Le langage, les gestes, les mots... Autant d'outils pour décrypter la com' des candidats (VIDEO)
- Publié le 22-03-2017 à 10h31
- Mis à jour le 22-03-2017 à 12h00
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/XMTZ7BWBFBCT7I3BZPOOAZD47I.jpg)
Si les discours des candidats paraissent souvent se ressembler, une analyse à la loupe de leur langage, lors du premier débat télévisé, peut trahir des stratégies de communication bien rodées, mais aussi certaines faiblesses des prétendants à l’Élysée.
"Lorsque de vrais échanges ont commencé à avoir lieu, on a pu voir des différences. Surtout le verbe un brin suranné de Jean-Luc Mélenchon, lorsqu’il parle de ‘pudeur de gazelle’. Comme toujours, c’est celui qui a le vocabulaire le plus riche, le plus imagé, mais pas forcément le plus concret pour expliquer son programme", commente Cécile Alduy, chercheuse à l’Université de Stanford et auteure de "Ce qu’ils disent vraiment" ( Seuil ). "Jean-Luc Mélenchon sait très bien alterner les registres, ce qui lui permet de parler à un échantillon large de la population. Il a aussi des qualités certaines de showman. Il est presque devenu, à un moment donné, le présentateur de l’émission face à des journalistes complètement absents", ajoute Pierre-Emmanuel Guigo, chercheur en communication politique.
Dans un autre registre, la candidate du Front national s’est aussi fait remarquer. "Marine Le Pen avait une rhétorique assez spécifique, beaucoup plus de colère dans la voix, de mépris ou de critiques alors que ses concurrents ont été longtemps plutôt calmes", souligne Cécile Alduy. "Son but était très clair, il s’agissait de déstabiliser les autres candidats, mais tous l’ont fait. Le format de l’émission s’y prêtait, ils étaient tous en cercle, donc ils pouvaient assez facilement s’attaquer", précise Pierre-Emmanuel Guigo.
Macron un peu tendre
Au centre des attaques, un Emmanuel Macron encore balbutiant pour son premier débat télévisé. "Macron a eu des phases de bégaiement et de flottement, notamment lorsqu’il n’était pas interrompu. Quand il était attaqué, il avait le sens de la repartie, mais lorsqu’il s’agissait pour lui de parler du fond, il était assez évasif. On sentait qu’il n’était pas très à l’aise. Il s’en est toutefois plutôt bien sorti avec des pirouettes et de l’humour", commente toujours Pierre-Emmanuel Guigo.
François Fillon n’aura, lui, brillé ni par ses mots ni par sa présence. "Il est resté abstrait, ou sinon extrêmement technique, ce qui peut rebuter les spectateurs", souligne Cécile Alduy. "Il était assez raide et figé, avec son toc qui le fait parler le menton dans le cou, et le rend encore moins compréhensible. Il est fidèle à son image de Calimero", ajoute encore M. Guigo.
Des mots clefs sont revenus en boucle chez les candidats. "Pour Macron c’était le ‘pragmatisme’, Fillon, ‘débureaucratiser’, Marine Le Pen ‘frontière’. Hamon, lui, a plus parlé du ‘peuple’ que d’habitude", énumère Cécile Alduy.