La Russie appelle Kiev à cesser "toute action militaire"

La Russie a appelé vendredi les autorités de Kiev à interrompre "toute action militaire" dans l'Est de l'Ukraine, alors que l'armée ukrainienne assiège les séparatistes pro-russes dans la ville de Slaviansk, dans l'Est, sans toutefois donner l'assaut.

AFP
La Russie appelle Kiev à cesser "toute action militaire"
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La Russie a appelé vendredi les autorités de Kiev à cesser "toute action militaire" dans l'Est de l'Ukraine, alors que l'armée ukrainienne assiège les séparatistes pro-russes dans la ville de Slaviansk, dans l'Est, sans toutefois donner l'assaut.

"La Russie appelle à cesser immédiatement toute action militaire et la violence, au retrait des troupes et à la mise en oeuvre complète par la partie ukrainienne de l'accord de Genève", a écrit dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères.

"Cela aboutirait à un début de désescalade" poursuit le ministère, qui ajoute que la Russie soutient toujours la "pleine mise en oeuvre" de l'accord de Genève, qui prévoit notamment le désarmement des groupes armés illégaux et l'évacuation des bâtiments occupés dans les villes ukrainiennes, dans la capitale comme dans l'Est.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a, pour sa part, souligné vendredi, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, "le rôle important de l'OSCE dans le dialogue entre les autorités de Kiev" et les insurgés.

Le pouvoir ukrainien a décidé de mettre en place "un blocus" de Slaviansk, bastion pro-russe dans l'Est du pays, afin d'empêcher les insurgés "de recevoir des renforts". Jeudi, les blindés ukrainiens y avaient lancé un assaut bref mais meurtrier.

Par ailleurs le ministère ukrainien de l'Intérieur a annoncé vendredi que sept observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont été capturés et sont retenus par les séparatistes à Slaviansk.

Les dirigeants ont "évoqué" de nouvelles sanctions contre Moscou

Les dirigeants américain Barack Obama, français, François Hollande, allemand, Angela Merkel, britannique, David Cameron et italien, Matteo Renzi, ont "évoqué" la possibilité de prendre de nouvelles sanctions contre Moscou face à la dégradation de la situation en Ukraine, a indiqué l'Elysée vendredi dans un communiqué.

"Les chefs d'Etat et de gouvernement ont appelé à une réaction rapide du G7 et évoqué l'adoption de nouvelles sanctions par la communauté internationale à l'encontre de la Russie", a précisé l'Elysée à l'issue d'une conférence téléphonique. "Ils ont rappelé leur exigence que le processus démocratique en Ukraine puisse être mené à bien", jugeant que "la tenue de l'élection présidentielle le 25 mai prochain est essentielle pour permettre aux Ukrainiens de décider librement et en toute transparence de leur avenir", toujours selon la présidence française.

Pour Barack Obama et les dirigeants européens, "la Russie, conformément aux engagements qu?elle a pris à Genève, doit contribuer à la désescalade, en s'abstenant de déclarations provocatrices ou de manœuvres d'intimidation".

"L'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine doivent être pleinement respectées", ont-il insisté.

D'une manière générale, ils ont "souligné l'importance d'une mise en oeuvre effective de l'accord de Genève du 17 avril dernier, afin de permettre une sortie de crise en Ukraine et prévenir la dégradation de la situation sur le terrain". Ils sont également "convenus de demander le renforcement du rôle de la mission d?observation de l'OSCE en Ukraine", a ajouté l'Elysée.

En visite à Séoul, Barack Obama avait indiqué un peu plus tôt dans la journée qu'il entendait consulter les principaux dirigeants européens sur de possibles nouvelles sanctions contre la Russie. Des responsables américains ont toutefois assuré que ces sanctions ne seraient envisagées que dans l'hypothèse d'une intervention des forces régulières de l'armée russe dans l'est de l'Ukraine.

La CPI ouvre une enquête en Ukraine

La procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête préliminaire sur les crimes commis avant et pendant la chute de l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, a annoncé vendredi la CPI.

"La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a décidé d'ouvrir une enquête préliminaire sur la situation en Ukraine afin de déterminer si (...) les critères nécessaires à l'ouverture d'une enquête (au long cours) sont réunis", a indiqué la CPI dans un communiqué.

Elle "examinera les questions de juridiction, d'admissibilité et de l'intérêt de la justice" pour décider si une enquête complète est justifiée, a précisé la CPI.

"Si elle trouve qu'il y a une base suffisante pour justifier une quête, c'est elle qui en fera la demande aux juges de la Cour", a précisé à l'AFP le porte-parole de la CPI Fadi El Abdallah.

