Auditions européennes: les 12 mauvais quarts d'heure de Cañete
C'était l'audition la plus attendue mercredi au Parlement européen. Celle du très controversé Espagnol Cañete, auquel le président Juncker a confié le portefeuille de l’Action pour le climat et l’énergie mais à qui on reproche ses liens tissés avec les compagnies pétrolières. A-t-il convaincu? Réponse dans le billet d'ambiance de notre journaliste sur place.
- Publié le 02-10-2014 à 08h22
- Mis à jour le 02-10-2014 à 09h19
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C'était l'audition la plus attendue mercredi au Parlement européen. Celle du très controversé Espagnol Miguel Arias Cañete, auquel le président Juncker a confié le portefeuille de l’Action pour le climat et l’énergie mais à qui on reproche ses liens tissés avec les compagnies pétrolières. Ambiance.
Cañete entonne “femmes, je vous aime”…
L’Espagnol Miguel Arias Cañete, auquel le président Juncker a confié le portefeuille de l’Action pour le climat et l’énergie savait qu’il devait s’attendre à passer un mauvais quart d’heure (enfin, douze mauvais quarts d’heure) lors de son audition devant les commissions de l’Energie et de l’Environnement, mercredi soir. En cause, ses liens – auxquels il a mis un terme, a-t-il assuré – avec les sociétés pétrolières Petrolífera Dúcar and Petrologis Canaris. Sans oublier un commentaire sexiste à l’endroit d’une adversaire socialiste à l’issue d’un débat télévisé. Avant son audition, une manifestation avait été organisée à Bruxelles par les Verts et la gauche radicale, tandis qu’une pétition contre sa nomination avait recueilli 300 000 signatures. On a connu accueil plus chaleureux.
D’entrée de jeu, le conservateur espagnol a présenté ses excuses pour ses “malheureux” propos machistes. Puis, plus tard, a glissé que, d’ailleurs, son chef de cabinet serait une femme. Alors, hein, vous voyez que je suis pour l’égalité des genres.... Ce qui n’a pas empêché la lib-dem britannique Catherine Baerder de revenir sur le sujet, s’excusant, avec une fausse ingénuité “de lui poser une question complexe, en tant que femme”.
Accusé d’être un défenseur acharné des énergies fossiles, Miguel Arias Cañete a par ailleurs répété aussi souvent qu’il a pu qu’il n’était pas un climatosceptique et que les énergies renouvelables, c’est important. “L’homme à abattre” a démontré qu’il connaissait les dossiers dont il aura la charge (enfin peut-être).
… et assure avoir réglé ses affaires de famille
Mais c’est surtout sur le terrain des conflits d’intérêts que l’homme était attendu. “Ni moi, ni ma femme, ni mon fils n’avons plus de participation” dans les deux sociétés pétrolières, a assuré le commissaire-désigné. “Oui, mais, et votre beau-frère ?”, ont questionné en boucle plusieurs eurodéputés. “Ce n’est pas ma famille directe”, a défendu le señor Cañete, pas trop convaincant sur le coup.
Les élus du Parti populaire européen sont montés au front pour soutenir “leur” commissaire, assurant la claque et multipliant les déclarations de confiance en son intégrité. Pas sûr cependant que cela suffira. Pas plus que la déclaration finale du commissaire-désigné, qui jure la main sur le cœur qu’il mènera “avec enthousiasme” la lutte contre le changement climatique, pour lui assurer un vote positif. Qui interviendra, tiens, tiens, en même temps que celui sur le socialiste français Pierre Moscovici, nommé aux Affaires économiques et financières. Lequel sera auditionné ce matin et doit s’attendre à être secoué par le PPE. Moralité : si Cañete “saute”, le souffle de la déflagration pourrait emporter Moscovici. C’est beau, la politique.