France: un (bon) webdocumentaire sur l'immigration maghrébine des années 60
A travers ce reportage, ces hommes évoquent leurs premières impressions vis-à-vis de leur terre d'accueil, le mal du pays, les familles disloquées, l'argent envoyé au pays, la création de bidonvilles en périphérie des agglomérations, le travail au noir...
- Publié le 17-09-2014 à 11h08
- Mis à jour le 17-09-2014 à 12h44
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Cette année, la Fédération Wallonie Bruxelles (FWB) a fêté les cinquante ans d'immigration marocaine en Belgique. Le 17 février 1964, les deux pays signaient, en effet, un accord bilatéral relatif au recrutement de la main d'oeuvre marocaine pour l'économie belge. En France, un webdocumentaire, hébergé par France 24 et intitulé "Chibanis, l'éternel exil des travailleurs maghrébins" évoque le destin de plusieurs milliers de personnes qui ont quitté l’Algérie, le Maroc et la Tunisie alors qu’ils étaient de jeunes adultes. Ces chibanis (cheveux blancs en arabe dialectal) sont arrivés après la Seconde Guerre mondiale pour reconstruire le pays durant les Trente Glorieuses avec en tête l'espoir d'un avenir meilleur.
A travers ce reportage, ces hommes évoquent un âge d'or où "les patrons viennent embaucher dans les cafés", leurs premières impressions vis-à-vis de leur terre d'accueil, le mal du pays, les familles disloquées, l'argent envoyé au pays, la création de bidonvilles en périphérie des agglomérations, le travail au noir...
Ce travail journalistique permet, en outre, de parler de la condition actuelle de certains chibanis. Malgré une vie de labeur, nombre d'entre eux sont ainsi frappés par une extrême précarité. Des mécanismes existent. Certains touchent l'Aspa (l'allocation de solidarité aux personnes âgées) en complément de leur retraite. Une aide qui leur permet de toucher l'équivalent de 787,26 euros par mois pour une personne vivant seule. "Pour obtenir l'Aspa il y a des conditions (...), on ne doit pas quitter le territoire plus de 180 jours. Or, ce public est illettré et il n'y a pas eu assez de sensibilisation sur ces conditions. Ces gens ont fait la navette et ne savaient pas qu'ils ne devaient pas dépasser ce temps-là", explique Zorah Ferhat de l'association "L'Olivier des sages" qui lutte contre l'isolement des aînés. L'administration leur a donc demandé donc de rembourser leur dette. Parfois plus de 22.000 euros... "Ce n'était pas tant l'argent qui posait un problème moral pour ces populations. C'était l'injustice qui les frappait. On les a accusés de fraude alors qu'ils ne connaissaient pas les règles du jeu."
Les chibanis ont fait l'objet récemment d'une attention des pouvoirs publics.