Des heurts éclatent à Paris en marge des manifestations du premier mai, 6 policiers blessés dont un grave (Vidéo et photos)

Loin de faire bloc comme en 2002 contre le Front national, les syndicats ont célébré le 1er-Mai en ordre dispersé lundi, tandis que des heurts ont éclaté en marge de la manifestation parisienne, faisant six blessés dans les rangs de la police.

AFP et rédaction en ligne

Loin de faire bloc comme en 2002 contre le Front national, les syndicats ont célébré le 1er-Mai en ordre dispersé lundi, tandis que des heurts ont éclaté en marge de la manifestation parisienne, faisant six blessés dans les rangs de la police.

Dans toute la France, la mobilisation a atteint 142.000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur. L'an dernier, en pleine contestation de la loi travail, ils étaient 84.000 pour le 1er-Mai, selon des sources policières. Selon la CGT, la mobilisation a atteint 280.000 personnes contre 110.000 un an plus tôt.

En 2002, quand le second tour opposait Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen, environ 1,3 million de personnes, dont 400.000 à Paris (selon le ministère de l'Intérieur), avaient battu le pavé dans toute la France à l'appel de la CGT, la CFDT, FO, la FSU et l'Unsa pour barrer la route au FN.

Tout en insistant dans un communiqué sur la nécessité de "rupture avec les politiques libérales", la CGT a réaffirmé lundi "son combat contre l'extrême droite et la nécessité de lui faire barrage en toutes circonstances".

La manifestation parisienne, partie vers 14H30 de la place de la République, était en cours de dispersion vers 18H00 place de la Nation, ont constaté des journalistes de l'AFP. Elle a rassemblé 30.000 personnes selon la police, 80.000 selon les organisateurs.

Un policier sérieusement blessé

L'ambiance s'était rapidement tendue, faisant oublier l'aspect festif traditionnellement associée aux manifestations du 1er mai. "Des individus masqués et cagoulés ont jeté des projectiles et des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre", qui ont répondu en faisant "usage de grenades lacrymogènes", a indiqué la police.

La préfecture de police a fait état de six policiers blessés. Le ministre de l'Intérieur, Mathias Fekl, en avait auparavant évoqué quatre, "dont un a été gravement touché à la main, et un autre sérieusement brûlé au visage".

Depuis le début de la manifestation, quatre personnes ont été interpellées pour port d'arme prohibé, violences à agents de la force publique et dégradations, selon la préfecture de police.

Ces heurts, qui ont forcé plusieurs fois le cortège à s'arrêter, ont aussi laissé sur leur passage des vitrines ou Abribus brisés.

Marine Le Pen a réagi aux violences dans un tweet: "Je rends hommage aux deux CRS blessés à Paris. C'est cette chienlit et ce laxisme que je ne veux plus voir dans nos rues". Son adversaire Emmanuel Macron (En marche!)a rendu lors d'un meeting à Paris "un hommage tout particulier aux CRS qui, cet après-midi, ont encore eu à subir des violences et ont été blessés".

Au moins quatre membres des forces de l'ordre ont été blessés, l'un au mollet, l'autre aux tympans, a ajouté la préfecture de police. Un troisième policier a été brûlé au visage et aux mains par un cocktail Molotov, "possiblement au troisième degré" a précisé la préfecture de police à l'agence Reuters. Le cortège, mené par quatre syndicats derrière une banderole proclamant "Contre les reculs sociaux, terreau de l'extrême droite", a dû s'arrêter à plusieurs reprises. Des individus, positionnés en amont de la manifestation, faisaient face à des cordons de policiers avec des projectiles parfois trouvés sur place et des cocktails Molotov.

Mobilisation en ordre dispersé

Les incidents parisiens se sont déroulés en marge d'une journée de mobilisation en ordre dispersé dans toute la France: les uns appelaient à "faire barrage" à Mme Le Pen, d'autres à voter Macron et certains à "battre les deux candidats".

Le dirigeant de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dont beaucoup de militants participaient à la manifestation parisienne, a fait une apparition en tête de cortège, où figuraient Philippe Martinez (CGT), Jean-Claude Mailly (FO), Bernadette Groison (FSU) et Cécile Gondard-Lalanne (Solidaires).

Déjà unies pour s'opposer à la loi travail, ces centrales qui ont appelé à "faire barrage" à Mme Le Pen, n'ont toutefois pas invité ouvertement à voter pour son adversaire.

En province, les rassemblements à l'appel de l'intersyndicale ont mobilisé plusieurs dizaines de milliers de personnes: au moins 4.800 à Marseille, 4.000 à Nantes, 6 à 7.000 à Toulouse, selon la police. Parmi les manifestants, là encore, beaucoup d'électeurs de M. Mélenchon, de militants de LO, du PCF, de l'Unef...

"Pour nous, le 1er-Mai, c'est l'occasion de dire +ni l'un, ni l'autre+. Le fascisme est toujours pire que Macron, mais gauche et droite utilisent le FN depuis 30 ans comme un épouvantail pour conserver le pouvoir. On refuse ce chantage et de voter Macron!" a assuré Thomas, étudiant, dans le cortège bordelais.

Dans les rangs des principaux syndicats, des voix appelaient aussi "à battre les deux candidats". "Nous sommes contre le fascisme et contre la finance", expliquait Romain Altmann, secrétaire général CGT Info'Com. Une position avec laquelle M. Martinez s'est dit "en profond désaccord".

Quant à la CFDT et l'Unsa, qui ont appelé à voter Macron pour "battre" la candidate FN, elles avaient mobilisé de leur côté. À Paris comme en régions, elles ont réuni à chaque fois quelques centaines de personnes.

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