Oui ou non à l'austérité, les Grecs en route pour un chamboulement très surveillé

Les Grecs votaient dimanche pour des législatives d'une importance cruciale pour l'Europe, car elles pourraient porter au pouvoir Syriza, parti de gauche radicale bien décidé à contester les règles d'austérité imposées aux pays de l'UE depuis la crise.

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Oui ou non à l'austérité, les Grecs en route pour un chamboulement très surveillé
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Les Grecs votaient dimanche pour des législatives d'une importance cruciale pour l'Europe, car elles pourraient porter au pouvoir Syriza, parti de gauche radicale bien décidé à contester les règles d'austérité imposées aux pays de l'UE depuis la crise.

Le scrutin était surveillé de très près par les partenaires européens d'Athènes, inquiets de la volonté du dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, qui pourrait devenir Premier ministre, de "fermement" renégocier l'énorme dette grecque et défier de manière inédite les programmes d'austérité de l'UE.

Un succès de Syriza donnerait en revanche un grand espoir aux autres formations de gauche radicale européennes, comme Podemos en Espagne, ou le Parti de gauche en France.

"L'avenir commun de l'Europe, ce n'est pas celui de l'austérité", a résumé en sortant de l'isoloir Alexis Tsipras, député européen de 40 ans.

Le gouvernement du conservateur Antonis Samaras devrait être sanctionné pour avoir essayé de satisfaire au maximum les exigences de réformes de la troïka des créanciers d'Athènes (BCE, UE, FMI), en échange de 240 milliards d'euros prêtés au pays depuis 2010. En effet, la population souffre gravement, victime d'un taux de chômage à 25%, ou de réductions de salaires drastiques.

Alexis Tsipras, qui a aussi l'intention d'appliquer des mesures immédiates comme une remontée du salaire minimum de 580 à 751 euros, a prévenu que, s'il gagnait largement dimanche soir, il ne se contenterait pas d'un simple aménagement de la dette (175% du PIB, plus de 300 milliards d'euros).

Prenant exemple sur des concessions faites après la guerre à l'Allemagne - aujourd'hui chantre de l'orthodoxie budgétaire en Europe - il veut une véritable et importante réduction du principal de cette dette.

Une posture qui a de quoi alarmer aussi les marchés financiers, même si personne, pas même M. Tsipras, ne souhaite voir revenir le spectre du "Grexit", une sortie de la Grèce de la zone euro, aux conséquences inconnues.

Veste sombre, chemise bleu ciel dont le premier bouton défait est sa coquetterie, Alexis Tsipras a voté a Athènes dans une indescriptible cohue de medias du monde entier.

"Aujourd'hui, a-t-il lancé, nous décidons si demain la troïka reviendra en Grèce (...) ou si notre pays se lancera dans une négociation difficile pour le retour de la dignité et de la cohésion sociale".

Plus tôt dans son village de Pylos (Péloponnèse, sud) M. Samaras, donné battu par Syriza de 2,9 à 6,7 points par les derniers sondages, avait déclaré l'inverse : "Aujourd'hui nous décidons si nous avançons ou si nous nous lançons dans l'inconnu", a-t-il dit.

Les électeurs semblaient davantage portés dimanche par le fatalisme que par une réelle croyance dans un grand changement.

Dans un bureau de vote du Pirée, néanmoins, Vaïa Katsarou, 49 ans, avocate, voulait à tout prix la victoire de Syriza, et à la majorité absolue. "L'Europe attend cela pour mettre fin à la politique de rigueur. C'est un risque mais les démunis n'ont rien à perdre", assurait-elle.

De premières estimations étaient attendues peu après 17H00 GMT, au moment de la fermeture des bureaux de vote.

La majorité absolue sera difficile à atteindre, même avec l'aide du bonus de 50 sièges (sur 300) attribué d'office au vainqueur. M. Tsipras risque d'avoir à s'allier avec des partis moins jusqu'au-boutistes, ce qui aurait sans doute des conséquences sur sa vigueur face aux créanciers.

L'économiste d'UniCredit Erik Nielsen estimait dimanche que ce vote est "d'une immense importance, peut-être historique", mais pensait qu'un gouvernement Syriza serait finalement moins radical que ce que suggèrent les gros titres de la presse.

L'autre inconnue est le score du parti d'inspiration néonazie Aube Dorée. Malgré 70 membres menacés du tribunal pour "appartenance à une organisation criminelle", et sept députés sur 16 en prison dans ce cadre, Aube dorée pourrait rester le troisième parti du pays.

A cette place, il aurait à être consulté si aucun des deux partis arrivés en tête ne parvenait à former un gouvernement.

En cas d'échec des trois premiers partis à former un gouvernement, les Grecs devront retourner aux urnes en mars.

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