Mokhtar Belmokhtar "est sans doute à l'origine" de l'attentat à Bamako

La prise d'otages menée par des hommes armés à l'hôtel Radisson Blu de Bamako s'est terminée vendredi après neuf heures d'enfer.

Rédaction en ligne (avec AFP)

Une prise d'otages, précédée d'une fusillade, a éclaté ce vendredi à l'hôtel Radisson de Bamako, au centre de la capitale malienne. Au moins 27 otages ont été tués, dont un Belge. Ce dernier était fonctionnaire du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

L'Algérien Mokhtar Belmokhtar, chef du groupe jihadiste Al-Mourabitoune, fidèle à Al-Qaïda, "est sans doute à l'origine" de l'attentat à l'hôtel Radisson Blu à Bamako, a déclaré vendredi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

La prise d'otages menée par des hommes armés à l'hôtel Radisson Blu de Bamako s'est terminée vendredi après neuf heures d'enfer et plus d'une vingtaine de morts, grâce à l'intervention conjointe des forces maliennes et françaises.

"La prise d'otages est terminée. Nous sommes actuellement en train de sécuriser l'hôtel", a déclaré à l'AFP une source militaire sous le couvert de l'anonymat. Un journaliste de l'AFP devant l'hôtel a vu des agents de la protection civile en sortir des corps dans des sacs mortuaires orange sur des brancards.

27 corps retrouvés

Le bilan de la prise d'otages dans l'hôtel Radisson de Bamako s'élevait vendredi soir à "au moins trois terroristes tués ou qui se sont fait exploser", et au moins 27 morts parmi les clients et employés, a indiqué à l'AFP une source militaire malienne.

"Le dernier bilan est d'au moins trois terroristes tués ou qui se sont fait exploser", a affirmé cette source militaire sous le couvert de l'anonymat, estimant que leur nombre total ne dépassait pas quatre.

Au moins 27 clients et employés de l'hôtel sont morts dans l'assaut et la prise d'otages, a ajouté cette source, sans être en mesure de préciser leurs nationalités.

La recherche des corps d'éventuelles autres victimes se poursuivait dans l'hôtel

Un Belge tué

Mokhtar Belmokhtar "est sans doute à l'origine" de l'attentat à Bamako
©dieudonne

"Au nom de l'assemblée, le président Philippe Courard et le secrétaire général Xavier Baeselen ont l'immense douleur d'annoncer le décès de M. Geoffrey Dieudonné" , a annoncé le porte-parole du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à l'agence Belga. "Premier conseiller de direction au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, M. Dieudonné était en mission à Bamako dans le cadre d'une convention de collaboration avec la francophonie parlementaire pour une durée de trois jours. M. Dieudonné donnait avec d'autres collègues étrangers, un séminaire de formation à l'attention des fonctionnaires parlementaires maliens. A cette heure, les circonstances précises de sa disparition tragique ne sont pas encore connues. Le parlement présente ses plus sincères condoléances à la famille et aux proches de M. Dieudonné".

Deux Belges sains et saufs

Le président du parlement bruxellois Charles Picqué ainsi que le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders ont également annoncé le décès. Selon M. Reynders, cinq Belges se trouvaient dans l'hôtel Radisson Blu de Bamako attaqué vendredi par un commando djihadiste. Deux d'entre eux sont sortis sains et saufs, un est décédé. Le sort des deux derniers belge n'est pas encore connu.

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Le récit des événements

L'attaque du Radisson Blu, prisé de la clientèle internationale, a débuté vers 06H30 (locale et GMT). Elle survient une semaine exactement après les attaques meurtrières revendiquées par le groupe Etat islamique qui ont fait 130 morts à Paris et plus de 350 blessés.

Dans la matinée, le groupe hôtelier Rezidor, qui gère le Radisson Blu, situé à l'ouest du centre-ville de Bamako, avait d'abord parlé de 140 clients et 30 employés dans l'hôtel par deux assaillants. Peu avant 14H00, l'établissement ne parlait plus que de "125 clients et 13 employés" toujours retenus dans l'immeuble de 190 chambres.

"Nos forces spéciales ont libéré une trentaine d'otages et d'autres ont pu s'échapper tout seuls", avait déclaré à la mi-journée le colonel Traoré, le ministère faisant ensuite de "72 personnes libérées". Des otages pouvant réciter des versets du Coran avaient également été libérés.

Cette attaque rappelle la prise d'otages du 7 août dans un hôtel à Sévaré (centre), qui avait fait 13 morts. Le 7 mars, le premier attentat anti-occidental meurtrier à Bamako, visant un bar-restaurant, avait coûté la vie à cinq personnes, dont un Français et un Belge.

Les assaillants sont entrés dans l'enceinte de l'hôtel au même moment qu'une voiture munie d'une plaque diplomatique, selon le ministère. Des tirs d'armes automatiques ont ensuite été entendus.

Mokhtar Belmokhtar "est sans doute à l'origine" de l'attentat à Bamako
©Montage LaLibre

Outre des policiers et militaires maliens, des forces spéciales de la gendarmerie étaient déployées, ainsi que des membres de la Minusma et de la force française Barkhane. "Les Américains également sont en train de nous apporter un appui à l'intérieur de l'hôtel", avait précisé le colonel Salif Traoré.

Des étrangers d'au moins 14 nationalités faisaient partie des quelque 140 clients de l'hôtel Radisson Blu, selon le ministère malien de la Sécurité intérieur et les autorités ou employeurs des pays concernés. Y étaient présents de ressortissants venant d'Algérie, d'Allemagne, de Belgique, du Canada, de Chine, de Côte d'Ivoire, d'Espagne, des Etats-Unis, de France, d'Inde, du Maroc, de Russie, du Sénégal et de Turquie.

Air France annule ses vols de et vers Bamako

Air France, qui a annulé tous ses vols à partir et à destination de Bamako, faisait état de 12 employés logés dans l'établissement qui ont été mis "en lieu sûr". Le ministère malien de la Sécurité évoque quant à lui 15 "citoyens français" libérés, sans plus de précisions.

Début 2012, le nord du Mali est tombé sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre, puis le sud du pays.

Dans un enregistrement remontant à octobre et récemment authentifié, le chef du groupe jihadiste Ansar Dine, allié d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Iyad Ag Ghaly, dénonçait l'accord de paix signé en mai-juin entre le camp gouvernemental et la rébellion et appelait à frapper la France "croisée".


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