"J’espère que ce résultat servira de réveil plutôt que pour créer des murs"
Dans la capitale britannique, réactions contrastées face au résultat du vote. Ambiance.
- Publié le 25-06-2016 à 07h44
- Mis à jour le 25-06-2016 à 07h51
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Chez Raabs The Bakers, le boulanger d’Essex Road, un quartier populaire de la municipalité londonienne d’Islington, le résultat du référendum est dans toutes les bouches. Personne ne s’attendait à ce que 51,9 % des Britanniques votent vraiment pour sortir de l’Union européenne. "C’est fantastique", lance Matt, un maçon de 45 ans. "J’ai voté pour sortir de l’Union européenne pour mes enfants, pour les générations futures. Nous allons pouvoir décider de nos décisions politiques sans que l’UE nous dise quoi faire."
Matt admet qu’il "risque d’y avoir un léger décrochage économique mais cela ne durera pas. Les zombies ne vont pas envahir le pays, le ciel ne va pas nous tomber sur la tête comme l’avait menacé le camp du maintien. Il y aura assez de boulot ici pour que les gens puissent s’en sortir".
S’adapter à l’inconnu
Un café à la main, son collègue Ricky, également 45 ans, en rigole. Lui aussi a voté en faveur du Brexit. Il se félicite que "pour une fois, la petite voix du peuple a pu choisir sa destinée. Il apparaît clairement que les riches ont voté pour rester et que la classe laborieuse a voté pour sortir. Les politiciens, qui ne cessent de mentir, sont maintenant obligés de nous écouter !"
Keith, un ouvrier de 66 ans à la retraite, arrive le tabloïd "The Sun", très engagé en faveur du Brexit, à la main. "Je n’ai pas voté pour sortir pour moi mais pour mes enfants", assure-t-il. "Nous allons pouvoir préserver nos services publics, notre Etat providence. C’est pour moi le plus important. Et ce ne sera sans doute pas facile au début, il va falloir nous adapter à cet inconnu qui se présente face à nous mais le pays ne s’effondrera pas. Nous sommes solides, nous tiendrons le coup."
Aux sourires des "Brexiters" répondent les visages inquiets des électeurs favorables au maintien. Ils étaient nombreux à Londres : 59,9 % des habitants de la capitale se sont opposés au Brexit. Linda, l’employée d’une association caritative de 30 ans, se dit "triste". "J’espère que ce résultat servira de réveil plutôt que pour créer des murs."
Seuls face aux Tories
Elle n’est pas la seule. En entendant ces remarques, Elaine, l’une des employée de la boulangerie, ne peut s’empêcher de hocher la tête. "Je suis très déçue", avoue-t-elle. "Contrairement aux Ecossais, les Angl ais ont critiqué l’Union européenne et les immigrés pour ce qui n’est en fait que le résultat de la politique sociale du gouvernement conservateur ! Depuis quarante ans, l’UE nous a au contraire permis d’obtenir des droits, d’adoucir la politique sociale des Tories (les conservateurs). Maintenant, on va se retrouver tout seuls avec les Tories. Ils auront la main libre pour s’attaquer à la classe ouvrière et ils seront implacables."
