Donald Trump, le milliardaire gaffeur qui voulait être président
Donald Trump, un magnat de l'immobilier new-yorkais qui pèse dix milliards de dollars et trône actuellement en tête des sondages pour la primaire républicaine à grands coups de sorties médiatiques insensées. Un homme qui ne se contente pas de mettre les pieds dans le plat, mais qui y saute carrément à pieds joints.
Publié le 22-07-2015 à 11h50 - Mis à jour le 22-07-2015 à 11h49
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"Make America Great Again". C'est le slogan de l'improbable campagne de Donald Trump, un magnat de l'immobilier new-yorkais qui pèse dix milliards de dollars et trône actuellement en tête des sondages pour la primaire républicaine à grands coups de sorties médiatiques insensées. Un homme qui ne se contente pas de mettre les pieds dans le plat, mais qui y saute carrément à pieds joints, à mi-chemin entre la maladresse et une communication savamment réfléchie.
Un mois à peine après l'annonce de sa candidature, The Donald est passé devant Jeb Bush et Scott Walker dans le sondage organisé par le Washington Post et ABC au sujet de la primaire républicaine. Parce qu'à force d'omniprésence médiatique, Trump a réussi à éclipser tous ses rivaux. Et tant pis s'il faut passer pour un imbécile, tant qu'on passe à la télé. Parce que plus c'est gros, plus on parle de lui. Donald Trump, c'est un homme qui utilise les codes de la plus honteuse des télé-réalités dans la course à la Maison Blanche.
L'enfant du quartier du Queens, célèbre pour ses immeubles bâtis au superlatif, n'a pas attendu longtemps après l'annonce officielle de sa candidature pour faire parler de lui. D'emblée, il dégaine la mitrailleuse et tire à vue sur l'immigration mexicaine : "Lorsque le Mexique envoie ses gens, ils n'envoient pas leurs meilleurs éléments [...] Ils apportent de la drogue, ils apportent de la délinquance, ce sont des violeurs. Et certains, je suppose, sont des gens bien." Comme s'il n'avait pas été briefé sur l'importance du vote latino pour être un candidat crédible à la présidence.

Tollé, évidemment. Déjà, oui. La NBC cesse son partenariat avec Trump et refuse de diffuser Miss Univers, un concours co-détenu par le milliardaire. Les prestigieuses boutiques Macy's cessent de vendre les costards estampillés Donald. Réaction de l'intéressé? "Ce sont des pleutres". Et de détailler ses idées, plus loufoques les unes que les autres, pour endiguer l'immigration illégale des Mexicains, entre construction d'un mur à la frontière ou demande d'un paiement de 100.000 dollars par le Mexique pour chaque citoyen mexicain qui rejoint illégalement les States.
Le buzz est lancé, et Donald Trump compte bien le maintenir le plus longtemps possible. Le candidat ne manque pas une occasion de remettre un peu d'huile sur le feu. Des déclarations incendiaires pour flamber dans les sondages. John Mc Cain, détenu cinq ans dans les geôles vietnamiennes ? "Ce n'est pas un héros de guerre. C'est un héros de guerre uniquement parce qu'il a été capturé. Moi, je préfère les personnes qui ne se font pas capturer."
Trump a tapé dans le mille. Il fait la Une. Et tant pis si le tabloïd Daily News titre "GI Joke" avec une photo de lui jeune, en uniforme de l'Académie militaire de New York, avec le commentaire "Il a utilisé cinq sursis et un bobo au pied pour éviter la conscription pour le Vietnam", rapporte l'AFP. L'important, c'est que sa photo soit partout. Et tant pis si elle est parfois gâchée par la présence de soldats un peu trop SS pour être américains.

La stratégie de Trump, c'est celle de la baleine qui plonge dans une pataugeoire. Dernier épisode lors d'un meeting en Caroline du Sud. Critiqué par Lindsey Graham, autre candidat républicain à la présidentielle, Donald est en roue libre : "Graham, c'est un poids plume total. Dans le secteur privé, il ne pourrait jamais se faire embaucher, il serait pauvre". Et de raconter que ce bon Lindsey l'a appelé à plusieurs reprises voici quatre ans pour lui demander des dons, ainsi qu'une apparition sur Fox News. Anecdote de comptoir conclue par un truculent : "C'est qui ce type, un mendiant?"
La mise à l'amende de Graham ne s'arrête pas là, puisque Donald Trump conclura en révélant le numéro de téléphone de son rival à l'assemblée, incitant les spectateurs à inonder sa messagerie. Original.
Mais où s'arrêtera donc le candidat le plus fantasque à la Maison Blanche ? Très tôt, raconte l'histoire récente des candidats hauts en couleur. "Il est énorme en ce moment. Il continuera à faire des gaffes incroyables et finira par exploser en vol, mais ça pourrait prendre un peu de temps" analyse Gregory Valliere, consultant politique, dans les colonnes du Journal de Montréal.
Beaucoup espèrent que Donald tiendra le coup jusqu'au 6 août, date à laquelle les candidats républicains les plus hauts dans les sondages participeront au premier débat télévisé entre aspirants à la White House. Avec quelques punchlines de qualité en perspective. Encore faudra-t-il qu'il ne soit pas diffusé sur la NBC.