Le Président a gardé sa tenue de campagne (ANALYSE)
Protectionnisme et populisme ont dominé un discours bref et indigent.
Publié le 21-01-2017 à 13h39 - Mis à jour le 21-01-2017 à 13h41
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Protectionnisme et populisme ont dominé un discours bref et indigent.
Bien qu’on ait entendu dire que Donald Trump allait s’inspirer de John F. Kennedy pour son discours d’investiture, vendredi, au Capitole, les commentateurs avaient placé la barre assez bas. Le nouveau président des Etats-Unis, en effet, est tout sauf un orateur de talent et, sur le fond, il avait pris jusque-là comme ligne de conduite d’en dire le moins possible. On redoutait donc l’exercice. On n’avait pas tort.
Le discours d’investiture est un moment solennel et privilégié pour chaque nouvel occupant de la Maison-Blanche. Ecouté par toute la nation, observé par le monde entier, celui-ci peut exposer sa vision, expliquer ses projets, mobiliser les énergies, galvaniser l’enthousiasme. C’est un moment de jouissance et de triomphe, mais aussi, traditionnellement, d’humilité et de rassemblement. C’est encore l’occasion de lancer une de ces phrases qui font l’histoire et marquent à jamais une Présidence. Qui ne connaît, s’agissant de Kennedy justement, l’exhortation qu’il adressa à ses compatriotes : "Ne demandez pas ce que le pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays" ?
Une corvée vite expédiée
Donald Trump a peut-être tenté lui aussi vendredi de laisser une telle marque, mais force est de conclure que l’effort a piteusement échoué. La brièveté de son discours (ce qui, au vu de son indigence, passera a posteriori pour sa plus grande qualité) suggère au demeurant que l’intéressé n’était pas loin de penser qu’il lui fallait s’acquitter d’une corvée. Il est vrai que le nouveau Président a lui même proclamé que "le temps des discours creux était révo lu" et qu’enfin "sonnait l’heure de l’action".
Il a dû falloir une patience angélique à Barack Obama et aux Démocrates autour de lui pour résister à l’envie de s’en aller à mesure que Donald Trump s’emballait dans un discours non pas d’investiture, mais de campagne, égrenant une fois de plus sa litanie de slogans contre l’establishment vivant aux frais du peuple américain, et contre le monde vivant aux crochets des Etats-Unis.
Mais on se dit que l’ancien président George W. Bush, lui aussi présent (comme Jimmy Carter et Bill Clinton), et les ténors du Parti républicain réunis pour l’occasion, ont pu ressentir la même envie (à moins que la pluie n’ait gêné leur audition). Le Président, qui venait tout juste de prêter serment, n’a-t-il pas mis les deux partis dans le même sac en remarquant que, "depuis trop longtemps, un petit groupe dans la capitale de notre nation a recueilli les bénéfices du gouvernement, tandis que la population en supportait le coût"