Rahul, l'héritier des Gandhi, peine à gagner du terrain en Inde
Le coup est rude. Alors que Rahul Gandhi avait été intronisé président du parti du Congrès le 16 décembre, l’héritier de la dynastie Gandhi a essuyé une première défaite. Aux législatives des États du Gujarat et de l’Himachal Pradesh, sa formation a été battue par le BJP le 18 décembre. La droite fondamentaliste hindoue remporte 99 sièges sur 182 à l’issue du premier scrutin, et 44 sièges sur 68 pour le second.
Publié le 19-12-2017 à 17h02 - Mis à jour le 19-12-2017 à 17h07
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Le coup est rude. Alors que Rahul Gandhi avait été intronisé président du parti du Congrès le 16 décembre, l’héritier de la dynastie Gandhi a essuyé une première défaite. Aux législatives des États du Gujarat et de l’Himachal Pradesh, sa formation a été battue par le BJP le 18 décembre. La droite fondamentaliste hindoue remporte 99 sièges sur 182 à l’issue du premier scrutin, et 44 sièges sur 68 pour le second.
Certes, dans le cas du Gujarat, avec 77 sièges, le Congrès a gagné 16 sièges par rapport à la dernière mandature de 2012. Il n’empêche. Depuis que Rahul Gandhi est entré en politique, l’arrière-petit-fils de Nehru et petit-fils d’Indira Gandhi n’a pas permis à sa formation de gagner le moindre scrutin d’envergure.
La défaite du 18 décembre intervient neuf mois après que le Congrès a perdu l’élection législative de l’Uttar Pradesh. Or cet État, le plus peuplé du pays, est une région clé pour les élections fédérales : il envoie le plus gros contingent de députés, 85 au total, à la chambre basse du Parlement. De mauvais augure pour les législatives de 2019.
Dans ses conditions, peu d’analystes estiment que Rahul Gandhi deviendra, comme ses aînés, le prochain Premier ministre. Car pour relancer un parti à bout de souffle, il lui manque deux ingrédients : une idéologie, et une coalition de partis d’opposition emmenée par le Congrès. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé.
En campagne permanenteAprès avoir rejoint le Congrès en tant que secrétaire général en 2007, Rahul Gandhi avait tenté de moderniser l’appareil en recrutant de nouvelles têtes et en nommant de jeunes militants prometteurs dans les rangs du “Youth Congress”, l’aile étudiante de l’organisation. Ces dernières années, il a parcouru l’Inde dans tous les sens, allant au contact des électeurs, y compris dans des régions pauvres et reculées. Durant la campagne législative du Gujarat, il s’est montré incisif. Il a concentré ses tirs sur la politique économique de Modi qui peine à créer des emplois bien payés tandis que les agriculteurs pestent contre la baisse des prix qui tire leur revenu vers le bas. Le chef du parti du Congrès s’est aussi fait l’écho du mécontentement des petits patrons. Le remplacement sans préavis des billets de 500 et 1 000 roupies et l’entrée en vigueur chaotique de la TVA unique ont en effet pénalisé la consommation et l’investissement. Problème : en dépit de ses 47 ans, Rahul Gandhi peine toujours à lister des propositions concrètes pour relancer l’économie et la création d’emplois.
Le BJP en reculLe scrutin dans le Gujarat démontre malgré tout que le Congrès est en mesure de fragiliser l’hégémonie du BJP. Ce dernier avait martelé qu’il remporterait les élections haut la main. “Nous gagnerons plus de 150 sièges”, avait confié, optimiste, une députée du BJP début décembre. Cet État de l’ouest est le fief de Narendra Modi qui l’a dirigé pendant 15 ans. Pourtant, à l’issue du scrutin, le BJP est très loin de son objectif. Pire, il a perdu 16 sièges par rapport à la dernière législature.
Car si Rahul Gandhi n’a insufflé à son parti ni idéologie ni proposition claire, il a réussi à unir une partie de l’opposition gujaratie derrière lui : la frange défavorisée de la caste Patel, qui représente environ 12 % de la population, ainsi qu’un leader de la communauté Intouchables, Jignesh Mevani, ont fait alliance avec le Congrès, lassés des promesses économiques que le BJP n’a pas tenues. Reste à savoir si Rahul Gandhi réussira à rassembler les partis régionaux et de gauche d’ici les législatives de 2019. Les prochains mois seront décisifs.
