Serbie: l'ultranationaliste Seselj acclamé par 10.000 personnes
Ce rassemblement était vu comme un test de l'impact qu'exerce sur l'opinion serbe M. Seselj, revenu en Serbie mercredi après près de 12 ans d'emprisonnement au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) où il était jugé pour crimes de guerre sans qu'un verdict ne soit prononcé.
Publié le 15-11-2014 à 15h36 - Mis à jour le 15-11-2014 à 15h39
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Environ 10.000 personnes ont acclamé l'ultranationaliste Vojislav Seselj, remis en liberté provisoire par le TPIY, lors d'une manifestation samedi à Belgrade pour dénoncer l'orientation pro-européenne du pouvoir en place.
Ce rassemblement était vu comme un test de l'impact qu'exerce sur l'opinion serbe M. Seselj, revenu en Serbie mercredi après près de 12 ans d'emprisonnement au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) où il était jugé pour crimes de guerre sans qu'un verdict ne soit prononcé.
"Je m'attendait à plus de monde car le Parti radical (ndlr: SRS, de M. Seselj) est une formation bien organisée", a commenté l'analyste politique Dusan Janjic. "L'opinion publique n'a clairement pas montré beaucoup d'intérêt pour le retour de M. Seselj. La Serbie a beaucoup changé pendant son absence", a-t-il déclaré à l'AFP.
La foule, qui brandissait des drapeaux serbes, mais aussi russes, ainsi que des portraits du président russe Vladimir Poutine et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "non à l'UE et à l'OTAN", a acclamé M. Seselj lorsqu'il a fait son entrée sur une scène dressée place de la République.

"Notre héros est de retour!", s'est écrié Radoslav Popovic, un chômeur de 54 ans. "Nous n'attendrons pas la fin du mandat de ce gouvernement. Dès l'année prochaine, nous aurons des élections que le SRS va remporter", a lancé M. Seselj, qui a été remis en liberté pour des raisons de santé et souffre d'un cancer du côlon.
"La Serbie doit décider si elle doit aller à l'est (ndlr: vers la Russie) ou vers l'ouest où se trouvent tous ses ennemis", a-t-il martelé. "Il nous faut nous tourner vers la Russie, une adhésion à l'Union européenne serait une véritable catastrophe pour le peuple serbe", a-t-il insisté. "Toutefois nous ne voulons pas de conflit avec l'UE, si l'Union accepte de coopérer avec nous sur un pied d'égalité, pourquoi pas", a néanmoins tempéré le leader ultranationaliste.
M. Seselj a annoncé qu'il entendait "revitaliser et réorganiser" son parti, "attirer de nouveaux membres" qui seront recrutés parmi "tous ceux qui sont mécontents" pour atteindre son but et chasser du pouvoir ses anciens proches alliés, l'actuel président Tomislav Nikolic et son premier ministre Aleksandar Vucic, qu'il a qualifiés de "renégats et de traîtres". Ses sympathisants lui vouent une confiance totale.
"Il est le seul à pouvoir redresser la Serbie", estime Milanka Stupljanin, 29 ans, employée dans une épicerie."Il va nous débarrasser de ces laquais de l'Europe au pouvoir", renchérit Petar Radojkovic, 47 ans, ouvrier dans le bâtiment.Le retour de M. Seselj à Belgrade représente un moment délicat pour MM. Vucic et Nikolic qui ont quitté en 2008 le SRS - alors que M. Seselj était depuis cinq ans à La Haye -, pour créer leur propre parti d'orientation pro-européenne.
Mais ces derniers se sont abstenus de tout commentaire depuis son retour. Interrogé sur cette question, le Premier ministre s'est borné à dire qu'il lui souhaitait une "bonne santé".
Depuis que M. Seselj s'est rendu au TPIY en 2003, pour répondre d'accusations de crimes de guerre durant les conflits ayant déchiré l'ex-Yougoslavie dans les années 1990, toutes les formations nationalistes, à commencer par son SRS, sont en chute libre et n'ont pas de représentant au Parlement.