Discours sur l'état de l'Union: Obama rompt avec le rituel, des crayons pour Charlie Hebdo

Pour la première fois, le président américain a fait le choix de rendre son texte "disponible au public en avance", afin de toucher un plus large public. Terrorisme, antisémitisme, économie... Voici tout ce qu'il faut retenir du discours d'Obama.

AFP
Discours sur l'état de l'Union: Obama rompt avec le rituel, des crayons pour Charlie Hebdo
©Montage

La Maison Blanche a rompu avec la tradition en rendant public le discours sur l'état de l'Union du président Barack Obama quelques minutes avant qu'il ne le prononce mardi soir devant le Congrès, pour "atteindre une large audience". "Il y a un rituel le soir de l'état de l'Union à Washington", a expliqué la Maison Blanche dans un préambule au discours présidentiel. "Cette année, nous changeons cela".

Auparavant, une copie sous embargo du discours était remise à la presse peu avant son prononcé, afin de permettre aux journalistes de pouvoir le lire et commencer à préparer la couverture mais ils ne pouvaient rien rendre public avant une heure précise.

Mais "les journalistes commençaient aussitôt à l'envoyer un peu partout en ville aux gens de Capitol hill (qualificatif pour le microcosme autour du Congrès, ndlr) pour avoir leurs réactions, et ensuite ces gens l'envoyaient à leurs amis, et au bout du compte tout le monde à Washington pouvait le lire, mais le public restait dans l'ignorance", a poursuivi la Maison Blanche.

Cette année, pour la "première fois", le texte a été mis à disposition sur la plateforme de publication Medium et sur le site internet de la Maison Blanche dans son entièreté pour les "citoyens dans tout le pays", en même temps qu'il était envoyé aux médias.

Les Américains ont également pu suivre le discours en direct, voir des graphiques et des infographies sur les points importants, tweeter leurs phrases favorites et déposer des commentaires.

"En rendant le texte disponible au public en avance, la Maison blanche poursuit ses efforts pour atteindre une large audience et pour donner aux gens toute sortes de façons d'aborder le discours", a-t-elle relevé.

Un discours centré sur l'antisémitisme et les stéréotypes sur les musulmans

Voici les principaux enjeux pour l'année à venir, tels qu'ils ont été présentés par le président américain lors de son discours devant le Congrès.

ECONOMIE

Le président Obama a vanté l'entrée des Etats-Unis dans une nouvelle ère économique. "Ce soir, nous tournons la page" d'une "violente récession".

Il a proposé d'augmenter la pression fiscale sur les foyers les plus aisés, précisant qu'il donnerait des détails au Congrès dans deux semaines. "Accepterons-nous une économie où seuls quelques-uns s'en sortent de manière spectaculaire?"

Il a ensuite appelé à faire avancer les accords de libre-échange avec l'Union européenne et la région Asie-Pacifique en sollicitant auprès du Congrès l'adoption d'une "procédure accélérée" de négociation.

IRAN

De nouvelles sanctions contre l'Iran "signifieraient l'échec de la diplomatie".

"Notre diplomatie est à l'oeuvre avec du respect pour l'Iran, où, pour la première fois depuis une décennie, nous avons stoppé l'avancée du programme nucléaire et réduit le stock de matériel nucléaire".

"Jusqu'au printemps, nous avons la chance de pouvoir négocier un accord complet qui empêche que l'Iran ait une arme nucléaire, qui sécurise l'Amérique et ses alliés, y compris Israël, tout en évitant un nouveau conflit au Moyen-Orient".

"Il n'y a aucune assurance que les négociations soient couronnées de succès (...) mais de nouvelles sanctions vont à coup sûr saper les efforts diplomatiques. Cela n'a pas de sens, c'est pourquoi j'y opposerai mon veto."

CUBA

"Cette année, le Congrès devrait commencer le travail pour mettre fin à l'embargo" que Washington impose à La Havane depuis plus d'un demi-siècle.

"A Cuba, nous mettons fin à une politique qui a depuis longtemps cessé de fonctionner. Quand ce qu'on fait ne marche pas depuis 50 ans, il est temps d'essayer autre chose".

"La main de l'amitié tendue au peuple cubain" peut "permettre de tourner la page d'un héritage de défiance".

TERRORISME

Les Etats-Unis et leurs partenaires vaincront l'organisation Etat islamique (EI), mais "cet effort prendra du temps, il faudra se fixer sur ce point de mire. Mais nous réussirons".

Il s'est également dit solidaire de toutes les victimes du terrorisme "d'une école du Pakistan aux rues de Paris".

"Nous allons continuer à chasser les terroristes et à détruire leurs réseaux, et nous nous réservons le droit d'agir unilatéralement, comme nous n'avons eu de cesse de le faire depuis que j'ai été élu pour éliminer des terroristes qui représentent une menace directe pour nous et nos alliés", a dit le président devant le Congrès.

RUSSIE-UKRAINE

"Nous défendons le principe selon lequel les grandes puissances ne peuvent malmener les petites en nous opposant à l'agression russe, en soutenant la démocratie en Ukraine et en rassurant nos alliés de l'Otan."

"L'an dernier, alors que nous effectuions le travail difficile d'imposer des sanctions avec nos alliés, certains ont suggéré que l'agression (du président russe Vladimir) Poutine constituait une magistrale démonstration de stratégie et de force", a poursuivi M. Obama. "Et bien, aujourd'hui, ce sont les Etats-Unis qui se tiennent forts et unis avec leurs alliés, tandis que la Russie est isolée et que son économie est en lambeaux".

GUANTANAMO

M. Obama a promis de ne pas relâcher ses efforts pour fermer la prison située sur la base américaine de Guantanamo à Cuba, ajoutant qu'il "est temps de finir le travail".

"En tant qu'Américains, nous sommes profondément engagés envers la justice --donc ça ne fait pas sens de dépenser trois millions de dollars par prisonnier pour conserver une prison que le monde condamne et que les terroristes utilisent pour recruter".

ANTISEMITISME

"Nous respectons la dignité humaine (...). C'est pour cela que nous nous exprimons contre la résurgence déplorable de l'antisémitisme dans certaines parties du monde. C'est pourquoi nous continuons de rejeter les stéréotypes insultants contre des musulmans, dont la grande majorité partage notre engagement pour la paix."

Des élus brandissent des crayons pour Charlie Hebdo

Des parlementaires américains ont brandi mardi à la Chambre des représentants des crayons en hommage aux victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo à Paris, lors du discours de Barack Obama.

"Nous sommes solidaires des personnes ciblées par les terroristes dans le monde, d'une école au Pakistan aux rues de Paris", venait de déclarer le président américain dans son discours sur l'état de l'Union, dans l'hémicycle de la Chambre, déclenchant une standing ovation des élus américains.

Une quarantaine de parlementaires, majoritairement démocrates, ont alors levé des crayons, en référence aux caricaturistes de Charlie Hebdo.

Plus tôt dans la journée, le Sénat et la Chambre des représentants avaient adopté à l'unanimité des résolutions condamnant les attentats de Paris et exprimant leurs condoléances aux proches des victimes.

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