Le FBI s’intéresse maintenant au gendre de Donald Trump
- Publié le 27-05-2017 à 08h31
- Mis à jour le 27-05-2017 à 08h38
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États-Unis La police fédérale pense que Jared Kushner dispose d’informations intéressantes sur "l’affaire russe".Rien ne prouve à ce stade qu’il ait commis un crime ou un délit. Il n’est même pas considéré comme la "cible" de l’enquête. Mais Jared Kushner, gendre et proche conseiller de Donald Trump à la Maison-Blanche, intéresse à son tour la police fédérale, chargée de faire toute la lumière sur les ingérences russes dans la campagne électorale américaine.
1. Que reproche-t-on au mari d’Ivanka Trump ?
NBC et "The Washington Post" affirment le savoir. Les suspicions de collusion entre des proches de Donald Trump et des personnalités russes ont déclenché une telle tempête politique que les révélations par voie de presse se succèdent. En l’occurrence, "les enquêteurs pensent que Kushner dispose d’informations significatives" sur le sujet, rapporte la chaîne de télévision. "Une série de réunions" auxquelles a participé le conseiller du président, ainsi que la nature de ses contacts avec la Russie les intéressent particulièrement, précise le quotidien.
Jared Kushner avait notamment rencontré, avant que son beau-père n’entre en fonction, Sergueï Kislyak, l’ambassadeur russe aux Etats-Unis, et Sergueï Gorkov, le président de Vnesheconombank, sous sanctions américaines depuis l’été 2014. Que l’équipe de transition d’un président élu ait des contacts avec des puissances étrangères ne constitue pas en soi quelque chose d’inédit, mais le contexte et les piratages informatiques, dont ont été victimes le Parti démocrate et Hillary Clinton, alimentent les suspicions des enquêteurs fédéraux.
L’avocat de M. Kushner, Jamie Gorelick, a indiqué par voie de communiqué que son client "s’était déjà volontairement proposé de partager avec le Congrès ce qu’il savait de ces rencontres. Il en fera de même pour toute autre enquête."
2. Sur qui les investigations portent-elles ?
L’enquête du FBI, confiée le 17 mai au procureur spécial Robert S. Mueller, cherche à faire la lumière sur une possible "coordination" entre des membres - passés ou présents - de l’entourage du président américain et les autorités russes. Auditionné mardi devant le Congrès, qui enquête lui aussi, l’ancien directeur de la CIA John Brennan a affirmé avoir eu connaissance d’"informations et renseignements qui révélaient des contacts et des interactions entre des responsables russes et des personnes américaines impliquées dans l’équipe de campagne de Trump". "Cela m’a préoccupé, car on connaît les tentatives russes pour s’acheter de tels individus."
L’éphémère conseiller à la Sécurité nationale Michael Flynn, limogé le 13 février pour avoir caché au vice-président Mike Pence ses contacts avec l’ambassadeur de Moscou à Washington, figure au cœur des investigations. Appelé au Congrès, le général a invoqué en début de semaine son droit au silence, refusant de fournir des documents sur ses liens avec la Russie. L’homme est aussi sous le coup d’une enquête du Pentagone pour avoir reçu 45 000 dollars en échange de sa participation à un dîner pour le média "Russia Today", en 2015, au côté de Vladimir Poutine, selon le "Post".
Ils sont quelques autres sur la sellette. James Comey, lorsqu’il était encore directeur du FBI, avait déclaré au Congrès que son agence enquêtait sur Paul Manafort, qui a un temps dirigé la campagne du milliardaire, ainsi que sur Carter Page, consulté sur les questions de politique étrangère, et sur le lobbyiste Roger Stone. Il se trouve que Paul Manafort a longtemps travaillé pour l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch, proche de Moscou, aujourd’hui réfugié en Russie.
3. Comment réagit Donald Trump ?
La stratégie de la Maison-Blanche a été de minimiser le rôle joué par MM. Flynn et Manafort auprès du président. Ce qui se révélerait difficile à faire valoir dans le cas de Jared Kushner, si l’étau se resserrait autour de lui.
Le président américain s’estime victime d’une "chasse aux sorcières" et d’un "coup monté" des Démocrates. Il nie farouchement tout lien avec Moscou - ce qui ne l’a pas empêché de partager des informations ultra-secrètes avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, trahissant la confiance d’un de ses précieux alliés moyen-orientaux. Exaspéré des développements dans ce qu’il appelle "the Russian thing", il a cru bien faire en licenciant le patron du FBI le 9 mai.
Mais, ce faisant, il a relancé de plus belle l’intérêt à l’égard de cette fameuse affaire russe. Aussi attend-on beaucoup du témoignage James Comey, mardi prochain, devant les commissions du Renseignement du Sénat et de la Chambre.