Traités de Rome : on a marché pour l’Europe
Publié le 27-03-2017 à 06h13 - Mis à jour le 27-03-2017 à 13h11
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Pendant que les leaders européens s’engageaient, sur le Capitole, à poursuivre la construction européenne, une dizaine de milliers de manifestants les engageaient à faire preuve de volonté et d’ambition, dans les rues de Rome, lors d’une "Marche pour l’Europe" organisée par plusieurs organisations pro-européennes (l’Union des fédéralistes européens, les Jeunes fédéralistes européens, le Mouvement européen international, le Groupe Spinelli, Stand up for Europe). Lui ont répondu en écho des manifestations pro-européennes de plus ou moins grandes envergures à Berlin, à Bruxelles, à Varsovie - alors que la Pologne est dirigée par un gouvernement très eurosceptique - et même à Londres, où près de 80 000 personnes ont marché pour l’Europe, alors que vont s’ouvrir les négociations pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
A Rome, on croise beaucoup de jeunes gens, vêtus de t-shirts jaunes ou bleus, rappelant les couleurs du drapeau européen. Des Italiens, en majorité, mais aussi des gens de tout le continent. Dont des Britanniques, comme Gareth. Il réside dans la capitale italienne et a décidé d’effectuer le parcours qui va de la Piazza della Bocca della Verita au Colisée. Lui et son amie italienne Shahla attirent les regards : l’un a les épaules recouvertes par l’Union Jack, elle par le drapeau européen. "Je suis venu soutenir l’UE, porter un message de solidarité et anti-Brexit. Le Brexit est un signal d’alarme", affirme Gareth. A quelques pas, l’Ecossaise Helena se voit aussi de loin, avec le drapeau bleu à croix blanche dont elle s’est parée. Cette sexagénaire, qui marche avec une amie anglaise, rappelle qu’à 62 % les Ecossais ont voté contre le Brexit. "Désolé pour le Brexit", lui dit un jeune homme. "On se revoit bientôt", prédit-il, faisant référence à la volonté du gouvernement écossais de quitter le Royaume-Uni et de réintégrer l’Union.
"Une fédération européenne, maintenant"
Le centre de Rome a été vidé de ses automobilistes et conducteurs de Vespa indisciplinés. Plusieurs magasins ont baissé le volet. La police est sur les dents. Car le même jour est organisée une manifestation contre l’Europe, inflitrée par des casseurs. Il en faut plus pour impressionner Martin Hartel. "On ne peut pas laisser la rue aux anti-européens", défend ce quinquagénaire allemand, lui aussi romain d’adoption, qui s’exprime dans un français châtié. "Nous devons manifester notre conviction européenne. L’Union a peut-être mauvaise presse mais ses réalisations sont remarquables. Je ne par tage pas le pessimisme quant à son avenir. L’Europe est un processus en cours et c’est normal qu’il y ait des frictions".
Près du Colisée, un homme vêtu d’une tenue moulante de super-héros, aux couleurs bleu et or, avec cape et masque assortis, fait sensation. "Je suis européen", répond-il à une dame qui l’interroge sur son origine. Derrière lui, des jeunes gens scandent : "Une fédération européenne, maintenant !". Marco Mancini, étudiant en physique, est du nombre : "Nous voulons un gouvernement et un ministre des Finances de la zone euro, un Parlement européen aux pouvoirs législatifs étendus. Une réforme des traités est nécessaire, pour des changements fondamentaux". Il ajoute : "Si on casse l’Europe, on casse la démocratie".
Philippe Le Guen a fait le déplacement de Paris. "Je suis membre de l’Association Jean Monnet, pour moi, c’était une évidence". Il se félicite qu’il "reste des enthousiastes", avant d’admettre : "J’aurais aimé que l’on soit plus nombreux." Le matin, il a assisté au forum de débats, lors duquel sont intervenues plusieurs personnalités fédéralistes, dont Guy Verhofstadt, des artistes et des intellectuels. "C’était bien, mais on reste un peu entre nous. Et puis j’aurais voulu que ce rassemblement accouche d’une déclaration, que nous aurions été remettre en mains propres aux leaders européens."