Escalade de violences en RDC: les jeunes UDPS dénoncent l’accord avec Kabila
Publié le 13-06-2019 à 14h52 - Mis à jour le 13-06-2019 à 14h57
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La Cour constitutionnelle a invalidé 23 députés, tous de l’opposition. Le clan Kabila a critiqué ouvertement Félix Tshisekedi. En réponse, ses partisans s’en sont pris à des députés et leur QG.
Une personnalité de la coalition kabiliste FCC (Front commun pour le Congo), Modeste Bahati, avait évoqué, en février dernier, un "accord" de "cogestion" entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, accord dont les termes n’ont jamais été révélés. Dans la pratique, cependant, les Congolais ont vu que le second était proclamé président de la République en dépit de la victoire électorale de Martin Fayulu (opposition) et que le premier raflait des majorités écrasantes dans toutes les assemblées.
Qu’une vingtaine de députés aient été invalidés en faveur de candidats FCC est la goutte qui a fait déborder le vase, cette semaine, d’autant que cela survient après la mise en cause, par la majorité FCC à l’Assemblée nationale, vendredi dernier, de Félix Tshisekedi sur des ordonnances présidentielles de nomination, alors que, constitutionnellement, les actes du chef de l’État ne sont pas attaquables par les députés.
Bien sûr, les députés FCC tentaient ainsi de faire sentir au Président sa vulnérabilité, afin qu’il se dépêche d’accorder aux kabilistes la part du lion qu’ils demandent dans le futur gouvernement. Le vice-président de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante, acquise à Kabila), l’a clairement exprimé dans un tweet, après les premières protestations de militants UDPS : "Si tous les partis politiques se mettent à instrumentaliser leurs militants pour créer du désordre, même le pouvoir qu’on vous a donné, vous ne saurez pas l’exercer. Éduquez vos militants. Dites-leur comment vous avez eu le pouvoir."
Lundi, des militants UDPS ont attaqué des députés sortant de l’Assemblée nationale ; leur présidente, Jeanine Mabunda (FCC) - qui n’avait rien fait pour empêcher le débat inconstitutionnel sur les nominations - a dû être exfiltrée par la police. Un député a été malmené et plusieurs véhicules endommagés, alors que les "combattants" (jeunes militants) UDPS demandaient la dissolution de l’Assemblée et la fin de l’alliance avec les kabilistes ; ils ont refusé d’écouter les appels au calme de leur présumé chef, Jean-Marc Kabund a Kabund, accusé d’être un pivot de l’alliance honnie.
Rebelote mardi devant l’assemblée provinciale de Lubumbashi (Haut-Katanga), où des militants UDPS invitaient "Félix" à se rappeler ce que voulait son défunt père : "arrêter Kabila". Les locaux du PPRD ont été incendiés.
Sièges de partis incendiés
De son côté, le MLC de Jean-Pierre Bemba (opposition) a appelé mardi ses militants et "toute la population congolaise" à "une réaction à la hauteur de cette provocation (NdlR : les invalidations de députés), conformément à la Constitution en son article 64 pour exiger rien que la vérité des urnes". L’article 64 de la Constitution congolaise oblige "tout Congolais" à "faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou l’exerce en violation des dispositions" constitutionnelles.
Réplique à Kinshasa, mercredi, quand ont afflué devant l’Assemblée nationale des dizaines de "bérets rouges", membres de la Jeunesse du PPRD qui cultivent l’amitié de la sanglante milice du président du Burundi, les Imbonerakure. Ils s’en sont pris à des motards, assimilés à des jeunes UDPS ; ces derniers sont venus à la rescousse et la bagarre a obligé la police à intervenir. Des "combattants" ont incendié le siège de deux partis du FCC, le CNC et l’ARC, et exigé à nouveau la rupture avec les kabilistes.