Pourquoi le pouvoir algérien semble complètement démuni face à la contestation populaire
- Publié le 18-03-2019 à 07h17
- Mis à jour le 18-03-2019 à 07h18
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La mobilisation ne faiblit pas et le clan Bouteflika semble sans réponse acceptable.Les manifestants ont opposé vendredi une fin de non-recevoir claire à la dernière proposition du président Bouteflika et ont montré n’être pas dupes de l’abandon en trompe-l’œil du 5e mandat, troqué pour une prolongation à durée indéterminée de l’actuel mandat de M. Bouteflika.
La mobilisation monstre a surtout montré que la contestation ne faiblit pas, que du contraire. Si le nombre de manifestants est difficile à évaluer précisément, ils étaient vendredi au moins aussi nombreux que le 8 mars, journée où la mobilisation fut qualifiée d’historique.
Que peut encore proposer le pouvoir ?
Le tour de passe-passe, consistant à ne pas briguer un 5e mandat pour prolonger le 4e n’a pas fonctionné. Et le sacrifice du très impopulaire Premier ministre Ahmed Ouyahia est loin d’avoir suffi. Le choix pour le remplacer d’un autre cadre du "système", Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur depuis 2015, sous la direction duquel la police a dûment fait respecter l’interdiction stricte de manifester à Alger, n’a pas rassuré.
Reste dans l’immédiat la formation du nouveau gouvernement : M. Bedoui a promis de recruter des technocrates parmi les "jeunes compétences, hommes et femmes" de l’Algérie…
Mais trouver de "nouvelles têtes", dans le contexte actuel, risque de s’avérer ardu. Qu’est-ce qu’un "jeune technocrate" aurait à gagner en se commettant avec un pouvoir honni, au sein d’un gouvernement dont la durée de vie sera "courte", selon l’aveu même du Premier ministre ?
Pas sûr qu’un rajeunissement du gouvernement soit suffisant. Les manifestants réclament un "changement radical, pas un changement de marionnettes", indiquait une pancarte vendredi.
Le mot d’ordre depuis le début des manifestations n’a pas changé : le départ de Bouteflika, de son entourage et du "système".
Le mouvement peut-il s’essouffler ?
Depuis le début des manifestations le 22 février, le pouvoir semble chercher à gagner du temps. Mais la contestation s’inscrit désormais dans la durée.
Les Algériens, longtemps étouffés par le traumatisme de la décennie noire de guerre civile (1992-2002) et le chantage au chaos exercé par le régime, mais aussi par la peur instillée par un État tout-puissant, ont poussé en trois semaines le pouvoir dans ses retranchements.
Le printemps étant déjà arrivé en Algérie, les manifestations sont aussi devenues de grandes fêtes, conviviales, où l’on vient en famille. Reste l’échéance du mois du Ramadan, qui commence le 4 ou 5 mai : la mobilisation pourra-t-elle se maintenir durant ce mois de jeûne, au cours duquel la fatigue se fait rapidement sentir pendant la journée, s’inquiètent certains contestataires…H. Le. (Avec AFP)