Des soldats burundais au Congo
Le rapport du groupe d'experts onusiens sur le Congo, qui doit être rendu public dans les prochains jours, évoque le déploiement de l'armée burundaise dans l'est du Congo. L'État avait pourtant démenti.
Publié le 07-01-2015 à 18h52 - Mis à jour le 08-01-2015 à 14h30
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/O2KN72VIDBCXXLEH6F7EJK2GY4.jpg)
Un rapport de l’Onu dénonce ce que l’Etat a démenti.Selon nos confrères de Radio France Internationale (RFI), qui se sont procuré le rapport du groupe d’experts onusiens sur le Congo qui doit être rendu public dans les prochains jours, le texte évoque le déploiement de l’armée burundaise dans l’est du Congo, frontalier avec le Burundi.
Cette présence a été démentie par Bujumbura et Kinshasa après avoir été dénoncée par des témoins et organisations de la société civile des deux pays l’an dernier. Mais, en octobre 2014, les troupes burundaises avaient quitté, au vu de tous, le Congo où elles se trouvaient "depuis plus d’une année", selon l’agence de presse congolaise APA.
Selon RFI, mercredi, le rapport onusien "fait également état de témoignages sur la présence au Congo d’Imbonerakure, la jeunesse du parti au pouvoir au Burundi". Pour avoir dénoncé cette présence, le défenseur des droits de l’homme Pierre-Claver Mbonimpa est poursuivi par la justice burundaise et a été incarcéré 4 mois.
Embargo de l’Onu violé
Les Imbonerakure se sont illustrés, au Burundi, par le harcèlement des opposants et par des actes de violence. Selon RFI, le rapport onusien fait état de "témoignages concordants" sur l’entraînement de cette milice partisane sous uniformes de l’armée burundaise et sous la direction du "major Kazungu, des renseignements burundais".
Leur entraînement au Congo est survenu alors que le gouvernement de Bujumbura opérait une répression croissante envers l’opposition et la société civile à la veille d’élections générales cette année.
Le rapport des experts de l’Onu, selon RFI, évoque aussi des viols commis par des hommes en uniforme burundais, sans que l’on sache s’ils étaient soldats ou Imbonerakure.
Enfin, les experts onusiens, selon RFI, "dénoncent le fait que Bujumbura n’ait pas notifié la présence de ses troupes en soutien aux FARDC", l’armée congolaise, "ni l’acheminement d’armes au Congo. C’est pourtant ce que prévoit la résolution 1807 sur l’embargo sur les armes et, ce, même si le gouvernement avait donné son accord pour ce déploiement".
Accord secret
L’agence congolaise APA évoquait, en septembre dernier, "un accord secret" qui aurait été signé entre Bujumbura et Kinshasa pour permettre à l’armée burundaise de poursuivre au Congo les rebelles burundais FNL (revenus à la clandestinité après les élections de 2010, boycottées par l’opposition). "Une décision difficile à avouer aujourd’hui, dit-on, quand le gouvernement congolais refuse le même droit de poursuite au Rwanda contre les FDLR", les rebelles hutus rwandais issus des génocidaires, qui ensanglantent depuis 20 ans l’est du Congo, où ils ont néanmoins, à plusieurs reprises, servi de troupes d’appoint à Kinshasa.
Depuis le 2 janvier à minuit, le délai qui avait été accordé aux FDLR pour déposer les armes a expiré. Kinshasa s’est dit prêt à entamer avec les casques bleus les opérations de désarmement maintes fois promises - mais rien ne se passe : armée congolaise et casques bleus ont préféré, le 3 janvier, lancer une opération contre les FNL burundais au Congo.
Le 24 décembre, la ministre rwandaise des Affaires étrangères avait dénoncé "le manque de bonne volonté" pour désarmer les FDLR et ajouté : "nous savons que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes". Le 2 janvier, Kigali avait rappelé aux casques bleus que la résolution 2147 leur confiait la tâche de désarmer les groupes armés au Congo "unilatéralement ou avec les FARDC".