L'Ukraine, qui n'a pas ratifié le statut de Rome fondant la CPI, a toutefois indiqué un peu plus tôt ce mois-ci qu'elle acceptait la juridiction de la CPI pour l'enquête sur les événements allant du 21 novembre au 22 février derniers, et avait même demandé cette enquête.

Angela Merkel confie sa "grande inquiétude" à Poutine

La chancelière Angela Merkel a exprimé "sa grande inquiétude" sur la situation en Ukraine, lors d'une conversation téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, a indiqué vendredi le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert. La chancelière "a exprimé, lors de cette conversation téléphonique, sa grande inquiétude à propos de la situation tendue dans l'est de l'Ukraine et a dit attendre du gouvernement russe qu'il manifeste clairement son approbation de l'accord de Genève et qu'il travaille à sa mise en oeuvre", a dit M. Seibert, lors d'un point presse régulier à Berlin.

"L'évolution dans l'est de l'Ukraine est sérieuse, inquiétante. Ce qui s'est passé depuis Genève est absolument décevant, tout particulièrement du côté russe, nous ne pouvons constater aucun progrès", a déclaré M. Seibert. Du côté ukrainien, le gouvernement "s'est apparemment mis au travail", a-t-il ajouté.

Interrogé sur d'éventuelles nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie, qui devaient faire l'objet d'une conférence téléphonique dans la journée entre le président américain Barack Obama et des responsables européens, dont Mme Merkel, M. Seibert n'a rien exclu.

"Des sanctions sont déjà mises en oeuvre, mais on doit regarder les faits. Au cas où rien ne change, il est important d'être prêts à d'autres", tout en cherchant à maintenir le dialogue et à chercher à saisir toute possibilité de solution politique, et en aidant l'Ukraine et ses citoyens, a-t-il déclaré.

"La Russie devrait publiquement clairement montrer qu'elle soutient totalement la déclaration de Genève et devrait exiger des groupes armées pro-russes en Ukraine qu'ils se comportent de façon pacifique et déposent les armes", a continué M. Seibert.

"Une troisième guerre mondiale"

Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a accusé vendredi la Russie de vouloir lancer une "une troisième guerre mondiale" en soutenant l'insurrection séparatiste dans l'est de l'Ukraine, appelant la communauté internationale à "s'unir contre l'agression russe".

"Les tentatives d'agression de l'armée russe sur le territoire de l'Ukraine mèneront à un conflit sur le territoire de l'Europe. Le monde n'a pas oublié la Seconde guerre mondiale et la Russie veut lancer une troisième guerre mondiale", a-t-il déclaré lors d'un conseil des ministres. "Le soutien de la Russie aux terroristes en Ukraine constitue un crime international, et nous appelons la communauté internationale à s'unir contre l'agression russe".

Lavrov accuse les Etats-Unis de vouloir "dénigrer la Russie"

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé vendredi les Etats-Unis de vouloir dénigrer la Russie et a jugé le ton de son homologue américain John Kerry "inacceptable".

M. Lavrov a affirmé que "la propagande américaine" avait pour but de "dénigrer la Russie, dénigrer ceux qui protestent contre les actes illégaux des autorités (de Kiev, ndlr) qui essaient d'interdire le russe et de faire de tous les Russes et russophones des ennemis qui devraient être tués".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a accusé jeudi Moscou de n'avoir pris aucune initiative pour mettre en oeuvre l'accord conclu à Genève et l'a mis en garde contre une "erreur coûteuse".

Il a aussi accusé le réseau télévisé RT, financé par le Kremlin et autrefois connu sous le nom Russia Today, de "promouvoir la vision fantaisiste du président (Vladimir) Poutine de ce qui se passe sur le terrain".

M. Lavrov a fustigé les propos de son homologue et défendu RT comme un concurrent "sérieux" de CNN et de la chaîne britannique BBC.

"Ils nous accusent d'enclencher - et John Kerry l'a dit hier dans sa déclaration, sur un ton inacceptable, un ton de procureur - il nous accuse d'enclencher la machine de propagande de Poutine, Russia Today", a-t-il dit.

"Vous savez, parler ainsi d'un média n'est sans doute pas très poli", a dit M. Lavrov.

La rédactrice en chef de RT, Margarita Simonian, a réclamé vendredi des excuses du Département d'Etat.

"Nous avons l'intention d'envoyer une requête officielle au Département d'Etat américain pour lui demander de nous montrer des exemples concrets montrant que RT a dénaturé des faits, et demander des excuses", a-t-elle dit, citée dans un communiqué.

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