Grèce: négociations houleuses, manque de confiance, "Grexit" à J-4 ?

Pour Donald Tusk, président du Conseil européen, l'heure est "vraiment grave". Alexis Tsipras s'exprimera devant les parlementaires européens au lendemain de l'ultimatum que lui ont fixé ses partenaires de la zone euro pour proposer des réformes et trouver un accord d'ici la fin de la semaine. En cas d'échec, le risque d'un "Grexit" est plus que présent.

AFP
Grèce: négociations houleuses, manque de confiance, "Grexit" à J-4 ?
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Le Premier ministre grec Alexis Tsipras doit s'exprimer mercredi devant les parlementaires européens, au lendemain de l'ultimatum que lui ont fixé ses partenaires de la zone euro pour proposer des réformes et trouver un accord d'ici la fin de la semaine.

M. Tsipras doit s'exprimer en début de matinée devant le Parlement européen à Strasbourg, aux côtés du président du Conseil européen Donald Tusk et du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui ont fait tous deux des déclarations alarmantes mardi, à l'issue d'un sommet européen infructueux.

Ultimatum

M. Tusk a estimé que l'heure était "vraiment grave". La Grèce a jusqu'à "jeudi au plus tard" pour présenter des réformes à ses créanciers, a-t-il affirmé, afin de permettre une reprise des négociations sur un plan d'aide financière. Ensuite, un accord devra être trouvé d'ici dimanche, date d'une nouvelle réunion des 28 chefs d'Etat et de gouvernement européens. "Nous ne pouvons exclure ce scénario noir (de la sortie de la Grèce de la zone euro), si nous n'avons pas d'accord d'ici dimanche", a encore dit M. Tusk. "Je dois dire haut et fort que l'ultime délai expire cette semaine", a-t-il déclaré d'un air solennel, évoquant "la période la plus difficile de notre Histoire".

Même Jean-Claude Juncker, qui a longtemps refusé de parler de "Grexit", a avoué qu'il n'excluait plus "aucune hypothèse". Les dirigeants européens ont même préparé "un scénario détaillé" de sortie de l'euro qui aura des conséquences sur les pays voisins, a concédé M. Juncker, qui s'est personnellement impliqué dans les négociations pour éviter un "Grexit".

De son côté, Alexis Tsipras, s'est dit déterminé à "poursuivre l'effort" pour obtenir un accord avec les créanciers, "qui garantisse une sortie de crise" et "mette fin" à la perspective d'une sortie de route. Dimanche, les 28 dirigeants européens se retrouveront donc à Bruxelles pour, dans le meilleur des cas, mettre un point final à des négociations entamées il y a près de six mois, après l'arrivée au pouvoir de la gauche radicale en Grèce.

"J'espère que ce sera le dernier sommet" sur le sujet et "espère qu'on pourra mettre le mot fin et que ça soit une fin heureuse", a déclaré le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, en quittant Bruxelles. Avant cela, Athènes devra avoir remis une liste de réformes concrètes. Cette fameuse liste était espérée mardi et devait être présentée lors d'une réunion des ministres des Finances, qui s'est tenue en amont du sommet.

Tsakalotos provoque la "consternation"

Mais le nouveau ministre grec, Euclide Tsakalotos, qui a remplacé le flamboyant Yanis Varoufakis, est venu sans document écrit, ce qui a provoqué un sentiment de "consternation" autour de la table, a relaté son homologue belge, Johan van Overtveldt. Un geste qui a provoqué la colère de nombreux responsables européens, trois jours après le non retentissant au référendum grec. "Soit le gouvernement grec ne sait pas et ne veut pas savoir, soit il continue de jouer", s'est emportée la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite.

Un grand nombre de pays sont plus que réticents à venir en aide à la Grèce, après deux plans d'aide d'un montant total de 240 milliards d'euros et des mois de négociations houleuses avec le gouvernement d'Alexis Tsipras.

Mais dans l'idéal, la Grèce a besoin d'un "programme d'aide sur plusieurs années, qui aille bien au-delà de ce que nous discutions il y a encore dix jours", a estimé la chancelière allemande Angela Merkel.

"Il faut un programme à deux ans qui donne de la visibilité", a renchéri le président français François Hollande, même si des solutions urgentes et à court terme seront nécessaires pour qu'Athènes puisse rembourser le 20 juillet la Banque centrale européenne, la dernière institution qui maintient en vie son économie par un goutte-à-goutte financier aux banques hellènes.

Les coffres d'Athènes sont vides, ou peu s'en faut, et le pays doit faire face dans les prochains jours à différents remboursements, dont le plus important est celui à la BCE. Faute d'accord, la BCE pourrait lâcher les banques grecques, conduisant inévitablement à un effondrement du système bancaire et une banqueroute du pays, le propulsant hors de l'euro. Face à cette urgence, les réunions vont se multiplier d'ici la fin de la semaine, avec notamment un nouvel Eurogroupe prévu samedi, ont indiqué plusieurs responsables.

Découvrez ici les 3 scénarios de sortie de la crise.

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