Massacre des Rohingyas: un "nettoyage ethnique" ordonné par la haute hiérarchie de l’armée
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- Publié le 27-06-2018 à 06h34
- Mis à jour le 27-06-2018 à 12h01
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Amnesty publie un rapport exceptionnel qui accable le chef de l’armée et ses subordonnés dans le massacre et l’exode des Rohingyas.Fondé sur plus de 400 entretiens conduits avec des survivants et des témoins, de septembre 2017 à juin 2018, au Bangladesh comme en Birmanie, le dernier rapport d’Amnesty International sur la tragédie des Rohingyas met directement en cause le commandant en chef des forces armées birmanes, le général Min Aung Hlaing, ainsi que neuf de ses subordonnés et trois commandants de la police des frontières, tous pareillement accusés d’avoir joué un rôle majeur dans une campagne de terreur que les Nations unies ont assimilée à du "nettoyage ethnique". L’organisation de défense des droits de l’homme réclame la saisine de la Cour pénale internationale afin que ces responsables soient jugés pour crimes contre l’humanité.
Les exactions commises des deux côtés
Ce rapport, mis en ligne ce mercredi, est le plus minutieux jamais publié par Amnesty sur la manière dont l’armée birmane a forcé plus de 702 000 femmes, hommes et enfants - soit plus de 80 % de la population rohingya du nord de l’Etat d’Arakan recensée avant la crise - à se réfugier au Bangladesh, à partir du 25 août 2017. Mais il contient aussi l’examen le plus complet, à l’heure actuelle, des exactions commises par l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (ARSA), un mouvement rebelle qui a entrepris d’affranchir la minorité musulmane du joug birman.
Amnesty reproche ainsi à l’ARSA d’avoir "tué des personnes d’origines ethniques et religieuses diverses dans le nord de l’Arakan" et d’avoir "également assassiné ou enlevé des membres de la communauté rohingya qu’il soupçonnait de collaborer avec les autorités". C’est néanmoins "la répression féroce exercée par les forces armées en réaction aux attaques de l’ARSA", notamment celles du 25 août 2017 contre des postes de sécurité birmans, qui est ici exceptionnellement documentée grâce à d’innombrables témoignages, des images par satellite, des photos et vidéos, ainsi que des analyses médico-légales et balistiques réalisées par des experts.
Neuf types de crimes contre l’humanité sur quinze
Passant au crible le comportement des militaires birmans, Amnesty établit qu’à travers meurtres et viols à grande échelle, tortures et mauvais traitements systématiques, incendies d’habitations, voire de villages entiers, neuf types de crimes contre l’humanité ont été commis, sur les quinze décrits dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Ces crimes, relève encore l’organisation, ont été perpétrés par des bataillons appartenant aux 33e et 99e divisions d’infanterie légère qu’Amnesty avaient déjà accusées de crimes de guerre, en 2016-2017, dans les Etats shan et kachin, à l’autre extrémité du pays.
La principale conclusion de ce rapport, estime Amnesty, c’est que la hiérarchie de l’armée birmane ne pouvait pas ignorer ce qui se passait dans l’Arakan. Que les soldats ne pouvaient agir sans ordres venant d’en haut, a fortiori quand des témoins rapportent que les instructions reçues par les officiers sur le terrain étaient de "tout détruire".
