Pourquoi le parachutage de Manuel Valls dans l'arène politique catalane s'annonce compliqué
- Publié le 26-09-2018 à 13h46
- Mis à jour le 26-09-2018 à 14h35
L’ancien Premier ministre français, né à Barcelone en 1962, est officiellement candidat à la mairie.
Oui, je veux être le prochain maire de Barcelone et cela ne dépend que des Barcelonais."C’est par ces mots que Manuel Valls, l’ancien Premier ministre français (2014-2016), a débuté, mardi, la conférence de presse dans laquelle il a vite proclamé son engagement contre "toute forme de totalitarisme", en même temps qu’il rappelait son attachement à la langue et à la culture catalane qu’il a reçues par voie familiale. Manuel Valls a promis qu’il abandonnerait, dès la semaine prochaine, son siège de député français. Tête de liste
Après une période de quelques mois à entretenir le doute, il a donc confirmé qu’il serait candidat dans sa ville natale lors des municipales prévues en mai 2019. En Catalogne, depuis des mois, il s’est fait remarquer comme un farouche opposant au mouvement indépendantiste.
L’ancien Premier ministre français sera à la tête d’une liste qu’il prétend "transversale" avec le soutien de Ciudadanos (C’s, libéraux anti-indépendantistes), le parti d’Albert Rivera.
En mars 2018, il avait été l’orateur clé d’une importante manifestation organisée dans les rues de Barcelone par Societat Civil Catalana, la plateforme citoyenne apparue pour donner la réplique aux puissantes organisations pro-indépendance. "Je suis né près d’ici, à Barcelone, dans le quartier d’Horta" , avait-il lancé en préambule à son discours en catalan.
Le choix de Valls n’est donc pas une surprise. Dans sa conférence de presse, il a surtout cherché à aborder les problèmes d’urbanisme, du tourisme massif et de la détérioration de la vie sociale, évitant de répondre aux questions sur la souveraineté de la Catalogne. Il a aussi mis en avant son expérience de maire d’Évry (en France). Ses rivaux, eux, l’accusent d’être venu chercher en Espagne une planche de salut suite à son isolement croissant sur la scène politique française.
Mais son parachutage dans l’arène politique catalane s’annonce compliqué. Les élections municipales seront organisées en même temps dans toute l’Espagne et la bataille annoncée à Barcelone ira bien au-delà des questions locales. Dans son passage de la frontière pyrénéenne, Valls risque d’être attaqué frontalement par toutes les forces indépendantistes sans pouvoir accaparer nécessairement le vote de tous ceux qui s’opposent à l’indépendance de Catalogne.
Le Parti des socialistes catalans (PSC) a célébré ses primaires et présentera son propre candidat, Jaume Collboni. Le parti populaire (PP, droite) n’a pas l’intention de s’associer au mouvement de Valls. Et l’actuelle maire de Barcelone, Ada Colau (proche de Podemos, la gauche alternative), accusée "d’équidistance" par C’s et le PP, pourrait chercher une troisième voie : une alliance post-électorale avec ERC (Gauche républicaine de Catalogne), un parti indépendantiste historique qui se méfie de la stratégie de Carles Puigdemont, l’ancien président catalan.
Pep Guardiola candidat ?
Depuis son "exil" belge, ce dernier cherche toujours "son" bon candidat. Selon les médias, il aurait même proposé à Pep Guardiola, l’entraîneur de Manchester City, de changer de cap et d’entrer pleinement dans la bataille des municipales.
Pour Albert Rivera, le jeune libéral qui préside C’s, la candidature de Valls est "ambitieuse et généreuse" . Au contraire, pour Pablo Echenique, dirigeant de Podemos, "c’est du marketing politique. […] Valls n’a aucune chance face à la maire de Barcelone, Ada Colau . Manuel Valls sait qu’il va plonger dans une ambiance très polarisée dans sa ville natale et qu’il s’agit d’une opération politique à très haut risque.