L’Europe fait front avec la Chine pour défendre l’accord de Paris
Publié le 02-06-2017 à 14h44 - Mis à jour le 02-06-2017 à 15h08
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VRXAKGQP3VARLBL76DOVPBLKZ4.jpg)
Pendant que Trump préparait son annonce fracassante à la Maison-Blanche, Chinois et Européens défendaient ensemble le climat, à la veille d’un sommet prévu à Bruxelles ce vendredi. "Tout le monde devrait se sentir concerné, mais l’UE et la Chine ont décidé d’aller de l’avant", a résumé jeudi Miguel Arias Cañete, le commissaire européen chargé des discussions climatiques avec Pékin. Dans un communiqué conjoint (qui doit être publié aujourd’hui et mais qui circulait déjà hier), le premier du genre, les Vingt-huit et Pékin vont s’engager à diminuer la part des énergies fossiles, à développer les technologies vertes et à œuvrer à la levée de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour aider les pays les plus pauvres à réduire leurs émissions polluantes. "La Chine va continuer à mettre en œuvre les promesses faites lors de l’accord de Paris", a en outre assuré le chef du gouvernement chinois Li Keqiang à Berlin, après une rencontre avec la chancelière Angela Merkel.
Sous l’ère Obama, Washington et Pékin avaient agi en alliés, piliers porteurs de la signature de l’accord de Paris en 2015. Mais depuis la Cop 22 en novembre à Marrakech, au Maroc, l’UE travaillait à un rapprochement avec la Chine sur le dossier climat, rapporte une source européenne. En pleines négociations, les participants avaient été sonnés par l’élection de Donald Trump, ouvertement climatosceptique.
Chine et UE ont tous deux intérêt à lutter contre le réchauffement climatique. En Chine, les graves problèmes de qualité de l’air insupportent de plus en plus sa population. "Et les problèmes environnementaux et climatiques commencent aussi à peser sur la croissance économique chinoise. L’Europe y a aussi un intérêt économique, commente une source belge : l’indépendance énergétique, par exemple. Et cela pourrait aussi redorer son blason dans les négociations, en matière d’exemple à suivre. Les Etats-Unis s’isolent, on voit la création de nouvelles alliances, d’un nouvel axe Chine-Union européenne."

"Une attente pour notre leadership"
Pour Maros Sefcovic, commissaire européen chargé de l’énergie, interrogé jeudi, "il y a de fortes attentes de nos partenaires dans le monde, en Afrique, en Asie, en Chine, pour que l’Europe assure le leadership dans cet effort". L’Europe va-t-elle réellement être en capacité de prendre ce leadership ? Certains pourtant en doutent : "Certains pays d’Europe comme ceux appartenant au groupe de Visegrad, telle la Pologne, sont encore très dépendants du charbon et pourraient demander des compensations financières, signale Matthieu Wemaere, spécialiste des négociations climatiques. Et les grandes entreprises pourraient râler; elles ne seraient pas forcément ravies de réduire leurs émissions, pour montrer l’exemple, alors que les entreprises américaines ne doivent plus le faire…" Avec la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris, certains observateurs craignent aussi que d’autres pays fassent de même. Mais la Russie, considérée comme un partenaire peu fiable en matière climatique, a par exemple annoncé mi-mai qu’elle ratifierait le traité de Paris bientôt.