Après les révélations sur Jean Vanier, l’association L’Arche veut aller de l’avant
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/L63JQBW6LNGE7IPE454BXBTFNM.jpg)
- Publié le 06-02-2023 à 09h56
- Mis à jour le 06-02-2023 à 09h57
:focal(482.5x248.5:492.5x238.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YOTNTRMGTVDRFNDE2VCWXOGFYA.jpg)
En 2020, quelques mois après sa mort, la nouvelle suscita une grande sidération. Jean Vanier, laïque catholique et très charismatique fondateur de l’association L’Arche (qui accueille dans 38 pays des personnes ayant une déficience intellectuelle), était accusé d’agressions sexuelles.
Ce 30 janvier, une commission d’étude indépendante, mise en place en novembre 2020 par L’Arche internationale, rendait un nouveau rapport de 900 pages aux conclusions aggravantes. Il révèle que 25 femmes majeures, célibataires, mariées ou consacrées, non handicapées, ont été identifiées pour avoir “vécu, à un moment de leur relation avec Jean Vanier, une situation impliquant un acte sexuel ou un geste intime”, entre “1952 et 2019”. “Certaines se sont présentées comme victimes d’une relation abusive, d’autres plutôt comme des partenaires consentantes d’une relation transgressive.” “Ces relations s’inscrivent toutes dans un continuum de confusion, d’emprise et d’abus”, a précisé L’Arche. Elles ont été tissées au sein d’un petit groupe “sectaire” construit autour de Jean Vanier et de Thomas Philippe, l’aumônier de L’Arche décédé en 1993 et père spirituel de Jean Vanier. Ceux-ci jouaient de leur charisme, de leur emprise, dévoyaient des notions théologiques pour justifier leurs gestes.
Une image brisée
Si ce rapport est très douloureux, deux points rassurent cependant l’association, note Jean-Benoît Hoet, responsable de L’Arche en Belgique francophone : aucun indice que des personnes en situation de handicap aient pu être exposées à ces abus n’a été relevé. Et si L’Arche n’a pu prévenir, repérer et signaler ces abus, l’association – au-delà de ce petit groupe sectaire – ne les a pas cachés. “Ce travail nous permet de clarifier notre passé et nos dynamiques institutionnelles. Il nous rend plus lucides et plus libres pour nous consacrer à 200 % à notre travail d’accueil. Dans nos quatre communautés en Belgique francophone qui accueillent 147 personnes, la vie se poursuit autour de nos quatre piliers : la vie communautaire, le professionnalisme (L’Arche fait appel à de nombreuses aides externes), la spiritualité au sens large et l’ouverture permanente au monde extérieur. Nos communautés sont très insérées dans leur tissu local.”
Jean Vanier était une figure très charismatique dont l’image est brisée, “mais comme beaucoup, je ne suis pas venu à L’Arche pour lui, plutôt pour le projet”, souligne Jean-Benoît Hoet. Il y a trois ans, le choc de ces révélations fut très violent. “Aujourd’hui, par suite de ce travail d’éclaircissements, je reçois plutôt des messages sobres, de soutien et de confiance de la part de nos membres.” La volonté de L’Arche, en Belgique comme ailleurs, est donc bien d’aller de l’avant. L’association maintient la mise en place d’une cellule de signalement chargée d’instruire les situations qui lui sont adressées.