CETA : la douche écossaise à la sauce wallonne

Soeur Anne, Soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?… Le suspense était total, jeudi à Bruxelles, où les dirigeants européens tenaient leur traditionnel pow-wow automnal. La Wallonie allait-elle, oui ou non, donner son blanc-seing à l’accord de libre-échange avec le Canada ? Ambiance.

Gilles Toussaint

Soeur Anne, Soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?… Le suspense était total, jeudi à Bruxelles, où les dirigeants européens tenaient leur traditionnel pow-wow automnal. La Wallonie allait-elle, oui ou non, donner son blanc-seing à l’accord de libre-échange avec le Canada ? Les pourparlers pour tenter de lever cette opposition se sont en tout cas intensifiés au cours des dernières heures. « Tous les leviers de négociation sont activés », confiait ainsi une source au fait du dossier.

A son arrivée au Conseil européen en fin d’après-midi, Charles Michel expliquait de son côté qu’un texte remanié avait été envoyé au gouvernement wallon, ajoutant avoir le sentiment que l’on était « très très proche du moment de vérité ».

La suite de la journée n’allait être qu’une longue attente entre rumeur – rapidement démentie – sur la venue de Paul Magnette à Bruxelles et supputations sur les scénarios possibles. Au sein de la presse étrangère, qui tentait de mieux comprendre ce qui posait problème aux francophones de Belgique, le coup de poker tenté par le gouvernement wallon suscitait à tout le moins un mélange d’étonnement et d’incompréhension. « Incredible ! », s’exclamait ainsi le correspondant du « New York Times ».

En début de soirée, les ambassadeurs des Vingt-huit se sont réunis de leur côté pour prendre connaissance du texte envoyé à Namur « et voir si tout le monde peut vivre avec », glisse une source diplomatique, rappelant au passage à qui veut l’entendre que « les enjeux sont énormes ».

Paul Ma...Niet

Vers 20h30, une réunion en urgence du gouvernement est annoncée. Le porte-parole de Paul Magnette promet également une conférence de presse une heure plus tard, le Parlement wallon devant pour sa part se réunir ce vendredi. D’aucuns se mettent, sans rire, à rêver d’un « live stream » depuis l’Elysette…

L’attente recommence et du coup, les hypothèses repartent de plus belle. Une oreille sur le bulletin info de « La Première », une autre collée au téléphone pour solliciter différents contacts et un œil sur les réseaux sociaux. Sur ces derniers, la tendance au « non » s’impose rapidement, sans qu’il soit possible d’obtenir une confirmation officielle. Seul le site « Politico » s’avance sur la conclusion d’un accord, s’appuyant sur « des sources diplomatiques ».

Raté. «A ce stade, les propositions formulées ne sont toujours pas suffisantes », ont tranché Paul Magnette et son équipe, annonçant vouloir poursuivre les négociations directement avec le Canada.

Une douche froide s’est abattue sur Bruxelles. A une heure du matin, les débats des chefs d’État et de gouvernement s’éternisent, sans que l’on sache si ces discussions portent, comme prévu dans le programme initial, sur les relations avec la Russie ou si le « cas » belge s’est aussi invité au menu… Dans la salle de presse, la chasse aux commentaires se révèle bien maigre.

« Le débat sur le Ceta est difficile » commentera finalement de manière laconique la chancelière allemande Angela Merkel, soulignant que les Etats membres sont disposés à faire « tout ce qui est nécessaire » pour éviter d’aboutir à un échec.

Même son de cloche chez Jean-Claude Juncker, qui répète toujours espérer que l’accord pourra être bouclé ce vendredi, insistant sur le fait que la Commission met tout en œuvre pour qu’il en soit ainsi. Interrogé sur le fait de savoir si la décision de Paul Magnette de négocier directement avec la ministre du Commerce canadienne ne constituait tout de même pas un désaveu du travail réalisé par l’exécutif européen, le Luxembourgeois préfère de botter en touche.

La journée de vendredi s’annonce longue, peut-être même chahutée. Il n’est pas exclu que le week-end le soit aussi.

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