie iranienne à l'occasion de la visite belge.
Outre le dossier nucléaire, Belges et Iraniens ont aussi évoqué à l'occasion de ce voyage la situation en Syrie, où l'Iran est l'un des principaux soutiens au régime de Bachar al-Assad.
Le ministre belge a également formulé le voeu de pouvoir ouvrir un "dialogue ouvert" avec l'Iran sur les thèmes de la peine de mort (toujours pratiquée dans la république islamique), de la liberté d'expression et des droits des femmes. Selon M. Reynders, les Iraniens se sont d'ailleurs montrés disposés à recevoir Stavros Lambrinidis, l'envoyé spécial de l'UE pour les Droits de l'homme.
"En tant qu'Européens, nous n'avons pas de leçons à donner", juge M. Reynders. "Nous pouvons seulement partager nos expériences".