Qui sera le nouveau "chairman" du Parti démocrate?
- Publié le 25-02-2017 à 13h02
- Mis à jour le 25-02-2017 à 13h07
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Le Comité national démocrate doit choisir celui qui sortira le parti de la crise.Le Parti démocrate américain doit élire, ce samedi 25 février, son nouveau "chairman". Ce dernier n’a pas pour rôle de proposer un programme, mais sa personnalité et la vision pour l’avenir qu’il porte restent essentielles pour réinventer un parti en crise. Une crise électorale latente, depuis quelques années, et qui s’est concrétisée avec fracas lors de la défaite d’Hillary Clinton, candidate investie par le parti. L’élection du nouveau président doit, à terme, permettre de reconquérir les électeurs démocrates.
Outre le renouvellement de l’ensemble du bureau politique du parti, les 447 membres du Comité national démocrate (DNC), sont donc réunis, depuis le 23 février, à Atlanta (Géorgie), pour départager la dizaine de candidats en lice pour la direction du nouveau bureau. Mais deux favoris ont déjà émergé dans cette course. Le premier, Tom Perez, candidat latino proche de l’establishment démocrate, était le secrétaire au Travail de Barack Obama. Le second, Keith Ellison, un représentant du Minnesota, proche de Bernie Sanders, pourrait être, s’il l’emporte, le premier Noir musulman à diriger le mouvement démocrate.
Un parti en crise
La responsabilité du prochain "chairman" est grande. Il s’agit de relancer un parti qui n’a eu de cesse de perdre de la vitesse auprès des électeurs par manque d’action sur le terrain et de stratégie de proximité. Sous les huit ans de la présidence Obama, le parti a ainsi perdu plus de 900 élus dans les chambres des représentants des Etats. Après avoir perdu sa majorité à la Chambre des représentants en 2011, ce fut au tour du Sénat, en 2015. La défaite d’Hillary Clinton a fini de mettre en lumière la décomposition du parti auprès de son électorat.
Le candidat malheureux de la primaire des Démocrates, Bernie Sanders, a dénoncé le système de levée de fonds auprès de gros donateurs qui prévaut pour accéder à l’investiture, et a mis en cause la direction du DNC, dans sa défaite personnelle, et celle du parti face à Donald Trump. L’ancienne directrice des instances du parti, Debbie Wasserman Schultz, élue de Floride, a été contrainte à la démission, en juillet 2016, après que des documents de Wikileaks ont révélé sa volonté d’empêcher Bernie Sanders d’accéder à l’investiture.
Pour Constance Borde, la représentante en France des "Démocrates à l’étranger", le DNC n’est toutefois qu’en partie responsable de la crise électorale que connaît le parti. "Le DNC a comme mission de soutenir tout candidat qualifié qui se présente pour une élection américaine. Bernie Sanders a souffert d’un préjudice car il était en dehors du circuit traditionnel démocrate. Mais il a fait ses preuves auprès d’un public qui se sentait mal représenté par le système traditionnel. Il est temps pour son message, qui porte encore aujourd’hui, d’émerger au sein de ce système. Il pourrait apporter un renouvellement sain qui portera ses fruits, sur le long terme, à condition que nous fassions preuve d’unité", explique Constance Borde.
Engagement progressiste
L’élection du prochain "chairman" doit donc déterminer qui, de Tom Perez ou de Keith Ellison, sera capable de rassembler l’ensemble des démocrates. "Ils sont fondamentalement similaires : engagés dans la lutte de la justice pour tous, les droits civiques et la lutte contre les inégalités sociales", commente Constance Borde. Les deux favoris ont des parcours présentant, en effet, des engagements progressistes similaires. Avant de devenir ministre du Travail, Tom Perez a été conseiller pour les droits civiques auprès de Ted Kennedy.
Il s’est également investi pour les droits des minorités et des immigrés dans le cadre de ses fonctions au ministère de la Justice. De son côté, Keith Ellison peut faire valoir son passé d’avocat au service des personnes en situation d’exclusion. Les deux favoris sont, par ailleurs, tous deux en accord avec l’objectif de renouvellement du parti et de rapprochement avec les électeurs des classes populaires dont une partie avait été récupérée par Donald Trump, en rejet de l’élitisme "clintonien".
Virage à gauche ?
Mais le premier élu musulman à la Chambre des représentants, Keith Ellison, se distingue aussi par sa proximité plus marquée avec "l’aile gauche" des Démocrates. Tandis que Tom Perez a le soutien des fidèles d’Hillary Clinton et des conservateurs du mouvement, majoritaires au sein du DNC, Keith Ellison, l’un des premiers soutiens de Bernie Sanders, pourrait reprendre le flambeau des déçus de la primaire, et en convaincre d’autres de la nécessité d’un virage à gauche.
Reste que, pour le moment, si Keith Ellison apparaît comme le candidat pouvant le plus infléchir la ligne du parti, il ne fait pas figure de grand fédérateur. La représentante des Démocrates à l’étranger explique "avoir confiance dans les deux candidats", mais ne cache pas son doute sur la capacité de Keith Ellison à convaincre la partie la plus libérale des Démocrates : "Je ne sais pas. L’avenir nous le dira."
Du choix du prochain "chairman" doit découler une certaine vision des moyens de renouvellement du parti. Une tâche d’autant plus délicate qu’elle devra s’inscrire en réaction aux évolutions de l’administration Trump.