Mohammed K., un ami de Théo, affirme avoir été passé à tabac par le même policier

Rédaction en ligne
Mohammed K., un ami de Théo, affirme avoir été passé à tabac par le même policier
©print screen

Une semaine avant l'interpellation violente de Théo, l'un de ses amis témoigne de violences contre l'un des policiers suspectés d'avoir participé au viol de Théo. Au moment des faits, le jeune homme décide de ne pas porter plainte pour ne pas risquer de perdre son travail. Aujourd'hui, Mohammed K. porte plainte et le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, a saisi l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).Dans un témoignage à l'Obs, l'ami de Théo, 22 ans, raconte avoir été passé à tabac par des policiers dont l'un a participé au viol présumé de Théo le 2 février dernier à Aulnay-sous-Bois. "Les agents me menottent, me balayent au sol, m'écrasent la tête, me donnent des coups de genou dans les yeux, je voyais mon sang au sol, j'essayais de ramper", explique le jeune homme qui a passé 24 heures en garde à vue et qui s'est vu prescrire 5 jours d'interruption temporaire de travail (ITT).

"Tout le monde l'appelle Barbe Rousse"

Le 26 janvier, Mohamed K., livreur, rentre tôt du travail pour "aller aux Assédic" (Ndlr: L'organisation a fusionné avec l'Agence nationale pour l'emploi pour former Pôle emploi). Alors qu'il sort acheter du pain, il voit "un petit de la cité courir, avec derrière lui un homme de grande taille, vêtu d'un manteau à capuche avec de la fourrure", comme il l'explique à l'Obs. "Il a fait une balayette au petit à cinq mètres de moi, je suis intervenu, j'ai demandé ce qui se passait". C'est alors que l'homme à la capuche, qui ne porte par de brassard, lui dit qu'il est policier. Mohamed décide alors de poursuivre son chemin.

Plus loin, il tombe sur deux policiers, dont l'homme à la capuche, qui lui disent: "Viens là, toi aussi on va te fouiller". Lors de l'arrivée d'un troisième policier, la situation dégénère complètement. "Ils me frappent, coups de pied, coups de poing au visage, dans le ventre, dans le dos, je saigne parce qu'ils m'ouvrent le crâne, je leur dis que je suis essoufflé, ils me traitent de 'sale noir', de 'salope', ils me crachent dessus", explique Mohammed.

Selon lui, l'un des trois policiers est celui qui a violenté son ami Théo. "On le connaît dans le quartier, c'est le même que celui qui a pénétré Théo avec sa matraque, tout le monde l'appelle 'Barbe Rousse'", raconte le jeune homme.

La décision de porter plainte

Après 24 heures en garde à vue, Mohamed se réveille les yeux "si gonflés par les coups reçus" qu'il n'y voyait plus rien. Sa famille n'est pas parvenue à obtenir de ses nouvelles au commissariat. A ce moment-là, il préfère ne pas porter plainte "parce que je venais de trouver du travail et que je ne pouvais pas me permettre de risquer de le perdre", explique-t-il.

Un officier de police judiciaire l'informe alors que ses collègues ont déposé une plainte contre le jeune livreur, qui ne nie pas avoir tenté de se défendre "parce qu'il me frappait." Un d'entre eux, souffrant d'une entorse au doigt, s'est vu prescrire trois jours d'ITT. Défendu par le même avocat que Théo, Mohamed a finalement décidé de porter plainte.

"Ce sont des accusations graves portées sur le même fonctionnaire, qui méritent que l'on fasse évidemment toute la lumière. Immédiatement informé, le ministre a saisi l'IGPN", a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...