Tricherie antipollution à Volkswagen: "On a totalement merdé", le patron sur le point d'être limogé
Le trucage, qui visait à contourner les tests anti-pollution, concerne tous les moteurs diesel de type EA189, soit "un volume total d'environ 11 millions de véhicules dans le monde". L'action Volkswagen s'est encore enfoncée de 20% à la bourse de Francfort ce mardi.
Publié le 22-09-2015 à 11h58 - Mis à jour le 22-09-2015 à 17h36
Les autorités américaines ont ouvert une enquête pénale contre Volkswagen, qui a reconnu avoir triché sur les émissions de gaz polluants de quelque 500.000 voitures diesel vendues aux Etats-Unis, a indiqué mardi une source proche du dossier. L'enquête est menée par la division du département de la Justice américain (DoJ) en charge des questions portant sur les ressources naturelles, a ajouté la source, confirmant des informations de presse.
Le patron de VW sur le point d'être limogé
Le patron de Volkswagen Martin Winterkorn va être démis de ses fonctions vendredi par le conseil de surveillance suite au scandale sur les moteurs diesel, rapportait mardi le journal allemand Tagesspiegel sur la foi de sources proches de l'organe de contrôle.
M. Winterkorn n'a plus la confiance du conseil de surveillance, explique le quotidien berlinois sur la foi de ses sources, non identifiées. C'est Matthias Müller, le patron de Porsche, filiale de Volkswagen, qui doit lui succéder, selon le journal.
Volkswagen n'était pas joignable pour commenter cette information.
Winterkorn est "désolé"
"Je suis infiniment désolé que nous ayons déçu la confiance" de millions de personnes à travers le monde, a déclaré M. Winterkorn dans une allocation vidéo diffusée sur le site de Volkswagen. "Je m'excuse profondément auprès de nos clients, des autorités et de l'opinion publique dans son ensemble pour cette faute", a poursuivi le patron de VW, qui indique ne pas avoir à l'heure actuelle "les réponses à toutes les questions".
"Notre entreprise a été malhonnête"
Le PDG de Volkswagen America, Michael Horn, ne s'est pas embarrassé de périphrases en s'excusant pour le scandale des contrôles antipollution falsifiés, admettant que le géant allemand de l'automobile avait "complètement merdé".
"Notre entreprise a été malhonnête, avec l'EPA (Agence américaine de protection de l'environnement, ndlr) et avec le CARB (son homologue californienne, ndlr), ainsi qu'avec vous tous, et avec mes mots en allemand on dirait qu'on a +totalement merdé+", a admis M. Horn lors d'un événement promotionnel à New York tard lundi soir, selon une vidéo de la chaîne CNBC.
M. Horn a promis de coopérer et de "faire ce qu'il faut avec le gouvernement, le public, nos clients, nos employés, et aussi très important, avec nos concessionnaires".
Le scandale des moteurs diesel du groupe Volkswagen a pris une ampleur inédite mardi, le constructeur allemand admettant que 11 millions de ses véhicules dans le monde étaient équipés du logiciel de trucage aux tests anti-pollution découvert aux Etats-Unis.
Jusqu'à présent la tricherie n'avait été découverte qu'aux Etats-Unis, où le constructeur prévoyait de rappeler 500.000 véhicules.
Les modèles diesel incriminés sont équipés d'un logiciel qui détectait le moment où étaient conduits les tests aux émissions polluantes, et en faussaient le résultat.
Volkswagen, qui pourrait devoir payer jusqu'à 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros) d'amende rien qu'aux Etats-Unis, sans compter le coût des rappels et d'éventuelles procédures en justice, va mettre de côté 6,5 milliards d'euros sous forme de provisions dans ses comptes du troisième trimestre (juillet-septembre).
Selon plusieurs médias, la justice américaine a ouvert une enquête pénale contre le constructeur.
Fleuron de l'industrie allemande aux liens étroits avec la politique - un Etat régional allemand est actionnaire à son capital -, le groupe a vendu 5 millions de voitures dans le monde au premier semestre, supplantant le japonais Toyota comme numéro un mondial.
-20%: grosse chute en bourse
L'action Volkswagen continuait de plonger mardi matin, avec une chute ponctuelle de plus de 20%, après l'avertissement lancé par le constructeur automobile sur les premières conséquences financières de sa tricherie aux normes antipollution dévoilée vendredi.
A 10H05 GMT, le titre du premier constructeur européen s'enfonçait de 16,91% à 109,85 euros. Peu de temps auparavant, il avait perdu jusqu'à 20,09%. Lundi, le cours de l'action avait déjà fondu de plus de 18%.
Angela Merkel réclame à VW "une transparence totale"
La chancelière allemande Angela Merkel a réclamé mardi à Volkswagen "une totale transparence" et des explications rapides, alors que le constructeur automobile a admis avoir menti sur le niveau de pollution de certaines de ses voitures. "Il s'agit maintenant de faire preuve d'une totale transparence, d'expliquer l'ensemble du processus (...) et j'espère que les faits viendront sur la table le plus vite possible", a déclaré Mme Merkel depuis Berlin.
La chancelière a souligné que le ministre allemand des Transports, Alexander Dobrindt, était "en contact étroit" avec le groupe de Wolfsburg (nord), jusque là l'une des grandes fiertés de l'industrie allemande. M. Dobrindt s'est entretenu dès lundi avec le patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, qui serait sur la sellette selon la presse allemande. "De ce fait, toutes les mesures nécessaires sur ce dossier ont de mon point de vue été engagées", a estimé Angela Merkel.