"Charlie", "Coulibaly" et "Kouachi": des (pré)noms qui résonnent différemment
Après les attentats, certains ont choisi de donner à leur enfant "Charlie" comme deuxième ou troisième prénom. D'autres n'ont rien demandé et portent le même nom que les terroristes : ils vivent un calvaire.
- Publié le 21-01-2015 à 10h38
- Mis à jour le 21-01-2015 à 10h39
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Suite aux attentats commis en France début janvier, nombreux sont ceux qui ont voulu témoigner leur soutien au journal satirique Charlie Hebdo. Certains ont ainsi tenu une pancarte "Je suis Charlie" tandis que d'autres ont fait la file durant des heures pour se procurer l'hebdomadaire. Mais il y en a d'autres encore qui ont choisi une méthode beaucoup plus indélébile : attribuer le prénom Charlie en deuxième ou troisième position à leur bébé.
Europe1 a ainsi consulté la liste des prénoms attribués aux enfants nés à Paris depuis l'attentat contre Charlie Hebdo. Ce prénom Charlie est présent à 11 reprises comme deuxième ou troisième prénom.
François Bonifaix, psychanalyste, interrogé par la radio explique cette hausse de l'emploi du prénom Charlie par une "volonté des parents de participer à l'histoire. C'est aussi une manière pour eux de prolonger la marche républicaine". Si l'initiative est touchante, le même expert préconise toutefois l'apparition des prénoms des terroristes. "Des Chérif, Saïd ou Amédy devraient être plus fréquents".
Quand le nom de famille devient un calvaire
Si le prénom est un choix, le nom de famille en revanche est héréditaire. Et depuis que "Coulibaly" et "Kouachi" ont fait la Une de l'actualité, nombreuses sont les personnes portant le même patronyme qui reçoivent des menaces de mort. Pourtant, elles n'ont rien à voir avec les terroristes, ce qui n'empêche pas qu'elles doivent en permanence se justifier. "Mon mari s'appelle Amedy Coulibaly mais on ne connaît pas l'auteur des attaques de Montrouge et de l'épicerie casher, on n'est pas du tout de la même famille", explique une jeune femme au Figaro. "Des gens appellent en pleine nuit, vers deux-trois heures du matin, mais personne ne parle au bout du fil, c'est hyper angoissant", continue-t-elle.
Une maman dont le nom de famille est "Kouachi" explique que ses enfants ont été harcelés à l'école au lendemain de l'attaque contre Charlie Hebdo. "On les a insultés, on a traité mon fils de terroriste", déplore-t-elle. "Cela a été très dur pour nous, on a même pensé à changer de nom".
Un ancien militaire portant également le nom "Kouachi" a été victime d'appels dérangeants. "C'était des imbéciles qui nous appelaient pour nous insulter, ils ont sûrement trouvé notre nom dans l'annuaire".
Sur l'Express, certains affirment recevoir des lettres de menaces jusque dans leur appartement, ou encore des messages sur les réseaux sociaux. Si chacun vit une expérience différente, tous disent la même chose : ils demandent qu'on les laisse tranquilles car ils n'ont rien à voir avec les terroristes.