Attentat de Nice: Olivier Py, le directeur du Festival d'Avignon, veut continuer à "faire mentir les ténèbres"
Les salles à ciel ouvert ou couvert restent pleines et les mesures de sécurité, qui étaient déjà accrues cette année, n’ont pas été modifiées.
Publié le 17-07-2016 à 08h36 - Mis à jour le 17-07-2016 à 11h02
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Une fois de plus, l’actualité terroriste bouleverse l’actualité culturelle même si le Festival d’Avignon, où dînait François Hollande au moment de la tuerie de Nice, poursuit son cours presque comme si de rien n’était. Les mines sont peut-être un peu plus graves que d’habitude, les attentats se glissent dans les conversations et réseaux sociaux, des jeunes Niçois attablés place du Palais des papes envisagent de partir vivre en Australie mais aucune annulation n’a été prévue.
Applaudir les forces de la vie
Les salles à ciel ouvert ou couvert restent pleines et les mesures de sécurité, qui étaient déjà accrues cette année, n’ont pas été modifiées. Les spectateurs doivent arriver une demi-heure avant la représentation, les sacs sont fouillés à l’entrée et les sacs à dos sont interdits.
Le directeur du festival, Olivier Py, a publié un texte hier matin, réaffirmant qu’"un spectateur est une femme, un homme, un enfant engagé, sa seule présence fait mentir les ténèbres. Horatio dit à Hamlet : ‘Suspend ta douleur pour dire mon histoire’. Nous n’allons ni suspendre ni nier notre douleur, mais la dire sans interrompre la vie et notre solidarité avec les victimes. Et de proposer face à ceux qui veulent qu’on se taise non pas une minute de silence mais des applaudissements aux forces de la vie."
A l’issue de sa représentation de "Truckstop" de l’auteure néerlandaise Lot Vekemans qui, ironie du sort, s’achève par un accident de camion, le metteur en scène Arnaud Meunier nous confie s’être interrogé quant à l’attitude à adopter. "On s’est demandé si on allait prendre la parole. On ne l’a pas fait car je ne voulais pas donner la sensation au spectateur de l’instrumentaliser." A peine a-t-il fini sa phrase que surgissent nos compatriotes David Murgia et Benoît Piret du Raoul Collectif dont "Rumeur et petits jours", sélectionné dans le "In", résonnera de manière particulière dès le 17 juillet au Cloître des Carmes.
Tout le monde improvise
Ils prennent les armes à leur tour pour dénoncer l’idéologie libérale. "Je ne suis pas un fanatique des réactions à chaud car il y a une volonté émotionnelle de dire quelque chose et tout le monde improvise", nous dit d’emblée David Murgia qui jouait le "Discours à la nation" à Paris lors des attentats de Charlie Hebdo et qui a dû annuler plusieurs représentations de "Rumeur et petits jours" au Théâtre national après les attentats du 13 novembre dernier. "Les attentats ne sont que la partie visible d’un iceberg de violence organisée et légitime. Qui vend des armes à qui ? Si on arrête de jouer, on attise la peur. Il faut continuer à fabriquer des œuvres et à leur faire rencontrer le public. Je ne serais pas là si je ne croyais pas que les œuvres ont un pouvoir sur les hommes."